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Une enfant dans une confiserie – ou dans un magasin de jouets. Alice au pays des merveilles. C’est comme ça que je me suis sentie à la TEFAF, la grande foire d’art de Maastricht (270 participants), la plus importante d’Europe, et même, sans doute, du monde.
Je n’ai pas pu tout voir, loin de là. Je m’y suis baladée au gré de mes goûts, de mes amitiés et de mes rencontres. Ce que je vous en rapporte est donc tout ce qu’il y a de subjectif. Partiel ET partial. Soyez prévenu. J’aimerais tout de même partager avec vous mes coups de coeur.
(Ci-contre: Rachel Ruysch (1664-1750), Bouquet d’un mélange de fleurs, 1734, Richard Green Fine Art. )
D’abord: Germaine Richier (1902-1959). J’étais époustouflée – et émerveillée – de voir un si grand nombre de ses oeuvres dans le stand d’une seule galerie. Jacques de la Béraudière est son galériste depuis les années 1970, raconte-t-il. Il est ravi qu’il y ait en ce moment une grande rétrospective Richier au Centre Pompidou et que, d’une manière générale, son œuvre reçoive, de nouveau, l’appréciation qu’elle mérite. « Elle était complètement oubliée ! » affirme-t-il, à ma surprise. Pourvu que cette période d’oubli appartienne au passé !
(Ci-contre: L-Escrimeuse, 1943, Galerie de la Béraudière, Bruxelles)
La Mayor Gallery de Londres met en avant ses artistes femmes, dont la Colombienne Feliza Bursztyn (ci-contre), la Britannique Emmy Bridgwater, les Françaises Alice Rahon ou Valentine Hugo, la Franco-Portugaise Maria Helena Vieira Da Silva l’Italienne Marina Appolonio, la Japonaise Aika Miyawaki et bien d’autres, dont pas mal de surréalistes. Une belle brochette. Bravo !
Une femme de renom également à la Galerie Borzo : Jacoba van Heemskerk (1876-1923), dont les œuvres sont rares sur le marché. Son œuvre, s’il faut lui assigner une catégorie, se situe plutôt dans le cadre de l’expressionnisme. Née à La Haye, aux Pays-Bas, elle a travaillé entre autres à Paris (où elle a suivi des cours chez Eugène Carrière) et surtout à Berlin, où elle faisait partie du groupe Der Sturm de Herwarth Walden et où elle avait bien plus de succès que dans son pays natal. Au stand de la Borzo Gallery, Van Heemsnerk est en bonne compagnie, entourée d’œuvres de Jan Schoonhoven, de Ger van Elk et de Giuseppe Penone, entre autres.(Ci-contre : Bild no. 67, 1917).
Plusieurs galéristes m; ont fait part de leur ambivalence envers la vente de certains objets d’art, surtout si ceux-ci font partie de ce qu’on pourrait appeler une « collection », et encore plus si le marchand a des liens de longue date avec l’artiste – et avec son oeuvre. La séparation fait mal. D’un autre côté, la vente de l’art est leur métier, et la source de revenus du maarchand comme de l’artiste. Une consolation: savoir que le tableau, la sculpture est en de bonnes mains. Et une autre : pouvoir acheter un autre objet d’art…
J’ai demandé ce qu’il en était à Dorian Dogaru, de la galerie Georges-Philippe et Nathalie Vallois, qui ont ce qu’on pourrait appeler une belle collection de sculptures-machines de Jean Tinguely. Il m’a expliqué que, la galerie travaillant en coopération avec la fondation Tinguely, la vente des œuvres sert aussi à (co-)financer la restauration d’œuvres de Tinguely qui en ont besoin. Et apparemment, il y en a pas mal, notamment dans le domaine public. Exemple : la Fontaine Stravinsky (1983, œuvre de Jean Tinguely et Niki de Saint-Phalle), qui a longtemps orné la piazza devant le Centre Pompidou.
