Derniers jours : L’art de Kandinsky à H’art Amsterdam…

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Informations pratiques: cliquez ici

À gauche : Une des sculptures de Ron Mueck tellement « humaines » et « vivantes » qu’elles en sont presque inquiétantes.
À droite : photo grandeur nature de Vassily Kandinsky, à l’exposition au musée H’art, où – outre les oeuvres du peintre – on peut voir aussi des vidéos racontant sa vie.
Vassily kandinsky (1866-1944)
Kandinsky d’abord, c’est l’aîné après tout. Soixante de ses oeuvres (provenant du Centre Pompidou) sont au musée H’art.
H’Art ? C’oeur ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Ne vous cassez pas la tête. Ce n’est autre que l’ancien Hermitage Amsterdam, où vous avez peut-être vu les bijoux de la grande Catherine, ou bien encore, après LA catastrophe – l’invasion de l’Ukraine par la Russie – Le regard de Rembrandt. Pour plus de détails, appuyez ici.

/ Eh oui, LA catastrophe – l’invasion de l’Ukraine par la Russie, approuvée, que dis-je, acclamée par le directeur de l’Hermitage de Saint-Petersbourg, dont celui d’Amsterdam était en quelque sorte la « dépendance » : toutes les expositions, jusqu’au 24 février 2022, se faisaient à partir des trésors de l’Hermitage-Saint-Petersbourg. Du jour au lendemain, c’était devenu impossible ; il a fallu remballer la belle expo sur les arts appliqués dans la toute jeune Union Soviétique des années 1930 – qui venait tout juste d’ouvrir ses portes – et se réinventer. Très vite, on a trouvé des solutions temporaires grâce aux autres musées néerlandais et européens. Il a fallu trouver un nouveau nom – qui rappelait un peu l’ancien, mais pas trop. Bref, on a fini par adopter H’Art.
Et, au moins aussi important, on a trouvé de nouveaux partenaires : le Centre Pompidou à Paris, le British Museum à Londres, et le Smithsonian American Art Museum à Washington D.C.

Kandinsky, « Samstagabend (Holland) », Samedi Soir (Hollande), 1909, tempera sur papier noir collé sur du carton. Centre Pompidou.

Le nouveau nom du musée – une fois les liens avec l’Hermitage de Petersbourg coupés – est donc H’Art. Art, Coeur, le coeur de l’art – pourquoi pas ? H’art a inauguré sa nouvelle vie avec une grande exposition Kandinsky, montée en collaboration avec le Centre Pompidou. C’est ce musée parisien qui – grâce à la veuve de Kandinsky – détient la plus grande collection d’ oeuvres de Kandinsky au monde.

Dans cette exposition, il y a les toutes dernières oeuvres de Kandinsky, et il y en a parmi les toutes premières, figuratives, et notamment celles qu’il a faites au cours de ses nombreux voyages, aux Pays-Bas, en Tunisie, à Venise…

Vassily Kandinsky, Bild mit rotem Fleck (Peinture à la tache rouge), 1914, Centre Pompidou

L’exposition d’Amsterdam montre très bien le parcours de Kandinsky. De figuratif, impressionniste pourrait-on dire, il évolue vers l’art abstrait. C’est étonnant de voir quel grand artiste il est devenu, et quelle a été son influence, quand on considère que Vassily Kandinsky ne s’est converti vers l’art qu’à l’âge de 30 ans, après avoir étudié l’économie et le droit pendant 10 ans. Sa conversion coïncide avec une excursion faite dans le cadre de ses études, dans une région éloignée du Nord de la Russie, où il a découvert des fermes à l’intérieur au décor colorié. Cet art populaire l’a beaucoup impressionné et ce sont ces décors, finalement, qui semblent avoir incité Kandinsky à changer son fusil d’épaule et d’opter pour l’art.

Vassily Kandinsky, « Arabische Stadt » (Ville arabe »), 1905, Centre Pompidou

Vassily Kandinsky part donc à Munich pour suivre une formation artistique. Là, il rencontre d’autres artistes, des compatriotes comme les peintres Alexej Jawlensky et Marianne von Werefkin, ou le danseur et chorégraphe Serge Diaghilev (fondateur des Ballets Russes). Il fait aussi la connaissance d’artistes allemands comme Paul Klee, Gabriele Münter (qui deviendra sa compagne), August Macke ou Franz Marc. Tous ces peintres feront partie du fameux cercle Der Blaue Reiter, d’après « l’Almanach » du même nom publié par le groupe, et qui contenait plus ou moins leur credo.

