Ada Lovelace et Émilie du Châtelet

Ada, née Byron, comtesse de Lovelace (1815-1852), mathématicienne, dite « premier programmerur d'ordinateur ». Image Wikipedia.
Ada, née Byron, comtesse de Lovelace (1815-1852), mathématicienne, dite « premier programmerur d’ordinateur ». Image Wikipedia.

J’avoue que je ne connaissais pas la mathématicienne Ada Lovelace (1815 – 1852), jusq’à il y a quelques jours, quand un tweet de la BBC – sur la visibilité (ou plutôt l’invisibilité) des femmes dans l’histoire la mentionnait. Quelle grasse ignorance

Je ne savais même pas qu’elle fut la fille de Lord Byron (qu’est-ce qu’il a fait de plus qu’elle, pour être tellement plus connue?). J’apprends qu’elle était mathématicienne, spécialiste précoce de ce qui est devenu le langage des ordinateurs.

Grâce au #Mois d’Histoire des Femmes (#womenshistorymonth), il y a eu aussi cette émission « Calculating Ada », à la BBC (qui ne nous permet pas de voir l’émission hors du Royaume Uni – sauf astuce).

Et ne voilà-t-il pas que France-Culture lui emboîte le pas, avec une grande émission sur cette femme extraordinaire.

Je cite France-Culture:

Née le 10 décembre 1815, Ada Lovelace est une pionnière incontestée de l’informatique, connue et reconnue en Angleterre, mais négligée en France.

Son prénom, Ada, en dira plus aux férus du langage informatique, mais pour le reste, force est de constatée que bien peu en connaissent l’histoire. Et pourtant, dans ce 19è siècle où les femmes perdirent leur place dans le monde des sciences, Ada Lovelace montra de très grandes capacités en mathématiques, et au contact de l’imminente chercheuse et scientifique Mary Sommerville, mais aussi de Charles Babbage ou encore du mathématicien Auguste de Morgan, elle révéla toute sa puissance inventive et fut la première à mettre au point le 1er algorithme destiné à être exécuté par une machine, celle de Babbage en l’occurrence. Elle mourut jeune, à l’âge de 36 ans, et sa gloire posthume nous offre, aujourd’hui, de lui rendre hommage.

J’ajoute mon petit grain de sel.

Ada Lovelace est morte à 36 ans, d’un cancer de l’uterus…

Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, peinte par Marianne Loir.Musée de Bordeaux (Wikipedia).
Emilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du Châtelet, peinte par Marianne Loir.Musée de Bordeaux (Wikipedia).

Cela fait penser au sort tragique de la mathématicienne Émilie du Châtelet (1706 – 1749), morte des suites d’un accouchement difficile, avec sa fille âgée de quelques jours… Elle était fort estimée par les savants de son temps, et parmi ses travaux, il y a la traduction, en français, des Principia Mathematica d’Isaac Newton…

Au XXIe  siècle, Elisabeth Badinter a écrit sa biographie (2006)* et la compositrice Finlandaise Kaija Saariaho et l’écrivain Amin Maalouf (livret) lui ont consacré un opéra, Emilie (2008)**, que j’ai eu le bonheur de voir à l’Opéra d’Amsterdam.

Les dames de la Cour, bêtes et méchantes, écrivent (et sans doute disent) sur elle pis que pendre. Elle serait laide, elle aurait de grands pieds, les dents gâtées, et si certains – et non des moindres! – la considèrent comme une grande savante, c’est qu’elle a dû les payer…

Par contre, Le Journal des savants écrit sur elle:

Quel encouragement pour ceux qui les cultivent [les sciences], de voir une Dame qui, pouvant plaire dans le monde, a mieux aimé s’instruire dans sa retraite, qui dans un âge où les plaisirs s’offrent en foule, préfère à leur erreur malheureusement si douce, la recherche de la vérité toujours si pénible, qui, alliant enfin la force aux grâces de l’esprit et de la figure, n’est point arrêtée par ce que les sciences ont de plus abstrait.

Voltaire, dont elle fut l’amante pendant quinze ans et l’amie encore longtemps après, s’est confié à Frédéric le Grand après la mort d’Émilie, en écrivant:

J’ay perdu un amy de vingt-cinq années, un grand homme qui n’avoit de défaut que d’être une femme, et que tout Paris regrette et honore.


* Elisabeth Badinter: Madame du Châtelet, Madame d’Épinay ou l’Ambition féminine au xviiie siècle,‎ 2006 (ISBN 2082105636) .

** Kaija Saariaho (musique) et Amin Maalouf (livret): Émilie. Première: le 1er mars 2010 à l’Opéra de Lyon. Amsterdam, Nationale Opera & Ballet, 2009-1010.

 

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