Voyage en Hollande

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C’était toute une entreprise, en 1885 : un voyage de Bordeaux à Amsterdam,  en passant par Paris, Anvers et Bruxelles. Marie Annaly-Lourse (1841–1910), artiste peintre, l’a fait, en ttain, et en compagnie d’un couple de ses amis. Mieux, cette peintre et dessinatrice, assez connue dans sa région d’origine et l’une des premières membres de la Société des Femmes artistes, en a fait un livre (« Voyage en Belgique et Hollande« ) que, depuis peu, nous pouvons admirer à la Bibliothèque Royale (Koninklijke Bibliotheek ou KB), à La Haye (Pays-Bas).

C’est par Paris et le Théâtre de la Porte Saint-Martin qu’ils commencent, Marie et ses amis. Sarah Bernhardt, noblesse oblige.  » Théodora, impératrice de Byzance « , de Victorien Sardou. On joue à guichets fermés, bien que ce soit une reprise. (Ci-contre : Sarah Bernhardt en Théodora, au Théâtre de Vaudeville en 1882 ; photographie de Nadar. Source : Wikiperdia.)

Ensuite, cap sur Bruxelles. Vive le chemin de fer, qui a fait son apparition à peine cinquante ans plus tôt. C’est l’ère de l’acier et du charbon, qui a permis aux gens d’explorer d’autres horizons, d’autres pays.

À Bruxelles, Marie visite le Palais de Charles de Lorraine (dont il ne reste aujourd’hui que la façade et quelques salles) et son cabinet d’histoire naturelle où elle dessine ce curieux Iguanodon, trouvé dans une mine en Wallonie.

La prochaine étape, c’est Anvers , pour admirer  l’œuvre de Rubens. Puis,, de nouveau en route vers le nord. C’est toujours en train – et grâce aux nouveaux ponts d’acier, qu’elle dessine aussi – que Marie et ses compagnons traversent les grands fleuves,  l’Escaut d’abord, puis le delta où s’entremêlent les bras de la Meuse et du Rhin.

C’est depuis le train que Marie dessine le paysage, comme ici le village de Moerdijk, village sis au bord du Hollands Diep, un de ces bras du Delta. À gauche, on voit le pont (Moerdijkbrug) qui traverse ce fleuve. Marie visite Dordrecht, ville du peintre Ary Scheffer, peut-être plus connu à Paris que dans son pays d’origine. Puis elle se laisse charmer par le port de Rotterdam (bien plus modeste qu’aujourd’hui) et les canaux de Leyde (Leiden).

à Amsterdam, elle aurait voulu visiter le tout nouveau Rijksmuseum. C’est Louis Bonaparte, jadis Roi de Hollande (1806-1810) qui avait pris l’initiative de sa création. Enfin, ce rêve s’est donc réalisé, mais…le musée n’ouvrira ses portes que quelques jours après le passage de nos amis. Déception! Marie se rabat sur la Collection Van der Hoop – ce qui n’était pas si mal, car elle contenait des tableaux qui, à présemt, sont parmi les pièces maîtresses du Rijksmuseum – comme La mariée juive de Rembrandt, et Femme lisant une lettre de Vermeer (ci-contre).

Puis, elle visite le jardin zoologique, Natura Artis Magistra, en bref Artis. Elle en admire les animaux comme l’organisation, l’hygiène. D’une manière générale d’ailleurs, elle trouve les Hollandais très propres, et convenablement habillés, « même les ouvriers et les bonnes ». (Ci-contre : Amsterdam vu par Marie Annaly-Lourse. )

Dernière étape de ce voyage  : La Haye. Elle visite le musée Mauritshuis et sa riche collection : Rembrandt, Potter, Steen, entre autres. Mais, paraît-il, elle ne s’épanouit pour de bon qu’en se promenant dans les zones de verdure qui bordent la ville, comme « les Petits Bois de Scheveningen », du nom du village de pêcheurs voisin, devenu station balnéaire puis incorporé à La Haye. (Ci-contre : Rembrandt, autoportrait, 1669. Mauritshuis.)

À Scheveningen (Scheweningue, écrit-elle), cette artiste respire l’air marin et s’émerveille des couleurs changeantes du feuillage, sous l’effet du soleil et des nuages. Est-elle allée à la plage ? S’est-elle promenée dans les dunes ? Toujours est-il qu’elle qualifie ce voyage de « délicieux » et d’inoubliable.