Vassily Kandinsky, Auf Weiss II (Sur blanc, II), 1923, Centre Pompidou

L’exposition montre bien l’évolution de la peinture de Kandinsky – et l’influence des différents endroits où il a habité ou qu’il a visités. Comme celle de l’air  du temps dont les artistes comme les autres étaient, tous, forcément imprégnés. Ainsi, au début du XXe siècle, l’ésotérisme faisait rage sous toutes ses formes, même parmi ceux qui, par ailleurs, étaient fort rationnels. Kandinsky, lui, a notamment assisté à des conférences de Rudolf Steiner (fondateur de l’anthroposophie) et d’Annie Besant, grande figure de la théosophie. Bild mit rotem Fleck (Image à la tache roug)e en est le reflet, ainsi que l’ouvrage que Kandinsky a publié en 1911, Über das Geistige in der Kunst (Sur le spirituel dans l’art).

Vassily Kandinsky, « Küstenlandschaft » (« Paysage côtier »), 1905, Centre Pompidou

Kandinsky et Münter ont aussi vécu quelque temps à Paris, d’ailleurs, en ce tout début du XXe siècle. C’étaient les années où ils voyageaient beaucoup, des Pays-Bas jusqu’en Tunisie. De retour en Allemagne, ils ont vécu dans le village de Murnau près de Munich, jusqu’à la Première Guerre mondiale, quand Kandinsky s’est trouvé forcé de rentrer au pays natal, la Russie.

Vassily Kandinsky, Accord réciproque, 1942, Centre Pompidou


À partir de 1921, il revient en l’Allemagne et, après l’arrivée de Hitler au pouvoir, en 1933, c’est de nouveau la France, dernière étape de l’artiste. Séparé entre-temps de Gabrielle Münter, Kandinsky épouse Nina Andreïevskaïa en 1917. Plusieurs décennies plus tard, après le décès de Kandinsky, Nina léguera toute l’oeuvre de son mari au Musée national d’art moderne, à présent intégré au Centre Pompidou.

Exposition Kandinsky à H’art, Vue d’une salle ; au fond : « Alte Stadt II » (« Vieille ville II »), 1902

Au moment de son arrivée à Munich, c’était la grande période du Jugendstil (Art nouveau), et de l’idée de Gesamtkunstwerk (Oeuvre d’art d’ensemble). À Paris, durant son premier séjour là-bas, c’est le début du modernisme, de l’expérimentation qui bat son plein et qui s’exprime dans le cubisme, le fauvisme et d’autres expressions qui à leur tour mènent à l’art abstrait. Il y fait de nouvelles connaissances, à commencer par Gertrude Stein, qui, elle, connaît tout  le monde et qui soutient pas mal d’artistes. Kandinsky entre donc en contact avec Picasso, Robert Delaunay, Matisse, et tant d’autres… Il participe à des expositions, mais au cours de ces années-là, il est en plein expérimentation, et encore très influencé par les impressionnistes, ou leurs successeurs comme Van Gogh ou Cézanne.

Vassily Kandinsky, « Entwürf für das Wandbild in der Juryfreien Kunstschau, Wand A » (« Projet pour la peinture murale de l’exposition artistique sans jury ; mur A » ), 1922, Centre Pompidou

De retour en Allemagne, Kandinsky joint le Bauhaus, ce groupe d’architectes et d’artistes sous l’égide de Walter Gropius. On en voit le reflet dans sa peinture sous la forme de figures géométriques, et des couleurs bleu, jaune et rouge. Plus tard, dans les années 1930, quand Kandinsky sera revenu à Paris pour de bon, il fera aussi la connaissance des surréalistes, Breton, Eluard, ainsi que de Jean Arp et Sophie Täuber-Arp, Fernand Léger, Le Corbusier, sans oublier Piet Mondriaan… Quel creuset artistique !

Vassily Kandinsky, Une fête intime, 1942, Centre Pompidou

Allez voir ça, dépêchez-vous, c’est bientôt fini et ça vaut le coup.

Informations pratiques

Jusqu’au 10 novembre 2024. H’ART Museum
Amstel 51, 1018EJ Amsterdam.
 +31 (0)20 530 8755,  mail@hartmuseum.nl.
Heures d’ouverture : 10h – 19 h, dernière entrée 18 h. Tickets : adultes (18 ans et plus, sans réduction) : €22,50. Etudiants / CJP: € 15,00. Museum Pass : € 5,00. Moins de 18 ans, I amsterdam City Card/ GoCity, Stadspas, IRCOM, carte de presse : gratuit.

