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Informations pratiques: cliquez ici
Vous êtes aux Pays-Bas pour les vacances de la Toussaint / du 11 novembre ? Il y a beaucoup de choses à voir, mais il y a deux expositions qui se terminent bientôt et qu’il serait dommage de rater : Kandinsky à Amsterdam (jusqu’au 10 novembre 2024), et Ron Mueck à La Haye (enfin, juste à côté, au musée Voorlinden à Wassenaar, jusqu’au 17 novembre 2024). De cette dernière exposition (voir ci-dessous), je vous parlerai très bientôt.

À droite : photo grandeur nature de Vassily Kandinsky, à l’exposition au musée H’art, où – outre les oeuvres du peintre – on peut voir aussi des vidéos racontant sa vie.
Vassily kandinsky (1866-1944)
Kandinsky d’abord, c’est l’aîné après tout. Soixante de ses oeuvres (provenant du Centre Pompidou) sont au musée H’art.
H’Art ? C’oeur ? Qu’est-ce que c’est que ça ? Ne vous cassez pas la tête. Ce n’est autre que l’ancien Hermitage Amsterdam, où vous avez peut-être vu les bijoux de la grande Catherine, ou bien encore, après LA catastrophe – l’invasion de l’Ukraine par la Russie – Le regard de Rembrandt. Pour plus de détails, appuyez ici.
/ Eh oui, LA catastrophe – l’invasion de l’Ukraine par la Russie, approuvée, que dis-je, acclamée par le directeur de l’Hermitage de Saint-Petersbourg, dont celui d’Amsterdam était en quelque sorte la « dépendance » : toutes les expositions, jusqu’au 24 février 2022, se faisaient à partir des trésors de l’Hermitage-Saint-Petersbourg. Du jour au lendemain, c’était devenu impossible ; il a fallu remballer la belle expo sur les arts appliqués dans la toute jeune Union Soviétique des années 1930 – qui venait tout juste d’ouvrir ses portes – et se réinventer. Très vite, on a trouvé des solutions temporaires grâce aux autres musées néerlandais et européens. Il a fallu trouver un nouveau nom – qui rappelait un peu l’ancien, mais pas trop. Bref, on a fini par adopter H’Art.
Et, au moins aussi important, on a trouvé de nouveaux partenaires : le Centre Pompidou à Paris, le British Museum à Londres, et le Smithsonian American Art Museum à Washington D.C.

Le nouveau nom du musée – une fois les liens avec l’Hermitage de Petersbourg coupés – est donc H’Art. Art, Coeur, le coeur de l’art – pourquoi pas ? H’art a inauguré sa nouvelle vie avec une grande exposition Kandinsky, montée en collaboration avec le Centre Pompidou. C’est ce musée parisien qui – grâce à la veuve de Kandinsky – détient la plus grande collection d’ oeuvres de Kandinsky au monde.
Généreusement, le Centre Pompidou a prêté 60 oeuvres à H’Art. Et non des moindres ! Ainsi, il y a le fameux « Arc noir » (« Mit schwarzem Bogen », 1914 – ci-contre), qui marque sans doute un tournant.

Dans cette exposition, il y a les toutes dernières oeuvres de Kandinsky, et il y en a parmi les toutes premières, figuratives, et notamment celles qu’il a faites au cours de ses nombreux voyages, aux Pays-Bas, en Tunisie, à Venise…

L’exposition d’Amsterdam montre très bien le parcours de Kandinsky. De figuratif, impressionniste pourrait-on dire, il évolue vers l’art abstrait. C’est étonnant de voir quel grand artiste il est devenu, et quelle a été son influence, quand on considère que Vassily Kandinsky ne s’est converti vers l’art qu’à l’âge de 30 ans, après avoir étudié l’économie et le droit pendant 10 ans. Sa conversion coïncide avec une excursion faite dans le cadre de ses études, dans une région éloignée du Nord de la Russie, où il a découvert des fermes à l’intérieur au décor colorié. Cet art populaire l’a beaucoup impressionné et ce sont ces décors, finalement, qui semblent avoir incité Kandinsky à changer son fusil d’épaule et d’opter pour l’art.

