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Oui, la foire est finie, mais ça vaut toujours le coup d’en reparler, il y avait tant de choses à voir (et à acheter…).
La foire a comptabilisé 37.000 visiteurs (dont pas mal d’acheteurs). Certains jours, il y avait foule.
Quant aux objets, il y en avait aussi tellement, et d’une telle variété, que c’en est très difficile de faire un choix. Alors, une fois de plus, je me laisse guider par ma subjectivité, et par le hasard de mes pérégrinations. Et par l’amitié, pourquoi pas ? (Ci-contre : le stand des galeries Borzo et Mayor)

Une petite histoire d’abord, un détail pittoresque. À New York, il y a un hôtel, le Chelsea Hotel, assez légendaire, surtout dans les seventies. (Tiens, on vient juste de sortir un film documentaire sur le Chelsea hotel, Dreaming Walls, tout un programme…) Tout artiste se respectant devait y avoir séjourné au moins une fois, mieux: y avoir habité…
Or, il se trouve que les trois artistes exposés au stand que se partagent The Mayor Gallery et la galerie Borzo, à savoir Jan Henderikse (1937), Billy Apple (1935-2021) et Mark Brusse (1937), ont tous les trois séjourné dans ce fameux hôtel – à des moments différents, il est vrai. Cela crée un lien.

Commençons par le plus âgé, Billy Apple, né sous le nom de Barrie Bates à Auckland (Nouvelle-Zélande). À présent, soeuvres se trouvent dans les collections permanentes de très nombreux musées, dont Tate Britain, Guggenheim Museum, et le Detroit Institute of Arts. D’abord autodidacte, il a été admis en 1959 comme boursier au prestigieux Royal College of Art (RCA) de Londres, où il se lie d’amitié avec, entre autres, David Hockney. En 1964, il s’envole pour New York, où il devient un des fondateurs du mouvement Pop Art, avec, entre autres, Andy Warhol. Il a été aussi un des premiers à utiliser le néon dans ses créations artistiques. Cela a donné la série des « Rainbow » (arc-en-ciel), datant du milieu des année 60, dont l’un, justement, vient d’être vendu au cours de PAN. Tout vient à point…

Tout autre est l’itinéraire de Jan Henderikse. Il a fait partie, dans les années 1950-60, de la branche néerlandaise du « Groupe Zéro », ces artistes qui prônaient un art minimaliste, impersonnel, avec un matériau non « artistique ». Ainsi, Jan Henderikse – qui partage son temps entre New York et Anvers, après avoir beaucoup traîné ses guêtres en Allemagne – a beaucoup utilisé des déchets, des emballages vides, et également – comme pour les œuvres exposées à PAN, des bouteilles, des pièces de monnaie – qui donnent d’ailleurs un effet surprenant.
Quant au troisième « larron », Mark Brusse (1937), il ne fait partie d’aucune école, d’aucun courant. Il est quoi? Peintre ? Sculpteur ? Tout cela, et bien plus. …. Il écrit aussi, et très bien, je l’avais constaté voici des années déjà. Et de surcroît, il photographie … La galerie Borzo à exposé ses photos newyorkaises des années 1960-70. Des photos de la vie de tous les jours, et qui donnent le contexte des œuvres exposées ici.


Mark Brusse au stand de Borzo/The Mayor Gallery, écrivant un texte pour accompagner ses oeuvres exposées ici ; derrière lui, une sélection de ses photos newyorkaises.
Depuis sa période newyorkaise (dont une œuvre est exposée au Mucem), Mark a fait du chemin, comme l’ont montré deux grandes expositions tenues récemment aux Pays-Bas, a Nimègue, où il a passé son enfance, et à La Haye, au beau musée de sculpture en bord de mer. Il a plusieurs fois changé de technique, de matériau, en fonction du sujet ou de l’endroit où il travaillait (un peu partout dans le monde). À ses débuts, quand il n’avait pas un rond, il utilisait ce qu’il pouvait ramasser dans la rue ou dans les chantiers de démolition, du bois, de la ferraille, des bouts de corde, faisant feu de tout bois, si j’ose dire.
En ce moment, on l’expose un peu partout, d’Amsterdam à Marseille, en passant par Paris. Et bientôt, le couronnement : au printemps 2023, il aura sa propre salle au Centre Pompidou. A juste titre, si vous voulez mon avis. Il était temps. (Ci-contre : « Double relief im 18 colors », New York 1966-67. Centre Pompidou. Temporairement au Mucem, jusqu’au 13 février 2023)

Passons à l’autre bout de cette foire-exposition qu’est PAN, à un tout autre matériau aussi : le verre. J’aime bien les objets de verre, les vases, les flacons – ah, les flacons de Lalique ou de Daum, les vases de Gallé (je vous en parlerai plus tard). Mais à la vérité, je n’associais pas tellement le verre à l’art tout court.


