De Vermeer à Voorlinden

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VermeerDelftVrelVoorlinden

Johannes Vermeer, Vue de Delft. 1660-61. Mauritshuis, Den Haag.

Ouverture nocturne (jusqu’à 02h00) le dernier weekend de l’exposition Vermeer. 2600 places, attribuées par tirage. Voir le site du Rijksmuseum.

Vermeer

Pays-Bas, paradis de l’art… Surtout en ce moment : Vermeer, bien sûr, il est partout : au Rijksmuseum évidemment (il n’y a plus de billets, hélas), au Mauritshuis (La Haye), au Prinsenhof à Delft… Mais il y a aussi et toujours Rembrandt et d’autres, comme Jacobus Vrel, précurseur de Vermeer… De l’antiquité (Byblos ; Pompéi) au temps présent et à des artistes agréablement « fous »…. Il y a de quoi faire pendant vos vacances de février.

Bien que l’exposition se joue à guichets fermés, Vermeer (1632-1675) est incontournable. L’exposition au Rijksmuseum d’Amsterdam est une merveille. Un écrin qui enlace en quelque sorte ces tableaux, souvent étonnamment petits. Il y en a un que j’avais vu récemment et dont pourtant le petit format m’a surprise. Ma mémoire l’avait agrandi, tant on peut y voir des choses… (ci-contre : Le soldat et la jeune femme rieuse, 1657–58, The Frick Collection, New York.)

C’est que ces petits tableaux racontent des histoires – bien que, en apparence, il ne s’y passe rien. Voilà le paradoxe – un des paradoxes – de l’art du maître de Delft. Mais il n’y a pas que lui. Et il n’y a pas que le Rijksmuseum. (Ci-contre : La laitière. 1658-59. Rijksmuseum, Amsterdam.)

Delft

Tout d’abord, la ville de Delft s’est mise sur son trente-et-un, avec une belle présentation au charmant musée Prinsenhof (« Le Delft de Vermeer »). On y raconte la vie du peintre, pour autant qu’on la connaisse, il ne faisait pas de vagues, mais il était bien plus sociable et impliqué dans la vie de la ville qu’on ne l’a longtemps cru. Ainsi faisait-il partie, non seulement de la guilde des peintres, dont il a même été le président, mais aussi de la milice comlunale, par exemple. Et puis, il avait des clients. Son père ayant été marchand de tableaux, Johannes connaissait bien le marché de l’art. C’était un citoyen qui participait activement à la vie sociale. Il était marié, le couple avait une quinzaine d’enfants, dont une dizaine a survécu. Bref, Vermeer etait tait tout sauf le reclus pour lequel on a pu le tenir dans le passé. (Ci-contre : impression de l’exposition du Prinsenhof.)

Au musée Prinsenhof (qui a une longue histoire), on montre, entre autres, des peintres concitoyens et contemporains de Vermeer, dont les formidables Pieter de Hooch et Jan Steen. Et Carel Fabritius (‘Le chardonneret »), mort très jeune dans la grande explosion de la poudrerie, qui a détruit une bonne partie de la ville de Delft – dont (à gauche de la photo, hors du champ) l’auberge de la mère de Johannes Vermeer, là où il a grandi. L’exposition se termine le 4 juin 2023, et si vous voulez la voir, vous ferez bien de réserver, tout comme pour la promenade en ville. L’affluence est grande ! (Ci-contre : la Grand’Place de Delft, avec l’Église Neuve où Johannes a été baptisé. )

Vrel

Depuis Delft, La Haye n’est qu’à deux pas Là-bas, le Mauritshuis – qui a prêté ses trois (!) Vermeer au Rijksmuseum – présente, lui, un précurseur de Vermeer, Jacobus Vrel (dont les œuvres se situent entre 1640 et 1660). De certains ses tableaux émane cla même atmosphère (en apparence) paisible que de ceux de Vermeer. A tel point que dans le passé, la signature JV de Vrel ait été attribuée à Johannes Vermeer…

Ce dont le Mauritshuis est le plus en manque, en ce moment, c’est sa fameuse « Jeune fille à la perle ». Alors, le musée s’est adressé à ses fidèles : vous, inventez votre « Jeune fille à la perle » à vous. Et l’invitation à eu un succès foudroyant : le musée a reçu quelque 3.200 versions de « My Girl With A Pearl ».

