Voici cent-cinquante ans naquit Piet Mondriaan (1872 – 1944) – actuellement peut-être plus connu comme Mondrian ou Mondriaen. Il vit le jour dans une petite ville pittoresque au centre des Pays-Bas, Amersfoort, ville séculaire qui dans le passé eut bien plus d’importance qu’elle n’en a aujourd’hui.
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Piet a huit ans quand ses parents déménagent à Winterswijk, une toute petite ville dans l’Est des Pays-Bas, à quelques kilomètres de la frontière allemande. Son père y est nommé instituteur et Piet passe le reste de son enfance et de son adolescence là-bas, où son oncle Frits Mondriaan, peintre amateur talentueux, l’emmène dans les bois environnants et lui apprend les bases du dessin et de la peinture, et surtout la peinture « sur le motif ». Piet y retournera souvent, avec ou sans son oncle, et il continuera d’y peindre le paysage. D’Amersfoort, il ne se souvient guère. Pourtant, Amersfoort se souvient de lui, et pas qu’un peu.


C’est ainsi que la ville d’Amersfoort a sa Maison de Mondriaan – tout comme Winterswijk a son musée Mondriaan, d’ailleurs. Et à intervalle régulier, Amersfoort honore celui qui est devenu un de ses enfants les plus célèbres.
Ci-contre: un tableau de l’oncle Frits (Ferme au bord de l’eau). Détail. Coll. Simonis-Buunk.
Pour le cent-cinquantenaire de sa naissance, le musée Flehite, spécialisé dans l’histoire (de l’art) de la ville d’Amersfoort, a monté une belle exposition des œuvres de jeunesse de Piet Mondriaan. Celles-ci sont entourées d’œuvres de ses contemporains, en particulier les impressionnistes de L’Ecole de La Haye.


Cette exposition nous montre, d’une part, que Mondriaan a continué à peindre des paysages, en particulier ceux de ses jeunes années, autour de Winterswijk et autour d’Amsterdam, où il a passé ses années d’étudiant aux Beaux-arts. Il les a peints et repeints, même lors de sa période abstraite, la plus connue.
Ci-contre: Ferme vue d’en aval, 1903. Coll. privée
D’autre part, on peut constater que Mondriaan a commencé, petit à petit, à rendre ses paysages plus « abstraits », plus « schématiques » par endroits que ceux de ses contemporains, moins « naturalistes » si l’on veut. On commence également (avec un tout petit peu de bonne volonté) à distinguer une certaine prédilection pour les couleurs primaires. Le rouge, le bleu, le jaune, le blanc. Cela aussi, est intéressant.
Ci-contre: Piet Mondriaan, Ferme. 1904. Kunstmuseum Den Haag.


Ce changement de palette s’est amorcé durant l’année (1904) qu’il a passé dans le province de Brabant, interrompant son séjour à Amsterdam. De retour dans cette ville, il a continué sur la voie de l’abstraction. Comme ses compatriotes ne le comprenaient plus, Mondriaan a fini, en 1912, par s’exiler à Paris.
Ci-contre: Grange. 1904. coll. Kunstmuseum Den Haag
Les débuts de Mondriaan, et son évolution, notamment dans la voie de l’abstraction se voient très bien dans cette exposition au Musée Flehite. Mais surtout, même sans vous préoccuper de l’histoire de l’art, il y a de beaux tableaux à voir (dont plusieurs provenant de collections privées, donc rarement accessibles). Et ce, dans une belle ville historique, qui plus est. Rien que ça, ça vaut le coup.
Alors, qu’est-ce que vous attendez ? Vous êtes aux Pays-Bas pour les vacances de la Toussaint, vous avez peut-être vu Klimt au Musée Van Gogh ou la Collection Frick (« Manhattan Masters » au Mauritshuis de La Haye (les deux sont merveilleux et valent le voyage, rien qu’à eux seuls), ou peut-être n’avez-vous pas réussi à obtenir des billets… on se presse aux guichets, physiquement comme en ligne.
Donc, prenez le train et à une demi-heure (à partir d’Amsterdam ou de La Haye) vous êtes à Amersfoort. Prenez à gauche en sortant de la gare (direction: centre ville) , suivez le boulevard jusqu’à un grand carrefour où, suiivant les panneaux d’indication vous prendrez à droite, et en moins d’un quart d’heure vous voilà en plein centre historique et aux portes de ce musée Flehite. Vraiment, ça vaut la visite.
adresse et dates
Naar de natuur. Mondriaan en de Haagse School. (D’après nature. Mondriaan et L’École de La Haye), jusqu’au 29 janvier 2023. Musée Flehite, Westsingel 50, 3811 BC Amersfoort. Tel.: +31 (0)33-247 11 00. E-mail: info@museumflehite.nl. Ouvert du mardi au dimanche 10.00 h – 17.00. Tickets: adultes €13,00, moins de 18 ans : gratuit. Itinéraire : voir site Musée Flehite.
English summary
Piet Mondriaan, landscape painter
Piet Mondrian or Mondriaan (1872-1944) was born 150 years ago in the quiet Dutch town of Amersfoort. That is why his birth town honours its famous child today with an interesting exhibition of his early work, and that of some of his contemporaries. It is on show in the pretty Flehite Museum, that specialises in Amersfoort’s history.

Mondriaan, in his early days, wasn’t into abstract art, and he didn’t limit himself to primary colours. Quite the opposite. For several years, he painted mainly landscapes, the way his uncle Frits taught him. He was inspired by the School of The Hague, in turn inspired by the Barbizon artists and the impressionists. So he painted rural life, farms, windmills, rivers and other waterways, trees, skies…
Yet, even in Mondriaan’s landscapes, one can trace his evolution toward abstraction and, finally, also a preference for bright colours. We can notice this in particular in comparison with his fellow landscape painters. Here and there, and more and more, he omitted details, reducing his topic (a farm, for instance) sometimes to a few more or less geometrical shapes. His early landscapes are far from actually actract, but his work does point in that direction already. Later, around 1910, when his work becomes more and more abstract, his Dutch countrymen didn’t understand him anymore. In 1912, he moved to Paris.
Place and dates: click here.
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