Eh bien, j’avais tort de ne pas y penser. Le verre reflète la lumière, et la combinaison de couleurs, de formes et de lumière aboutit à un objet continuellement changeant. Et cela peut être fascinant. J’ai noté en particulier des objets de Xavier Le Normand, aux formes toutes simples, des cercles, des ellipses, mais c’est justement par cette combinaison de lumière reflétée et de couleur, qu’ils captivent le regard. Et il y a d’autres artistes dans la même veine dans cette galerie Étienne.
Ainsi, il y a les fleurs de la Slovaque Zora Palova, et on se souvient que la Tchécoslovaquie d’antan avait une tradition de cristallerie et de céramique. Il y a aussi des oeuvres fort différentes, des petites figurines qui jouent surtout la carte de l’humour.


Il y a même quelques tableaux, rien à voir avec le verre, mais intéressants tout de même, des « paysages » Newyorkais, tout en hauteur évidemment. Des couleurs hivernales, du gris, du blanc, mais surtout du gris, mat. Aucune brillance. « Winter Morning « , on s’en douterait. Paul Balmer, un nom à retenir.
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English summary : Personal Choices and Discoveries
PAN 2022 has closed its doors, but there is still a lot to say about it. It’s hardly impossible to make « objectice » choices. So, unashamedly, I’ll describe my very personal ones – and some discoveries I made at this art fair.

I’ll start with a stand I’ve come to know well, the one that was shared by the Dutch gallery Borzo, and their English counterpart The Mayor Gallery. They both have been around for a long time, and the owners know their trade inside out.
At this fair, they came with three artists, Billy Apple (1935-2021), Jan Henderikse (1937) and Mark Brusse (1937). They have in common that they all stayed at the legendary Chelsea Hotel in New York – but that’s where they would stay, wouldn’t they l? In the sixties and seventies, all artists did… (Next: Barrie Bates as Billy Apple, his new artist identity from 1964 on.)

Let’s start with the elder, Billy Apple, and perhaps also the most famous of the three. Born in Auckland as Barrie Bates, he obtained a scholarship at the Royal College of Art in London, where he became friends with David Hockney, among others. In the mid-sixties, he is working in New York, where he became one of the founding fathers of Pop-Art, with Andy Warhol, among others.

It was here that Barrie Bates transformed himself – as it were – into Billy Apple, the apple becoming – much later, back in Auckland – his trade mark. But well before that, he pioneered working with neon, and made his famous « Rainbow » series – arcs of rainbow-coloured neon tubes, among which « Double Arc » (1964-65).
At the fair, a colleague of mine wondered aloud why « old » art works, shown before at earlier fairs, were exhibited again (and again), since « they didn’t sell »… Well, the answer seems obvious: for instance, tastes may change, as do the means to buy art. Not to mention the fact that some art works just don’t get obsolete… At this fair, Billy Apple’s « Double Arc » was bought by « a prominent international museum ». Hopefully, we’ll soon know which one. And, by the way, « Double Arc » was created in 1964-65…

Jan Henderikse was one of the founders of the Zero Movement, as it was called, in the fifties and sixties. Minimalist, impersonal, distant, making use of « non artistic » materials – old coins, as to Henderikse. Empty bottles, too. And yes, these do make interesting art works.


As to the third guy in this company, Mark Brusse (1937), he doesn’t belong to any school or movement – and never did. He is even difficult to define as an artist. Sculptor? Painter? Engraver? Writer? All of this, and a photographer on top of that. The Borzo Gallery exposed a series of photographs Mark made during his years in New York, daily life scenes from the sixties that show the context of his art works.
In the same vein, Mark Brusse works with very different materials (wood, iron, bronze, ceramics, textiles, paper, canvas…) and, accordingly, different techniques, as several big exhibitions show (in Nijmegen and in The Hague, while Mark’s motherland rediscovers and reappreciates its never lost son…) (Next : Mr Tungurahua’s Daughter 2001. Centre Pompidou. Exhibited in Nijmegen)


France honours him even more, and rightly so. Soon, Mark Brusse will have his own, permanent room in the Centre Pompidou in Paris (from March 2023 on, according to plan). About time… (Next: Everything Wakes Me Up, 1975. Centre Pompidou. )
One material Mark Brusse never uses – as far as I know – is glass. And that is precisely what one exhibitor – Étienne Gallery – specialises in. I love glass bottles and vases, but so far I didn’t think of glass as a material for art. But it is !
The combination of light and colours can make even simple shapes like circles or ovals quite interesting. See those created by Xavier Le Normand, for instance. Or Zora Palova’s flowers . To name only those two…


Xavier Le Normand, La Dérive des continents, 2022
Étienne Gallery does not only host glass artists. Their stable comprises (at least) one painter, the American Paul Balmer. His grayish winter cityscapes completely lack the reflections of glass, they are quite the opposite. But I found them interesting.

I’ll write just one more blog about PAN, about applied arts (silver, porcelaine, glass, furniture)… and… culinary art ! Wait for the next issue…