Vassily Kandinsky part donc à Munich pour suivre une formation artistique. Là, il rencontre d’autres artistes, des compatriotes comme les peintres Alexej Jawlensky et Marianne von Werefkin, ou le danseur et chorégraphe Serge Diaghilev (fondateur des Ballets Russes). Il fait aussi la connaissance d’artistes allemands comme Paul Klee, Gabriele Münter (qui deviendra sa compagne), August Macke ou Franz Marc. Tous ces peintres feront partie du fameux cercle Der Blaue Reiter, d’après « l’Almanach » du même nom publié par le groupe, et qui contenait plus ou moins leur credo.

L’exposition montre bien l’évolution de la peinture de Kandinsky – et l’influence des différents endroits où il a habité ou qu’il a visités. Comme celle de l’air du temps dont les artistes comme les autres étaient, tous, forcément imprégnés. Ainsi, au début du XXe siècle, l’ésotérisme faisait rage sous toutes ses formes, même parmi ceux qui, par ailleurs, étaient fort rationnels. Kandinsky, lui, a notamment assisté à des conférences de Rudolf Steiner (fondateur de l’anthroposophie) et d’Annie Besant, grande figure de la théosophie. Bild mit rotem Fleck (Image à la tache roug)e en est le reflet, ainsi que l’ouvrage que Kandinsky a publié en 1911, Über das Geistige in der Kunst (Sur le spirituel dans l’art).

Kandinsky et Münter ont aussi vécu quelque temps à Paris, d’ailleurs, en ce tout début du XXe siècle. C’étaient les années où ils voyageaient beaucoup, des Pays-Bas jusqu’en Tunisie. De retour en Allemagne, ils ont vécu dans le village de Murnau près de Munich, jusqu’à la Première Guerre mondiale, quand Kandinsky s’est trouvé forcé de rentrer au pays natal, la Russie.

À partir de 1921, il revient en l’Allemagne et, après l’arrivée de Hitler au pouvoir, en 1933, c’est de nouveau la France, dernière étape de l’artiste. Séparé entre-temps de Gabrielle Münter, Kandinsky épouse Nina Andreïevskaïa en 1917. Plusieurs décennies plus tard, après le décès de Kandinsky, Nina léguera toute l’oeuvre de son mari au Musée national d’art moderne, à présent intégré au Centre Pompidou.

Au moment de son arrivée à Munich, c’était la grande période du Jugendstil (Art nouveau), et de l’idée de Gesamtkunstwerk (Oeuvre d’art d’ensemble). À Paris, durant son premier séjour là-bas, c’est le début du modernisme, de l’expérimentation qui bat son plein et qui s’exprime dans le cubisme, le fauvisme et d’autres expressions qui à leur tour mènent à l’art abstrait. Il y fait de nouvelles connaissances, à commencer par Gertrude Stein, qui, elle, connaît tout le monde et qui soutient pas mal d’artistes. Kandinsky entre donc en contact avec Picasso, Robert Delaunay, Matisse, et tant d’autres… Il participe à des expositions, mais au cours de ces années-là, il est en plein expérimentation, et encore très influencé par les impressionnistes, ou leurs successeurs comme Van Gogh ou Cézanne.

De retour en Allemagne, Kandinsky joint le Bauhaus, ce groupe d’architectes et d’artistes sous l’égide de Walter Gropius. On en voit le reflet dans sa peinture sous la forme de figures géométriques, et des couleurs bleu, jaune et rouge. Plus tard, dans les années 1930, quand Kandinsky sera revenu à Paris pour de bon, il fera aussi la connaissance des surréalistes, Breton, Eluard, ainsi que de Jean Arp et Sophie Täuber-Arp, Fernand Léger, Le Corbusier, sans oublier Piet Mondriaan… Quel creuset artistique !

Allez voir ça, dépêchez-vous, c’est bientôt fini et ça vaut le coup.
Informations pratiques
Jusqu’au 10 novembre 2024. H’ART Museum
Amstel 51, 1018EJ Amsterdam.
+31 (0)20 530 8755, mail@hartmuseum.nl.
Heures d’ouverture : 10h – 19 h, dernière entrée 18 h. Tickets : adultes (18 ans et plus, sans réduction) : €22,50. Etudiants / CJP: € 15,00. Museum Pass : € 5,00. Moins de 18 ans, I amsterdam City Card/ GoCity, Stadspas, IRCOM, carte de presse : gratuit.
Plus d’images dans la section anglaise
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English summary
Kandinsky in Amsterdam’s H’art…