Beaucoup de belles photos, beaucoup de « jeunes filles » differentes, plus quelques hommes, des versions dessinées, tricotées (puis photographiées) des photos d’animaux, de fruits, voire de légumes déguisés en « Jeune fille à la perle ». Pour les voir : rendez-vous au Mauritshuis, ou bien (pour voir un échantillon)… sur Instagram.

Voorlinden

Et puisqu’on est à La Haye, faisons un saut dans sa banlieue, à Wassenaar, et explorons l’art contemporain au musée Voorlinden, entouré d’un immense parc. On peut facilement y passer la journée, je vous préviens. Ça nous changera les idées, surtout avec la nouvelle disposition de la collection permanente (« Jusqu’ici… et après... »), et – encore plus – avec une acquisition et deux manifestations temporaires, un peu folles, mais fascinantes. D’ailleurs, un brin de folie n’est-il pas indispensable à l’art ? (Ci-contre : Rinus Van de Velde : Un été à Giverny , céramique, 2020, devant « Étang », de Thomas Demand, 2020 .Photo Antoine Van Kaam.)

Allons du permanent à l’éphémère. Le musée a acquis le film d’un acteur flamand, Herwig Ilegem (1962), « Tête à tête ». Il faut prendre cela littéralement, voire physiquement. Ilegem, acteur célèbre en Belgique, a voulu examiner le rapprochement entre l’homme et l’animal et dans ce court métrage, on le voit en présence d’un animal, chaque fois différent, mais toujours joue contre joue.

C’est tout à fait étonnant, non seulement parce que les animaux l’admettent dans ce qu’on pourrait appeler leur intimité, mais parce qu’ils semblent même manifester une certaine tendresse à l’egard de cet homme…

L’autre Flamand, Rinus Van de Velde (1983), expose ici ses grands voyages… imaginaires. Van de Velde est un multitalent. Formé comme sculpteur, il accumule les techniques, il les juxtapose et les superpose. I l lui faut un train, une voiture décapotable pour voyager? Il les fabrique, en bois. Puis ils les miniaturise, les place dans un paysage, les filme. Il fait un tableau. puis le transforme en (roman)photo, ou en bande dessinée….
(Ci-contre : L’artiste devant son oeuvre. Coll. musée Voorlinden. Photo Antoine Van Kaam.)

Doué en diable, il ne cesse de se référer `des artistes qui l’ont précédé (Monet, Beuys…).
(Ci-contre : Prop. Car. L’artiste dans la fausse voiture… Photo Antoine Van Kaam.)
À voir, et à suivre. Jusqu’au 29 mai 2023.

Et maintenant. passons à la manifestation la plus éphémère (jusqu’au 5 mars 2023) et à l’artiste le plus jeune : « Boum BOum » de Philip Vermeulen (il a obtenu son diplôme de L’École des Beaux-Arts – avec mention Très bien – en 2017). Mais pour jeune qu’il soit, son état de service artistique est impressionnant : il a eu plusieurs prix, a pu participer à des manifestatins prestigieuses, etc. Et jusqu`au 5 mars 2023, il présente son installation sonore – qui s’appelle aussi « Physical Rythm Machine », a Voorlinden.

On les voit à peine dans la vidéo ci-dessus, mais les objets qui causent tant de bruit – et de rythme – sont des balles de tennis. Elles sont lancées à 150 kms à l’heure contre des caisses de résonance, qui les renvoient à leur point de départ. Le rythme varie, et ainsi se créent des « compositions « différentes, qui peuvent durer jusqu’à un quart d’heure. Le son est intense (le port du casque est recommandé), mais personnellement, j’ai trouvé ce « son et mouvement  » assez jubilatoire.

