Cap au Sud: « Art Zuid »

The sculpture biennale in Amsterdam – « Art Zuid » is almost coming to an end. It was there all summer, in the South area of the city, on a few large, shaded avenues, where the trees are colouring yellow, orange, brown and red, adding to their charm. If you happen to be in or around The Netherlands capital, it’s now or never…

Elle tire sur sa fin, cette biennale de sculpture qui remplit une grande partie du quartier « Sud » ( « Zuid » ) d’Amsterdam.

Encore quelques jours, et les avenues, places et squares de ce quartier résidentiel auront regagné leur tranquillité, voire leur solennité habituelle. Jusque-là, si le temps le permet, vous pourrez encore admirer ces 70 sculptures de 50 artistes. C’est gratuit, et cela vous permet de découvrir une partie de la capitale néerlandaise que vous n’auriez peut-être jamais vue autrement. Les arbres commencent à prendre des couleurs d automne, il y a encore des bosquets fleuris ça et là, en somme, c’est une promenade agréable.

Comment décrire cette grande variété d’œuvres, d’auteurs si différents ? Il y a des œuvres qui portent en elles un message, et celles qui n’en ont pas. Il y a les matériaux les plus divers, ça va du bronze ou du granit « classique » au plastique. Il y a des sculpteurs vivants et des morts, de toutes origines et de tous âges, des néerlandais, bien sûr (Armando, Klaas Gubbels, Lotti van der Gaag, Ivan Cremer, parmi d autres), mais aussi des artistes originaires des Antilles, de Belgique, d’Allemagne, du Danemark, de Suisse, d’Italie, de Chine, de Grande-Bretagne ou des Etats-Unis… et tant d’autres. Il y a un Français, Jean Marie Appriou, qui utilise le matériau de sa Bretagne natale, le granit, pour créer des « êtres » qui n’ont rien de breton… Et parmi toutes ces sculptures qui font partie de l’exposition se trouvent aussi des œuvres qui sont là de façon permanente, comme les Hildo Krop si caractéristiques de cette partie de la ville, ou un petit Rodin en face de l’hôtel Hilton, là où l’avenue Minerve (Minervalaan) débouche sur l’avenue Apollon (Apollolaan), au milieu de ce qu’on pourrait considérer le cœur de l’exposition.

One of Hildo Krop’s Children, Muzenplein. Les sculptures de Krop sont permanentes et des tours guidés s organisent tous les dimanches.

C’est en partie à cause de cet endroit (très précisément dans la suite 702 de cet hôtel Hilton), où, en 1969, John Lennon et Yoko Ono menaient leur « sleep-in » pour la paix mondiale, que Ralph Keuning, le commissaire de cette biennale 2021 lui a donné le titre d’ « Imagine ».

Donnons donc libre cours à notre imagination en parcourant ces allées. Je vais vous donner juste un petit aperçu, un choix limité et très personnel d’œuvres qui m’ont impressionnée, donné à réfléchir, ou amusée.

Commençons par la gare « Zuid », la « gare du Sud » où se croisent des trains aux provenances et aux destinations les plus diverses. Prenez la sortie côté Place Mahler – un grand parvis entouré de bureaux et débouchant sur un petit square bordé d’arbres. Et là, sous les feuillages, vous avez trois sculptures d’un des plus grands artistes néerlandais du XXe siècle, Armando (1929-2018), écrivain, peintre, sculpteur, même musicien à ses heures. Ayant vécu longtemps à Berlin, beaucoup de ses œuvres ont des titres allemands, comme ici « Gestalt » (forme – forme humaine en l’occurrence) ou « Das Rad » (la roue). D’autres œuvres d’Armando se trouvent devant l’hôtel Hilton. Elles sont impressionnantes, mais tout sauf rassurantes ou même « belles ». Armando a grandi dans la petite ville d’Amersfoort, dont la tranquillité séculaire contrastait fort avec le camp de concentration qui se trouvait à proximité durant l’occupation. Armando en a gardé une vision plutôt pessimiste de l’humanité et cela se reflète dans son œuvre.

Remettez-vous, retraversez la gare, et souriez en vous trouvant nez à nez avec « WE ARE NOT ALONE » de Joanneke Meester (1966) : deux robots rose bonbon qui semblent composés de pièces Lego et qui sont supposés présenter quelques aspects – humains – de John Lennon et Yoko Ono (á la vérité, je n’ai pas découvert la ressemblance, mais la sculpture me met toujours de bonne humeur). Passez sous le tunnel, traversez la piste cyclable ainsi que le square qui le borde, et voilà une autre sculpture pleine d’humour : « Big Sister », de Marieke Bolthuis (1962). Trois autres « sœurs » se trouvent sur la pelouse devant l’Hilton. Toutes paraissent « sûres d’elles et dominatrices » ; elles ont de l’aplomb, du cran, ça se voit au premier coup d’œil. Formidables, ces nanas.