If you happen to be in the Netherlands these days, around Remembrance Day, you are lucky. There are a great many exhibitions of all sorts.
In the background: Vassily Kandinsky, Auf Weiss II (Sur blanc II), 1923.
But two of them need to be seen right away, because they will close pretty soon. That is Kandinsky in Museum H’art (Amsterdam; until 10 November), and Ron Mueck in Voorlinden (Wassenaar, near The Hague, until 17 November). As to this last one, I will tell you more in my next blog.
Image : Ron Mueck, Woman with Sticks, 2009

Now, first things first, Kandinsky. You only have a few more days to visit it, and I’ll tell you right away, it’s worth it.
If you want to know more about the museum itself and its unusual name, click here.
/ H’art is the new name of the museum formerly known as Hermitage Amsterdam. The old name shows you right away what the problem was. The « old » Hermitage Amsterdam was linked to its Big Brother in Petersburg, until that infamous 24 February 2022, when Putin invaded Ukraine, and was warmly approved by the Hermitage’s Russian director… From then on, the Hermitage Amsterdam could only sever all ties with its Big Brother. An exhibition about the Russian avant-garde, that had only just opened its doors, closed, and all the art works were returned to sender… The museum had to reinvent itself, and start a new life.
And it succeeded remarkably well. With a little help from its Dutch and European museum friends, it could remain open, and now it has that new name, and a new life, thanks to new collaborations, with the Centre Pompidou in Paris, the British Museum in London, and the Smithsonian American Art Museum in Washington DC.


The exhibition in H’art – for which the Centre Pompidou in Paris lent generously 60 of Kandinsky’s works – gives a very good idea of the evolution of the painter, who went from figurative to abstract in the course of time.

Kandinsky discovered art relatively late. Formed as an economist and lawyer, he was much impressed by the popular art he saw in the very North of the Russian Empire where he worked as an intern. He moved to Munich to study art, and was pretty soon successful. In Munich, of course, he met other artists, other Russians like Alexej Jawlensky and Marianne von Werefkin, or the dancer and choreographer Serge Diaghilev (who created Les Ballets Russes).

He also met German artists, like Paul Klee, Gabriele Münter (who became his partner), August Macke or Franz Marc. As a group they published an « Der Blaue Reiter Almanach« , whereafter the group itself became known under that same name.

In the early years of the 20th century, Kandinsky and Münter travelled a lot (Netherlands, Venice, Tunisia), and also lived for a while in Paris, where, of course they met other fellow artists (Picasso, Léger, Robert Delaunay), as well as, of course, Gertrude Stein, who was in the middle of them all. It also meant they moved from a world- Munich – where the Jugendstil was at its height, to one – Paris – where the idea of « modernity » was perhaps more predominant, and where artists were trying to find out new styles, like cubism. After a while, they moved back to Munich, or rather to a nearby village, Murnau. Then again, Kandinsky had to move – back to his country of origin, the Russian Empire, when World War I broke out. He only came back to Germany in 1921 – in different circumstances.

In Russia, separated from Gabriele Münter, Kandinsky had married Nina Andreyevskaya, who, decades later, well after her husband’s death, would bequeath all his work to what was to become the Centre Pompidou. By that time, the couple had been living in or near Paris since 1933, when – again – they had to leave Germany, this time because Hitler came to power.

Of course, this new – and final – stay in France led to new contacts, new friends, new influences – among which the surrealists (Breton, Hans Arp, Sophie Täuber-Arp) – but also artists like the very rational Piet Mondriaan – as well as different esoteric movements (theosophy, anthroposophy,…) that were quite popular in those days. If we add to this all Kandinsky’s work with Walter Gropius‘ Bauhaus-group during his last stay in Germany, we get an idea how broad his artistic world was.
Go and see this exhibition. You have a few days left.
Practical information
Last day 10 November 2024. H’ART Museum
Amstel 51, 1018EJ Amsterdam. Postal address : Postbus 11675, 1001 GR Amsterdam.
+31 (0)20 530 8755, mail@hartmuseum.nl.
Opening hours : 10 am – 7 pm, last entry 6 pm.
Tickets : adults (from 18 years on) : €22,50. Students / CJP : € 15,00. Museum Pass : € 5,00. Under 18 years of age, I amsterdam City Card/ GoCity, Stadspas, IRCOM, press card : free.
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