Mais que se passe-t-il donc?

Pat Andrea, Femme et ombelle, 1963
Pat Andrea, Femme et Ombelle, 1963

Comment définir Pat Andrea (1942) ? Qu’il soit peintre – et dessinateur! – jusqu’au bout des ongles, ça ne fait aucun doute. Pas plus que la constatation qu’il a du talent à revendre. Mais le style ? Réaliste, surréaliste, narratif, humoristique (d’un humour noir, c’est sûr), voire cartoonesque ? Un peu de tout ça. Le style Pat Andrea, quoi. Ça vous a un côté Alice au Pays des merveilles pour adultes – pas étonnant que, justement, Andrea ait illustré le livre de Lewis Caroll. Bref, c’est un artiste qui a de nombreuses facettes et de nombreux talents.

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Pat Andrea, Tentative d’enlèvement par les Tupamaros, 1970

De même, il n’est pas facile de placer son oeuvre dans une catégorie. Personnellement, j’y vois une parenté avec Picasso – surtout celui de Guernica -, avec Hockney pour son talent de dessinateur et de coloriste, avec Max Ernst le surréaliste, voire avec les cartoons crus, cruels et néanmoins humoristiques de Willem – ou les satires sociaux de Grosz. Pour ne nommer que ceux-là. On voit, ou tout au moins, on sent – grâce aux couleurs, aux thèmes – les influences de l’Amérique Latine, où Pat Andrea, néerlandais de naissance et parisien d’adoption, a vécu longtemps, et où il retourne encore régulièrement.

Pat Andrea, La chute, l966

En résumé, on pourrait dire que ensemble complexe forme une oeuvre très originale. Qui, souvent, vous prend à la gorge. On ne comprend pas toujours ce qui se passe, mais il se passe toujours quelque chose dans le monde peint par Pat Andrea. Ou plutôt : on sent qu’il va se passer quelque chose. Que la catastrophe – attentat, éruption de volcan, tremblement de terre, meurtre, ou une simple chute – est imminente. Et on reste là, stomaqué, comme paralysé par le regard du serpent – ou du regard qu’on rencontre dans le tableau. Un regard terrifiant ou terrifié, le regard de quelqu’un qui ne saisit pas plus que nous ce qui se ?passe. ¿ Qué pasa ?

Avertissement. Regarder ces tableaux n’est ni reposant ni réconfortant. C’est trop pessimiste, trop extrême pour cela, trop obsédé aussi – par le sexe, par la violence, par les malheurs qui nous pendent au nez. « C´est vrai que ma vision du monde n’est pas très optimiste », convient-il.

Pat Andrea, Ma petite kamikaze, 2012-2016, coll. part. ©Pictoright

Mais si cette œuvre n’est peut-être pas très réconfortante – et après tout, le monde dans lequel on vit, l’est-il? – , ça ne vous laisse pas de marbre, loin de là. Et plus vous regardez ses tableaux, plus vous y découvrirez de détails et de profondeur, et plus vous serez aspiré à l’intérieur, dans l’histoire qui se déroule sous vos yeux. Car Pat Andrea est aussi un excellent conteur.

Par Andrea, La mort d’un président, 1966, photo Peter Cox

Alors, allez-y, ça vaut le coup, ça vaut plus que le détour. Pat Andrea est un grand.

  • Museum MORE
  • Hoofdstraat 28
  • 7213CW Gorssel
  • Du mardi au dimanche de 10 h à 17h
  • Par les transports publics: train jusqu’à Deventer, puis bus 82 en direction de Zutphen.
  • La région est très belle, on peut y faire des randonnées à pied et en vélo.
  • https://www.museummore.nl/en/

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