À côté de ce spectacle « plein de bruit et de fureur » (mais pas raconte par un fou, loin de là), le musée Voorlinden facilite aussi des visites « silencieuses et en chaussettes » (« Silence on Socks« ), les samedi et dimanche matin entre 10h et 11h (réservation en ligne obligatoire).

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English summary

Last chance to get tickets for the Vermeer exhibition. Last weekend open till 2 am. See website Rijksmuseum.

From Vermeer to Voorlinden, from antiquity to contemporary art. Of course, the (THE) Vermeer exhibition is a must (if you are lucky enough to get a ticket). But the Master from Delft isn’t the only one. There’s Rembrandt, of course, and his pupils amd master. In the Netherlands, right now, you can also travel to Pompeii or Byblos, and back to modern times… There’s a lot to do during the mid-term holidays.

We have been looking forward to the Vermeer exhibition in the Rijksmuseum. And, indeed, in one word, it’s marvellous. It’s a miracle to have here 28 of the 37 known works by Johannes Vermeer (1632-1675). And this exhibition shows them inna perfect way. The rooms are like shrines to the (few) paintings they offer to our sight. Most of these canvases are very small. Exceptions are his Sight on Delft, and the biblical or allegorical scenes he painted in his youth. But most of them show rather intimate and apparently peaceful scenes – although a detail, a letter, a painting on a wall, may suggest otherwise. Many show interiors – but with a window open to the world, literally.

Vermeer’s characters are dressed in blue, white, yellow. But then there is suddenly a touch of red, or dark green, or purple. There is so much to see (and to wonder about) in these paintings that they seem much bigger… Rijksmuseum, Amsterdam.

Vermeer was born, lived, worked in the small town of Delft, still quite pretty and apparently very peaceful. The Prinsenhof museum (once a nunnery, later the Prince of Orange’s residence) shows how Vermeer fitted into the Delft society and its artistic world (his father was an inn-keeper and art dealer, so Johannes was familiarised with art and artists at a young age). The house he grew up in doesn’t exist anymore, but historic places linked to Vermeer are still there, and a lot of signs show you the way. Prinsenhof, Delft. Till 4 June 2023. If you wish to visit this interesting exhibition (and walk around in Vermeer’s Delft), you’d better make a reservation and choose a time slot). You’re not the only one…

The Mauritshuis lent its three (!) Vermeer paintings to the Rijksmuseum. In particular  » The Girl with a Pearl », maybe the most famous (or popular) paintings in the world. So the museum asked its public to create their own « Girl ». And believe me of not, they received over 3,000 versions of « My Girl With A Pearl« . You can see samples of them in the museum. And some on Instagram, too.

https://www.mauritshuis.nl/en/what-s-on/exhibitions/installation-my-girl-with-a-pearl/

Just a few of the thousands of versions of « My Girl With A Pearl ‘

And now, from The Hague, on to modern times in its suburb Wassenaar. Voorlinden is a young museum of contemporary art surrounded by an extraordinary garden on an old estate, that stretches into the dunes.

(Next : Song Dong (1965) : « Through The Wall ». Installation made of wooden frames, saved from ancient hutong houses, and combined with cheap, modern lamps. Part of the exhibition: « This Far and Further ». Photo: Antoine Van Kaam.)

Not unlike the garden, the museum changes with the seasons. What’s on now? A brand new presentation of the collection (« This Far… And Further »), new acquisitions (in particular an amazing, touching film called « Head To Head » by actor/performer Herwig Ilegem), a new temporary exhibition (« The Armchair Voyager », by Rinus van de Velde) – need I say more? – and a temporary performance « full of sound and fury » – but not told by an idiot, far from it, and probably signifying something… All these shows are certainly worth a visit.

As to this performance, though all but deafening (protective ear phones are provided), it’s great fun. (« Boum bOum« , or « Physical Rythm Machine » by composer/performer Philip Vermeulen, until 5 March 2023 .) Voorlinden, Buurtweg 90, Wassenaar.

Apart from that, you can also visit the museum in complete silence. On Saturday and Sunday mornings (10:00-11:00 am), a limited number of visitors are admitted for an hour’s « Silence on Socks« . Booking online is required.

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