L’Hermitage et la guerre

Façade de l’Hermitage au bord de la rivière Amstel

Imaginez un peu : vous êtes un musée, situé à Amsterdam, dont la  » collection  » se trouve essentiellement à quelque 2000 kilomètres, à Saint-Petersbourg. Un musée qui, pour ses expositions temporaires peut puiser dans les trésors fabuleux  de l’Hermitage.

Annabelle Birnie (à gauche), directrice de l’Hermitage, et Martine Gosselink, son homologue du Mauritshuis, devant le dernier autoportrait de Rembrandt

Au départ, il y a treize ans, lorsque l’Hermitage-sur-Amstel fut créé, cela paraissait une excellente idée. Et pendant une bonne dizaine d’années, cela marchait fort bien. Le public accourent, de toute l’Europe de l’ouest.

L’Hermitage de Saint-Petersbourg

Puis, il y a eu le covid-19 et ses confinements successifs, avec fermeture des musées, totale ou partielle. L’Hermitage d’Amsterdam, n’étant pas subventionné, à été plus durement frappé que d’autres, et à dû licencier une bonne partie de son personnel. Mais il a tenu le coup. Jusqu’au jour où Poutine a décidé d’envahir l’Ukraine. Le directeur de l’Hermitage de Saint-Pétersbourg, Mikhaïl Piotrovski, a déclaré que son ami Poutine avait parfaitement raison d’attaquer l’Ukraine et que lui, Mikhaïl Piotrovski, soutiendrait toujours toutes les guerres de son grand ami. Son homologue d’Amsterdam, Annabelle Birnie, a  décidé aussitôt de couper les liens. L’exposition en cours a été terminé en catastrophe, les pièces renvoyées dare-dare.

Rembrandt, Autoportrait, 1669

Mais que faire ensuite? Heureusement, il n’y avait pas que des oeuvres venues de Russie, et des musées néerlandais se sont précipités pour aider. Depuis, l’Hermitage-sur-Amstel abrite l’Héritage néerlandais (Dutch Heritage). D’abord, il y a eu une exposition autour de La laitière de Vermeer (prêté par le Rijksmuseum), ensuite ce fut le tour de La maison jaune de Van Gogh (prêté par le musée du même nom). À présent, c’est le tour du dernier autoportrait de Rembrandt (1669) dont le musée Mauritshuis de La Haye est propriétaire. Le cycle se terminera par La tour de Babel, de Pieter Brueghel Ier. Et à l’automne, il y aura enfin de nouveau une grande exposition (en collaboration avec la National Portrait Gallery de Londres), Love Stories. Tout un programme…

La tour de Babel, de Pieter Brueghel Ier, qui doit clore la série Dutch Heritage.