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English summary

Kandinsky in Amsterdam’s H’art…

Practical information

In the background: Vassily Kandinsky, Auf Weiss II (Sur blanc II), 1923.

But two of them need to be seen right away, because they will close pretty soon. That is Kandinsky in Museum H’art (Amsterdam; until 10 November), and Ron Mueck in Voorlinden (Wassenaar, near The Hague, until 17 November). As to this last one, I will tell you more in my next blog.

Image : Ron Mueck, Woman with Sticks, 2009

Now, first things first, Kandinsky. You only have a few more days to visit it, and I’ll tell you right away, it’s worth it.

If you want to know more about the museum itself and its unusual name, click here.
Vassily Kandinsky, Kanal in Holland (Canal en Hollande), 1904, Centre Pompidou.

The exhibition in H’art – for which the Centre Pompidou in Paris lent generously 60 of Kandinsky’s works – gives a very good idea of the evolution of the painter, who went from figurative to abstract in the course of time.

Vassily Kandinsky, Improvisation III, 1909, Centre Pompidou.

Kandinsky discovered art relatively late. Formed as an economist and lawyer, he was much impressed by the popular art he saw in the very North of the Russian Empire where he worked as an intern. He moved to Munich to study art, and was pretty soon successful. In Munich, of course, he met other artists, other Russians like Alexej Jawlensky and Marianne von Werefkin, or the dancer and choreographer Serge Diaghilev (who created Les Ballets Russes).

Vassily Kandinsky, Tunis, Strasse (Street), 1905, Centre Pompidou.

He also met German artists, like Paul Klee, Gabriele Münter (who became his partner), August Macke or Franz Marc. As a group they published an « Der Blaue Reiter Almanach« , whereafter the group itself became known under that same name.

Vasssily Kandinsky, Mit dem schwarzen Bogen (À l’arc noir), 1912, Centre Pompidou. This painting marks a crossroads between Kandinsky’s figurative painting and his later – and final – abstract period.

In the early years of the 20th century, Kandinsky and Münter travelled a lot (Netherlands, Venice, Tunisia), and also lived for a while in Paris, where, of course they met other fellow artists (Picasso, Léger, Robert Delaunay), as well as, of course, Gertrude Stein, who was in the middle of them all. It also meant they moved from a world- Munich – where the Jugendstil was at its height, to one – Paris – where the idea of « modernity » was perhaps more predominant, and where artists were trying to find out new styles, like cubism. After a while, they moved back to Munich, or rather to a nearby village, Murnau. Then again, Kandinsky had to move – back to his country of origin, the Russian Empire, when World War I broke out. He only came back to Germany in 1921 – in different circumstances.

Vassily Kandinsky, Entassement réglé, 1938, Centre Pompidou.

In Russia, separated from Gabriele Münter, Kandinsky had married Nina Andreyevskaya, who, decades later, well after her husband’s death, would bequeath all his work to what was to become the Centre Pompidou. By that time, the couple had been living in or near Paris since 1933, when – again – they had to leave Germany, this time because Hitler came to power.

Vassily Kandinsky, Peinture inachevée (Unfinished painting), 1944, Centre Pompidou

Of course, this new – and final – stay in France led to new contacts, new friends, new influences – among which the surrealists (Breton, Hans Arp, Sophie Täuber-Arp) – but also artists like the very rational Piet Mondriaan – as well as different esoteric movements (theosophy, anthroposophy,…) that were quite popular in those days. If we add to this all Kandinsky’s work with Walter GropiusBauhaus-group during his last stay in Germany, we get an idea how broad his artistic world was.

Go and see this exhibition. You have a few days left.

Practical information

Last day 10 November 2024. H’ART Museum
Amstel 51, 1018EJ Amsterdam. Postal address : Postbus 11675, 1001 GR Amsterdam.
 +31 (0)20 530 8755,  mail@hartmuseum.nl.
Opening hours : 10 am – 7 pm, last entry 6 pm.
Tickets : adults (from 18 years on) : €22,50. Students / CJP : € 15,00. Museum Pass : € 5,00. Under 18 years of age, I amsterdam City Card/ GoCity, Stadspas, IRCOM, press card : free.

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