Top
English summary : click here
Informations pratiques: cliquez ici
Une jeune femme sur une balançoire. En face d’elle, une vidéo. Des images qui évoquent la Méditerranée, bleutées. alternant avec des images de plats, de maisons, e tapis, reconnaissables pour appartenir à une culture, un pays. Une voix de femme les accompagne, un peu comme si elle récitait un poème, tantôt en arabe, tantôt en français, tantôt en anglais. La voix parle de « home », de nourriture, de choses reconnaissables – ou pas; de danger aussi : d’une mer cimetière, d’un passeport qui ouvrirait des portes au lieu de les fermer, d’une terre accueillante ou peu accueillante ; de visages qui vous dévisagent, de chaleur humaine aussi. La voix – celle de l’artiste, Ines Kooli, née en Tunisie, études en France et aux Pays-Bas – la voix d’Ines, donc, se demande aussi où est son chez soi, là-bas, ici ? On sent les émotions à fleur de peau, émotions contraires, vives. Dépaysement, « second chez-soi » , tout y est.
Ces émotions-là, on les rencontrera tout au long de l’exposition Imagine Home. Faites comme chez vous, imaginez votre maison. Chez soi, oui, mais où ? On se balance… on est balancé… Là-bas ? Ici ? Où ? Nulle part ou partout ?
Ci-dessus: Ines Kooli : Swing Damocles.
Un peu plus loin, l’installation d’une artiste qui se dit nomade. Originaire de Palestine, Mirna Bamieh a vécu ici et là, au gré des musées, des galeries qui l’ont invitée. Depuis peu, elle a enfin un atelier à elle, à Lisbonne. Depuis fort peu, elle insiste. Et son installation reflète le temporaire, le besoin éventuel de (re)partir. Une maison sans portes, un placard à provisions qui n’est pas un placard. Des conserves prêtes pour les temps durs, les périodes « sans », peut-être pour le voyage aussi… et une vidéo montrant leur préparation, en un mouvement perpétuel. Être en éveil, on the go, à l’affût du danger… Métèque dans le sens originel, grec, du terme : un non-résident permanent… « Les citrons, dit l’artiste – qui a un degré dans les arts culinaires comme dans les arts tout court – sont acides, et ce n’est pas seulement un goût, c’est aussi une sensation… »
Ci-Contre : Mirna Bamieh, Sour things :The Pantry (Choses acides : Le placard à provisions).
« Vous voulez goûter ? » Narges Mohammadi, née en Afghanistan, arrivée en bas âge aux Pays-Bas où elle vit depuis, me tend un bac de halva fraîchement fait, fumant encore, et exhalant un parfum doux. J’avance l’index, mais elle me corrige : c’est entre l’index et le pouce qu’il faut le prendre. J’obtempère, et je suis surprise que cet halva-là soit beaucoup moins sucré que son équivalent du Moyen-Orient dont j’ai le souvenir, un peu trop sucré à mon goût. Son halva à elle, fait maison, représente son chez-elle, sa famille ; ce halva qu’on fait chez soi, mais pour les autres, comme le lui rappelle (dans une vidéo montrée à l’exposition) son grand-père au téléphone, après quoi sa mère, de loin, corrige : « Mais non papa, c’est pour un de ses projets… » .
J’avais déjà vu, au beau musée Beelden aan Zee (Sculptures au bord de la Mer), une autre des installations de Narges Mohammadi, inspirée, elle, des réfugiés qui traversent la mer – et leurs traces sur la plage ; tout un programme, qui – à tort ou à raison – fait un peu froid dans le dos.
L’ambiance, ici, est très différente, chaleureuse, parfumée (mais oui, ça sent bon , le halva), mais n’empêche : le message passe.
Narges Mohammadi, Passing Traces ; here, the Dutch-Afghan Artist is busy covering the walls of her imaginary home with homemade halva – 600kg of it… Photo Jan-Kees Steenman
Il y a beaucoup de femmes parmi les artistes participant à l’exposition, mais il y a quand même quelques hommes, dont le peintre syrien Raafat Ballan. Il fait des toiles énormes, impressionnantes, ce ne sont que des figures humaines, connues ou inconnues, nombreuses ou juste trois, comme ici – avec trois icônes de la chanson arabe.
Ci-contre : Raafat Ballan, Meet the Legends (dont Oum Khalthoum et Fairouz)
Informations pratiques
Noordbrabants Museum, Verwersstraat 41 , ‘s Hertogenbosch / Den Bosch / Bois-le-Duc (à un quart d’heure de marche de la gare; suivez les panneaux). Du mardi au dimanche, 11h – 17h. Imagine Home, jusqu’ au 2 juin 2024. Adultes (18 ans et plus) ; € 16 (en ligne), étudiants €8,50 (en ligne).
Back To Top – Retour en haut
English summary
Home, sweet and sour home
Imagine… a young woman on a swing ; her swinging (or yours) will start a video showing mediterranean colours ; a female voice – in French, Arabic or English (english subtitles) – speaks about the dangers of the sea, this sea whose crossing shouldn’t be dangerous ; the voice also speaks about the ambiguity of the idea of ‘home’. Where is home? Where I was born and raised? Where I live now? Both? Neither? And how do I recognise it? Feelings familiar to anyone who ever lived ‘a tale of two cities’- or of two, or more, countries – whether one moved by choice, or out of necessity.
Shown here: Ines Kooli : Swing Damocles.
These mixed feelings of nostalgia, remembrance, grief, relief, confusion AND also warmth, recognition, homeliness, and a lot more – all this is to be found in Imagine Home. From Ines Kooli’s Swing Damocles to Stéphanie Saadé’s checkboard marking the meridians where her family members live, to the Foundland Collective’s ground plans of houses and their number of inhabirants, to Narges Mohammadi’s house walls covered in (600 kg!) home made, perfumed halva, to Mirna Bamieh‘s pantry full of sour preerves, or to Zhanna Kadyrova’s stone breads (shown here), and many more… They all express one or another (or several) of these, sometimes contradictory, emotions. And as a viewer, you are touched, whether you want it or not…
Shown here: Zhanna Kadyrova, Palianytsia (an Ukrainian word Russians can’t pronounce correctly). 2022. Coll. Museum Voorlinden. Photo Jacqueline Wesselius.
More images in French section
Back To Top – Retour en haut
Practical information
Noordbrabants Museum, Verwersstraat 41 , ‘s Hertogenbosch / Den Bosch (a 15-minutes walk from the train station; follow the signs). Tuesdays to Sundays, 11 am – 5 pm. Imagine Home, until 2 June 2024. Adults (over 18) ; € 16 (online), students €8,50 (online).