Difficile d’emboîter le pas à toutes ces expos qui ouvrent leurs portes ces jours-ci. Et je ne parle même pas de tout ce qui est déjà là depuis quelque temps (et qui durera encore un peu, heureusement), comme Classic Beauties à l’Hermitage, qui jette un jour nouveau sur les (belles, parfois très, très belles) œuvres « classiques » du 18e siècle (comme les superbes sculptures d’Antonio Canova ou les tableaux d’une des rares femmes peintres, Angelika Kauffmann, qui mérite d’être plus connue). J’y reviendrai, l’expo est là jusqu’en janvier.

Vous avez aussi encore le temps (mais il passe vite) pour voir, au musée de Groningen (vaut le voyage) le groupe avant-garde des années 1920, De Ploeg (La Charrue), nom choisi d’une part en raison du caractère rural de la province de Groningen, où ce groupe était bien ancré ‑ mais sûrement aussi, sans doute, parce qu’il avait l’impression de labourer la terre artistique de l’époque… A voir sans aucun doute, vous ferez des découvertes. Vous avez jusqu’aux vacances de la Toussaint. J’y reviendrai, là aussi.
Si vous préférez aller à Londres, ne manquez pas Frida Kahlo (« Making Herself Up ») au V&A. « Frida Kahlo, encore Frida Kahlo ? » Je vous entends déjà d’ici. Cette expo-ci, elle est différente. Non seulement parce qu’elle montre une grande partie de la garderobe époustouflante de l’artiste, celle que l’on voit dans pas mal d’autoportraits et qui était restée cachée jusque-là, mais aussi parce qu’il y a non seulement les peintures qui vont avec, mais aussi de très beaux portraits, faites par de grands photographes comme Gisèle Freund. Et, curieusement, il n’y a pas trop de monde. Jusqu’au 4 novembre.
Retour aux Pays-Bas. À Voorlinden, à côté de La Haye, l’expo Wayne Thiébaud (vous savez, celui qui peint des gâteaux) se tient jusqu’au 28 octobre. Si vous aimez l’art contemporain, allez-y, il y a plein de choses à voir, et admirez, autour de ce musée (que les enfants adorent), un très, très beau jardin, en toute saison, mais certainement aussi à l’automne.
Je reviendrai plus longuement à plusieurs de ces manifestations, mais d’abord, les nouveautés.

Ainsi, viennent d’ouvrir, par exemple : « La vie du Bouddha » à l’Eglise Nouvelle à Amsterdam (« Nieuwe Kerk ») et « Rembrandt à Paris » au « Rembrandthuis », la Maison de Rembrandt (non, le peintre du siècle d’or n’a jamais mis les pieds à Paris, mais il y a eu de nombreux disciples, comme Manet ou Degas, oui, je vous assure…). Et leurs gravures, leurs pointes sèches ou autres, sont autant de références (et de révérences…) au maître hollandais du XVIIe siècle. C’est une petite exposition, relativement modeste, mais vous y ferez des découvertes. Quant à « La vie du Bouddha », inaugurée par le Dalaï Lama lui-même, il s’agit littéralement de l’itinéraire suivi par le prince Siddharta, de sa naissance jusqu’à sa mort, itinéraire au sens spirituel comme au sens géographique du terme. Cette vie est illustrée à la fois par de très belles œuvres d’art anciennes et orientales et par des œuvres d’artistes contemporains ‑ comme Aï Weï Weï ou Yoko Ono. Par ailleurs, on peut y faire aussi de la méditation, et bien entendu, il y aura des conférences et autres manifestations.
Il se passe aussi pas mal de choses en « province » (oui, pour les gens de l’Ouest, autrement dit de la « Randstad », la « région urbaine » comprise entre Amsterdam, Rotterdam, La Haye et Utrecht, tout ce qui est au-delà de ce petit périmètre est « la province »….. Tout ça dans un pays qu’on traverse en quelques heures….).
Ainsi, il y a MORE (musée spécialisé dans l’art dit réaliste), avec deux artistes étonnants, oubliés mais intéressants ; un sculpteur nommé Johan Polet (une œuvre très divers, dont on retrouve certaines sculptures sur des bâtiments du style Amsterdamse School) et un artiste (peintre autant que sculpteur) du nom de Kees Timmer, dont vous adorerez (entre autres) les « portraits » d’animaux…
Pas bien loin de là, au musée De Fundatie, également deux artistes, deux sculpteurs : Alberto Giacometti, que vous connaissez tous, et son contemporain Lynn Chadwick, en un sens son opposé (vu l’évolution de leur sculpture et de leur célébrité) ainsi que son frère ennemi (ils ont obtenu, l’un après l’autre, le Grand Prix de la Biennale de Venise). Ils se sont influencés mutuellement tout en se distinguant l’un de l’autre.

Deux artistes qui travaillent si étroitement ensemble qu’ils refusent de distinguer ce que fait l’un de ce que fait l’autre, ce sont Anne et Patrick Poirier. Après la Maison européenne de la photographie, le Centre Pompidou, le MoMa et la Biennale d’Art contemporain de Venise ‑ pour ne nommer que ceux-là ‑ les voilà maintenant à ce beau musée d’art moderne qu’est De Pont à Tilburg (installé dans une ancienne usine de textile). C’est très difficile de décrire ce qu’ils font, les Poirier. Vous pouvez déjà les écouter sur France-Culture, pour avoir une idée. Ils se laissent inspirer par l’archéologie, et leurs techniques sont multiples et variées. Il y a de la sculpture, de la peinture, de la photo… Bref, c’est intéressant et ça vaut le coup.
J’en passe, j’en passe, Et là, je ne parle même pas des expos à venir… Vous aurez de quoi faire, pendant les vacances de la Toussaint…