
Autoportrait de Rembrandt van Rijn, 1669, prêté par le musée Mauritshuis
Il vous regarde. Où que vous soyez dans la salle, son regard vous suit. Un regard grave, qui sait que la vie ne vous sourit pas tous les jours, mais qui semble en prendre son parti. La vie c’est la vie, et moi, je suis qui je suis: Rembrandt Van Rijn, 63 ans, peintre et célèbre, si célèbre que je peux me permettre de signer mes oeuvres de mon seul prénom. Rembrandt. Tout comme, avant moi, quelques italiens, tels que Raphaël, le Titien, Michel-Ange ou Léonardo…
Voilà ce que Rembrandt semble nous dire. Et c’est confirmé par 79 autres paires d’yeux, toujours les mêmes, mais variant en âge et en humeur (les yeux peuvent-ils avoir un âge et une humeur ? Oh oui, sûrement). Ce bel autoportrait du peintre âgé, coiffé d’un béret joyeux et enveloppé d’un manteau d’un autre âge, est entouré de reproductions de tous les autres autoportraits que Rembrandt a fait au cours de sa vie, des toiles, des dessins, des gravures. Jeune, il se prenait pour modèle pour étudier expressions et poses, pour faire des tronies, (dérivé du français trogne), comme on dit. Plus âgé, il lui arrivait régulièrement de se portraiturer déguisé – en Oriental, en Grec, avec des vêtements extravagants. Jamais en bourgeois. Il les vendait, ces portraits, pour la plupart. On les achetait, un peu comme de nos jours on peut acheter la photo signée d’une vedette. Et ça se vendait comme des petits pains, le rendant ainsi encore plus célèbre.

Il vivait comme une vedette aussi, du moins quand il était au sommet de sa gloire, dans les annees 1630. Il menait grand train, avait acheté une grande maison (l’actuelle Maison de Rembrandt) que, plus tard, criblé de dettes, il a dû revendre. Ça a commencé à aller moins bien après la mort de sa femme, sa première femme et la seule officielle, la tant aimée Saskia van Uilenburgh. Les deux qui ont suivi, il ne les traitait pas toujours très bien, c’est le moins qu’oin puisse dire. C’était un homme de son époque, conscient de son rang dans le monde – et de celui des autres. Aujourd’hui, on l’aurait peut-être » annulé » à cause de cela. Que voulez-vous, Le Caravage n’était pas un saint non plus. L’homme peut être « petit », l’artiste n’en est pas moins grand…

Vous trouverez toute la biographie de Rembrandt dans l’exposition, sur les murs et dans un film (sous-titré en anglais). Vous trouverez aussi différents détails de ce dernier autoportrait agrandis, et une salle représentant l’atelier de Rembrandt montre ses techniques utilisées.

Bref, c’est une exposition intéressante, bien qu’elle se centre sur un seul tableau. Mais au fait, pourquoi, dans un musée s’appelant L’Hermitage et dont la vocation – du moins jusqu’ici – à toujours été de montrer les trésors de son » grand frère » de Saint-Petersbourg, ce tableau provenant d’un musée de La Haye, le Mauritshuis ? Vous le devinez: c’est la guerre… En attendant, allez donc voir cette petite exposition. Dans un mois à peine, elle sera suivie par une exposition similaire, consacrée à La tour de Babel, de Pieter Brueghel Ier, qui fermera le cycle commencé par La laitière de Vermeer et La maison jaune de Van Gogh. Et vous aurez enfin le temps et l’énergie de voir le reste du musée : la galerie consacrée au lauréat du prix ABN-AMRO (cette année : Neo Matloga), celle des portraits des milices municipales (avec les observations hilarantes du photographe Hans Aarsman; espérons que la traduction anglaise les rendra bien) et, bien sûr, la salle où des animations vous racontent l’histoire d’Amsterdam. Sans oublier le musée-dans-le-musée, le Musée de l’esprit, consacré à l’art brut. Je ne vous en dirai pas plus.

La tour de Babel, de Pieter Brueghel Ier,1565, Coll. Boijmans Van Beuningen. A partir du 26 juillet, ce tableau sera exposé à l’Hermitage d’Amsterdam, jusqu’au 28 août.
L’Hermitage, Amstel 51 (près de Waterlooplein), Amsterdam.
[…] (1667), dont j’ai déjà dit tout le bien que j’en pensais lors de son bref séjour à l’Hermitage d’Amsterdam. Pour voir ces trésors-là, des visiteurs sont venus du bout du monde. Et il y a de […]
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