Pour finir, juste quelques œuvres qui m’ont touchée. D’abord ce pastel (mais oui!) de Camille Pisarro (1830-1903), cette « Paysanne assise et tricotant » (1883). Il y avait un autre beau pastel de Pisarro dans ce stand de la Galerie Richard Green, ainsi qu’un Marquet, un Degas (également un pastel), et d’autres impressionnistes. Pour n’en rester qu’au XIXe siècle…
Hendrik Breitner (1857-1923) et Isaac Israëls (1865-1934) fraternellement côte à côte ? Ou plutôt Breitner (au milieu) écrasé des deux côtés par Israëls ? Les deux situations ont été vraies à tour de rôle. Les hommes ont été amis – pendant un temps, au point de partager une maison à Amsterdam. Mais d’amis, ils sont devenus rivaux, chacun enviant le succès de l’autre à tour de rôle. Ils ont fini par se réconcilier – plus ou moins, et très tardivement. Pourtant, ils avaient plus en commun qu’ils n’auraient voulu admettre. Breitner, l’aîné, était plutôt un peintre de l’extérieur, il a peint la vie des rues d’Amsterdam, les transformations de la ville. Israëls, dont le père, Jozef Israëls, était déjà un peintre de renom, s’est spécialisé dans les portraits, surtout dans les milieux mondains. Mais il a peint aussi quelques belles vues d’Amsterdam, tout comme Breitner a fait quelques beaux portraits. Galerie Albricht.
Pierre Bonnard, Assiette de Fruits (ou « Les Pommes »), c 1930. Dickinson. 
John Singer Sargent, Mrs. Burckhardt and her Daugher, 1885. 
David Hockney, Yves Marie in Wicker Chair, 1979. Dickinson. 
Sir Henry Raeburn, Sarah Wordsworthter Mrs. Robert Hartshorn Barber. 1820. Dickinson.. 
Sir Anthony Van Dyck, Saint Jerome, 1616-17. Dickinson. 
Germaine Richier, Le Sablier III. 1953. Galerie de la Beraudière. 
Hélène Scherfbeck, Girl At The Gate IV, 1943-44. Adam Williams Fine Art – Amellis Kunsthandel. 
Carlo Bonavia, L’incendie. 1758. Perrin.(Le tableau a été attribué longtemps à Joseph Vernet) 
Carlo Bonavia, L’incendie (détail). Signature de Bonavia sur le coffre.
tefaf 2023, MECC Maastricht, Pays-Bas. Jusqu’au 19 mars inclus. tefaf online jusqu’au26 mars 2023. tefaf.com/online The european fine art foundation, dijsselhofplantsoen 14, 1077 bl amsterdam, the netherlands. +31 20 3036400 info@tefaf.com
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English summary
TEFAF, Wonderland
I’m just going to give you a few impressions, a few of my personal favourites ; you have seen quite a few of them in the section above, even if you don’t read French. Next to this text (or above) , a painting by Gerrit Berckheyde (1638-1698) representing Amsterdam in the 17th century, precisely the crossing of two canals, Oudezijds Voorburgwal and Blauwburgwal. It’s one of the rare spots in Amsterdam that have hardly changed (apart from the many bicycles you see today). Richard Green Fine Art.
At the same gallery, this peaceful pastel by Camille Pisarro (1830-1903). And no, it’s not Provence or any other southern place, it is Auvers, now well known because of Van Gogh, but back in 1879, Pisarro specified that these cottages were « near Pontoise » (Chaumieres à Auvers, près de Pontoise). Richard Green Fine Art.
A Giuseppe Penone (Terra d’Ombra – Quercia. 1998) at Borzo Gallery…. (Below: details).
… A young Hockney (The Salesman, 1963) among several works by Giacometti, Picasso, Léger, a serene Vuillard, and quite a few Dubuffets. Thomas Gibson Fine Art Ltd
At the entrance of TEFAF , a cloud of flowers. Photo © Jacqueline Wesselius, 
Jan Schoonhoven, Four Rows of Slanting Planes. 1965. Borzo Gallery. 
Jan Schoonhoven. Ster-gerekt 1. 1968. Borzo Gallery. 
(Top) Aiko Miyawaki, Work. 1962. (Bottom) Alice Rahon, Untitled. c 1940s. The Mayor Gallery. 
Lucio Fontana, Concetto Spaziale, Attese. 1965-66. Borzo Gallery. 
Ilkhanid Bowl With Lorus Flower. Iran, 2nd half 13th-early 14th century. Galerie Kevorkian. 
Egyptian Polychrome Wood mummy mask. Third Intermediate Period. Ca 945-715 BC. Kallos Gallery. 
Egyptian Steatite Magic Cippus Ptolemaic. Ca. 3rd century BC, Kallos Gallery. 
Joan Miró, , Sans titre (Gouache onpaper), 1937, Landau Fine Art. 
Edouard Villard, Sous le portique. 1899-1900. Thomas Gibson Fine ARt.
Vu du Nord - Jacqueline's Blog 