Mais avant d’en arriver là, avant même d’aborder l’avenue Minerve (sans doute une des plus cossues de la ville…), faites un tout petit saut de côté en prenant la rue de la Princesse Irène et arrêtez-vous devant l’église Saint-Thomas (eh oui, c’est une église) et laissez-vous entraîner par le mouvement (imaginaire) des « Dancers from Oblivion I, II & III », d’Ivan Cremer (1984). On voit bien le mouvement en tournant autour des sculptures. Cremer, qui a une formation d’architecte, mais s’est tourné vers la sculpture dont il apprécie le travail physique qu’elle implique, a une fascination pour la mythologie antique (en ce sens, il est tout à fait à sa place dans ce quartier, en grande partie dédiée à l’Olympe…),  C’est un jeune à suivre. A l’intérieur de l’église (d’ailleurs construite par son grand-père, Karel Sijmons), il y a une toute récente installation de sa main, « Origins ».

A présent, poursuivez votre route le long de l’avenue Minerve, dont la pelouse ombragée est remplie d’œuvres pleines d’humour. Je vous laisse découvrir la multitude d’ouvrages différents, jusqu’à arriver, au coin d’une rue, devant « La Forêt Noire » de l’Espagnol Jaume Plensa (1955). Cette « Forêt Noire » – en bois et en bronze – se compose de trois parties, chacune représentant une tête de fille – Carlotta, Laura Asia, et Wilsis – qui, les yeux fermés, semblent écouter. Qu’est-ce qu’elles écoutent ? Un silence imaginaire ? Ou le son du piano, comme le faisait Jaume quand, tout petit, il se cachait sous le piano à queue lorsque son père jouait… ? C’est intriguant, en tout cas.

Un peu plus loin, l’avenue Minerve aboutit à l’avenue Apollon et sa pelouse qui forme plus ou moins l’épicentre de l’exposition, et qui est vraiment pleine de sculptures. On ne sait plus trop où donner de la tête (vous pourrez vous reposer et vous désaltérer au pavillon où se trouve le centre d’information d’Art Zuid – prenez ici, à €3,-, le plan de l’exposition – mais les seules toilettes sont à l’hôtel en face, je vous préviens). Un autre Armando, un « Hommage à Armando » de Klaas Gubbels (j’y reviens), les « Trois Sœurs » et le Rodin déjà nommés.

Et puis, il y a ici plusieurs ouvrages d’un symbolisme tout différent. Ceux de l’Antillais Nelson Carilho (« The Other Face » et « Les Porteurs »), ou de Fernando Sanchez Castillo (« Liberty For All »), ou encore de Marc Quinn (« 100 Heads »). Je ne saurais dire lequel est le plus impressionnant. Ils méritent tous qu’on s’y attarde.

 A droite sur l’avenue Apollon, vous aurez, un peu plus loin, « The Big Watcher » et  « The Big Traveller » de Jean Marie Appriou, qui se ressemblent comme deux frères…. jumeaux, ou chameaux…

Au prochain croisement, avec la rue Beethoven, vous pouvez arrêter votre périple si vous êtes fatigué, et soit prendre un tram (5, 24), soit vous restaurer dans un des cafés de cette rue commerçante.

Si vous avez le courage de pousser plus loin, vous verrez encore une des « cafetières » typiques de Klaas Gubbels, posée sur le côté, cette fois-ci (et le bus 65 s’arrête à deux pas de là…). Une troisième Gubbels (deux cafetières cette fois-ci, qui semblent danser, avec leurs « cinq becs verseurs » comme des bras en l’air) se trouve à un endroit pas possible, au milieu du square de la place du stade Olympique (Stadionplein, arrêt du tram 24). Et derrière le pâté de maisons, les « Athlètes » suspendus de Jerzy Kedziora.

En prime, vous aurez – dans cette partie du Stadionplein qui s’appelle aussi « place Johan-Cruyff », l’oeuvre – permanente – du Britannique Matthew Darbyshire qui représente un appartement de l’immeuble décrit dans le roman de Georges Pérec, « La vie mode d’emploi », immeuble situé au 11, rue Simon-Crubellier à Paris – rue fictive que d’aucuns ont déjà cherchée (voir YouTube)… Il s’agit de l’appartement du personnage Bartleby. Les « meubles » ont été choisis par les habitants – réels – du quartier où vous vous trouvez.

ArtZuid, dernier jour, dernier tour. Informations (en anglais): https://artzuid.nl/en/
Vous pouvez télécharger une appli qui vous donnera des informations supplémentaires sur les oeuvres en scannant le code.

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