Marie sait-elle que ces lieux ont inspiré déjà pas mal de peintres, hollandais et autres ? Qu’il y a même une « École de La Haye » ? Elle n’en fait pas mention. Pourtant, ces impressionnistes hollandais étaient ses contemporains. (Ci-contre : Anton Mauve, Des ânes sur la plage de Scheveningen. Mesdag Collectie.)

Le livre qui a servi de guide à Marie Annaly-Lourse pour son voyage aux Pays-Bas, « La Hollande à vol d’oiseau » (1881), d’Henry Havard (1838–1921). Havard était un historien d’art qui, après avoir participé à la Commune (1871) s’est réfugié pendant quelque temps en Belgique, puis en Hollande. Il est aussi l’auteur d’une « Histoire de la peinture hollandaise » (ainsi que d’une monographie, moins connue, sur « Johannes Vermeer, dit Van der Meer de Delft« … Preuve que la gloire de Vermeer est assez récente).
Havard a fini inspecteur es Beaux-Arts en France, où – dix ans après la Commune et son exil – on lui a accordé la Légion d’honneur. Aux Pays-Bas aussi, on lá honoré, en le nommant commandeur de l’ordre d’Orange-Nassau. (Source : INHA.fr)

Koninklijke Bibliotheek, Prins Willem-Alexanderhof 5,
2595 BE Den Haag
. C’est juste à côté de la Gare Centrale, sortie près de la voie 11. Le livre se trouve au 2e étage,  « Bijzondere Collecties ». Vous y trouverez pas mal d’autres livres extraordinaires, comme le livre d’heures de Philippe le Bel ou le psautier d’Aliénor d’Aquitaine.

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English Summary

Bordeaux – Amsterdam
An Artis’s Travels in 1885

This is how Marie Annaly-Lourse (1846-1910) saw Amsterdam in 1885. She was a painter from Bordeaux, in South-West France, where she was relatively well known, and one of the first to adhere to the Society of women artists.

With a befriended couple, Marie travelled all through France, Belgium and a large part of the Netherlands. Holland, as they called it. They travelled by train, a means of tramsport that was hardly half a century old. The railroad, with its steel bridges and other works of art, had opened up foreign countries and brought far-away places closer. And Marie, making sketches of everything she saw, made a book out of it, « Voyage en Hollande et en Belgique« .

Their first stop was Paris, where they saw the great Sarah Bernhardt – whose mother was Dutch, by the way. Then on they went to Brussels, where Marie drew the skeleton of a kind of dinosaur she observed in a museum.

And on again, Antwerp (Rubens!), Dordrecht (home town of Ary Scheffer, who had become a famous painter and art teacher in Paris), Rotterdam (the harbour), Leiden and its canals. (Opposite : The landscape Marie Annaly-Lourse saw from the train window, just before crossing the large delta formed by the rivers Rhine and Meuse, near the village of Moerdijk.)

And on again, past tulip fields, wind mills, to Amsterdam. Marie wanted to visit the new Rijksmuseum about to open its door, but… not yet, she came a bit too early. But she did visit the zoo, and liked it. AND… she visited an important private art collection (The Van der Hoop Collection), which for its major part was about to be exposed in the Rijksmuseum. (Opposite: Woman reading a letter, by Johannes Vermeer, now in the Rijksmuseum.)

Her last stage was The Hague, in particular the Mauritshuis museum and its Rembrandt, Steen, Potter, Vermeer… But what she most loved was her walk in the woods around The Hague, in particular those near Scheveningen, where she marvelled at the light through the leaves, and the changing colours.

Marie would never forget this « delicious trip », sne wrote. Her book is now to be seen in the Dutch Royal Library (Koninklijke Bibliotheek, KB) in The Hague, as is the guidebook she used, « Voyage en Hollande à vol d’oiseaux », by Henry Havard.

Koninklijke Bibliotheek, Prins Willem-Alexanderhof 5
2595 BE Den Haag.
This is next to The Hague Central Station, exit near platform 11. The book is shown at the 2nd floor, « Bijzondere Collecties », along with many other extraordinary books.
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