Courez!

Martin Creed (1968)
Work No. 1779 (2013) [Collección Juan Carlos Verme]
Work No. 850 (2008) [Rennie Collection, Vancouver]
Work No. 112 Thirty-nine metronomes beating time one at every speed (1995-1998) [Courtesy the artist and Hauser & Wirth]
[Photo: Antoine van Kaam]
La saison des expositions d’été commence, et elle s’annonce intéressante intéressante (le duo de couturiers/graphistes/designers Ravage à Arnhem, celui de la « couture locale » Hans & Puck à Amsterdam, Casa Romana à Leyde, Mondriaan à La Haye, Dubuffet à Amsterdam ‑ même doublement, au Stedelijk et dans les jardins du Rijks ‑ et j’en passe…).

Mais il est encore temps de voir quelques expositions sur le point de se terminer. Courez donc les voir !

Opnamedatum: 2017-3-23

Il y a d’abord, au Rijksmuseum, « Ode à Maria Sybilla Merian », jolie petite expo sur les dessins de cette artiste étonnante de la fin du XVIIe siècle, spécialiste des plantes et des insectes, et en particulier des plantes et insectes exotiques. Elle a voyagé jusqu’au Surinam (la Guyane néerlandaise) pour les étudier et les dessiner, et elle a publié plusieurs livres. Quelques-uns de ces ouvrages sont exposés au « Prentenkabinet » (cabinet des estampes) du Rijksmuseum, accompagnés de photomontages de l’historienne d’art Ella Reitsma (sous le nom d’artiste d’Ella Snoep). Jusqu’au 13 juin (renseignements pratiques).

Au Musée Central (Centraal Museum) à Utrecht, on pourra voir encore quelques jours l’exposition sur l’architecte Gerrit Rietveld qui faisait partie du groupe d’artistes (dont Piet Mondriaan et Theo van Doesburg) réunis sous la bannière du magazine « De Stijl »(Le Style), né en 1917, donc juste centenaire. On retrouve chez Rietveld les formes géométriques (les carrés, les cubes) et les couleurs (le rouge, le bleu et le jaune) devenues en quelque sorte les « empreintes » bien connues de Mondriaan. « Rietveld’s Masterpiece; Long live De Stijl! », jusqu’au 11 juin (renseignements pratiques). Mais des expositions sur « De Stijl » en général, et sur Mondriaan en particulier, on en trouve un peu partout dans le pays, en cette année du centenaire. Les plus grandes, les plus importantes sont au Gemeentemuseum Den Haag (musée municipal de La Haye) et au Stedelijk Museum d’Amsterdam. J’y reviendrai.

Ici, je veux surtout vous parler de « Say Cheese », l’exposition de l’artiste britannique Martin Creed, au musée Voorlinden ‑ musée de toute beauté, d’ailleurs, si vous aimez l’art contemporain (et/ou les jardins : le musée, tout neuf _ il date de 2016 ‑ est entouré d’un immense jardin superbe, qui longe les dunes de Wassenaar (La Haye) et qui, à lui tout seul, vaut déjà le détour…

Pour vous parler de Martin Creed, revenons un peu en arrière.

En 2008, je visitais la Tate Gallery à Londres avec ma nièce. Nous voilà dans la galerie des sculptures, lorsque, dans un éclair, il nous a semblé voir passer un coureur. Surprises, on s’arrête… et voilà un autre éclair, un autre coureur. Les visiteurs se regardent, surpris, un peu décontenancé. Nous sommes au Tate Britain, n’est-ce pas, pas au Tate Moderne… Mais on a à peine le temps de se poser des questions. Les coureurs continuent de se relayer, le regard fixé sur l’horizon, comme si courir dans un musée était la chose la plus normale du monde. (Il faut dire, entre parenthèses, que ma nièce et moi étions d’autant plus troublées qu’un des coureurs ressemblait à s’y méprendre au prince Harry. Etait-ce lui, était-ce son sosie ? Nous n’avons jamais su.) Qu’est-ce que ça voulait dire, de qui était donc cette performance ? Un peu plus loin, nous apercevons le nom de Martin Creed, avec la mention « Work n⁰ 850 ».

 

Cette même « Œuvre N⁰ 850 » « court » au musée Voorlinden depuis le début de l’année. Mais le dimanche 11 juin sera vraiment le dernier jour ‑ pour les coureurs, mais aussi pour les musiciens, qui chantent et jouent en marchant, dans le cadre de « l’Oeuvre No. 2734 », pour le pianiste (« Work No. 736 »), pour les installations comme « Work No. 112 »(« Trente-neuf métronomes battant le temps un à tous les tempi » (1995-1998).

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Il y a aussi des vidéos, des estampes faites à partir d’empreintes de broccoli, en tout 54 œuvres. Dans quelques-unes des vidéos, l’artiste se met en scène lui-même – preuve qu’il existe réellement, car on ne le voit que fort rarement. Il est extrêmement timide, paraît-il. Pourtant, il dit aussi aimer le jeu, et la plaisanterie, manifestement.

Cette exposition a été prolongée plusieurs fois, tant elle était prisée du public. Mais après le 11 juin, ce sera définitivement fini. Il reste ce qu’on pourra voir (et lire et entendre) en ligne, notamment les vidéos.

Ce serait dommage de rater cette exposition aussi étonnante que rare. Mais même si c’était le cas, ne vous inquiétez pas : il reste beaucoup, beaucoup d’autres choses à voir dans ce musée construit sur le terrain d’une vieille et immense propriété, avec la collection d’un particulier, l’étonnant industriel rotterdamois Joop van Caldenborgh. Je mentionne, en vrac : « Open Ended » de Richard Serra, « La piscine » de Leandro Erlich, le « Couple sous un parasol » de Ron Mueck et peut-être l’œuvre la plus simple et en même temps la plus impressionnante de toutes, « Skyspace » de James Turrell.

Et puis, comme je l’ai dit plus haut, il y a le jardin, à lui seul une œuvre d’art, bien qu’il ne ressemble en rien aux jardins formels des châteaux français. Il ferait davantage jardin à l’anglaise, mais en plus sauvage encore, plus « naturel »… Là où il y a le passage vers les dunes, on voit à peine la différence entre les paysages.

Vous pouvez donc facilement y passer une bonne partie de la journée (il y a aussi un bon restaurant) ‑ et cela vaut mieux, car le seul aspect négatif de ce musée, c’est qu’il n’est pas très aisément accessible, à moins de disposer d’une voiture et d’un GPS. Autrement, à la gare centrale de La Haye (Den Haag Centraal), vous montez à la gare routière et prenez le bus 43 (direction Leiden), vous descendez à l’arrêt Wittenburgerweg, vous traversez (au carrefour, au feu !) en prenez la Zijdeweg. Au bout de cette rue, à droite, vous l’avez la Buurtweg et l’entrée de la propriété se trouve un peu plus loin, à gauche. Depuis l’arrêt de bus jusqu’au musée, il y a un quart d’heure de marche. Vous voilà prévenu – mais ça vaut le coup.

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