L’art de l’Hipgnosis

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Vous vous souvenez des années 1970? Des groupes anglais de l’époque?  Les Who, Pink Floyd, Led Zeppelin, Genesis, 10cc, Wings (le groupe de Paul et Linda McCartney, après la séparation des Beatles), et j’en passe. Eh bien, vous les retrouverez au musée de Groningen.

Qu’est ce qu’ils ont en commun, ces groupes ? Eh bien, les pochettes de leurs albums. Ou plus exactement, les auteurs de ces pochettes, formant ensemble le groupe de design Hipgnosis. Hip quoi ? Ben oui, Hipgnosis, la science (ou la connaissance)  branchée, quoi. Mélange de grec et de langage branché de l’époque. Et jeu de mots, car la prononciation est identique à celle de « hypnose » (hypnosis) en anglais.

Hipgnosis à été fondé en 1968, par Aubrey Powell et Storm Thorgerson. Plus tard, un troisième larron s’y est ajouté,  Peter Christopherson. Powell et Storgerson étaient encore étudiants au Royal College of Art, quand leurs amis de Pink Floyd – encore pas très connus à l’époque, faut-il le préciser ?- leur ont demandé de faire la pochette de leur second album. Très bien. Mais quelle image choisir? Nos deux acolytes se creusent la cervelle. Quelqu’un leur suggère de faire du « terre à terre ». « Du terre à terre ? Une vache ? » a dit Storm. Et Aubrey d’approuver : « Pourquoi pas? »

Les voilà partis vers la campagne la plus proche de Londres. Ils trouvent une vache. La prennent en photo. Et c’est bon. Les gars de Pink Floyd sont ravis, leur compagnie, EMI, un peu moins : les musiciens ne veulent aucun texte sur la pochette. Juste la vache. Ils gagnent. Le disque est un succès. Pour Pink Floyd, c’est parti. Pour Aubrey Powell et Storm Thorgerson aussi…

« On était les premiers à considérer les pochettes des albums comme des oeuvres d’art, » commente Aubrey Powell maintenant. « Et on faisait tout nous-mêmes. La direction artistique, les photos, les collages, les films, tout. J’étais comme un homme de la renaissance, j’exerçais plusieurs métiers à la fois.

Les collages, insiste-t-il, ça prenait du temps, jusqu’à six semaines. « Maintenant, avec Photoshop, ça se fait en une après-midi. » » Aubrey Powell a l’air de regretter l’artisanat d’antan, mais non, pas vraiment : « Non, le numérique, c’est formidable, ça permet de faire plein de choses. C’est super. »

Est-ce qu’il est resté copains avec les musiciens, lui demande-t-on. « Avec tous! » affirme Powell, et de décrire la « chimie » qui existe toujours entre eux. Il n’a qu’à les appeler pour qu’ils rappliquent. Pour autant qu’ils sont encore en vie…

L’exposition au Groninger Museum s’étend sur huit salles, une pour chaque groupe. Dans celle de Pink Floyd on retrouve, outre la vache, le fameux prisme qui orne une autre pochette, par ailleurs toute noire. Celle-là aussi à une histoire. Car, une fois l’idée lancée et acceptée, il a fallu la concrétiser. Et c’était une autre paire de manches. Mais ils s’en sont sortis. La preuve…

C’est une exposition qui rend joyeux. Ce n’est pas négligeable par les temps qui courent. Mentalement, on entend la musique qui va avec les pochettes. « C’est ma jeunesse! » dis-je aux jeunes qui encadrent l’exposition. Ils me regardent, opinent de la tête, avant de répliquer : « Vous savez, nous aussi, on écoute cette musique-là! »

The Art of Hipgnosis. Groninger Museum, Groningen (en face de la gare), Pays-Bas (en train, à 2 heures d’Amsterdam ; tout près de la frontière allemande). Au même musée : expositions sur Gianni Versace, et sur la porcelaine de la manufacture de Nymphenburg. Jusqu’au 14 mai 2023.


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English summary

The Art of Hipgnosis

Joy sparks in the northern town of Groningen. To be more precise, in the Groninger museum, that yellow spot that magically attracts you as soon as you leave the train station. There’s music in the air, at least in your head. Music from the seventies, and you can’t help hearing it when you step into The Art of Hipgnosis.

Hip what? Hypnosis? No, it sure is Hipgnosis, combination of « hip » and « gnosis », greek for science, wisdom… pun intended…
But before telling you who were the people behind Hipgnosis, and what this exhibition is about, let’s step into it.

In the very first room, you’ll find a case containing old vinyl records. You’ll find The Who,10cc, Peter Gabriel, Pink Floyd, Genesis… Got it? We’re into the music scene of those years. Late sixties, early seventies. The guys behind Hipgnosis (1968), Aubrey Powell and Storm Thorgerson, were the designers who created lots of these covers.

They are young in those days, almost boys, still students at the Royal College of Art, when some of their their pals – musicians who form a group they called Pink Floyd – ask them to create the cover for their second album. It has no name yet, no specific theme. Someone suggests they’d choose « something down to earth ». Aubrey and Storm scratch their young heads. Storm: « Down to earth? A cow? »

And off they go, to the nearest countryside on the outskirts of London. They find a cow. Take a picture. The cow seems bored. But their musician pals are delighted. EMI, their record company, a bit less: Pink Floyd wants this cow cover without any text at all – and they win. The album is a success. The rest, one would say, is history.

They did everything themselves, back in those days. Often, Storm was the one to have an idea, Aubrey mastered all the technical stuff: « You could say I’m a renaissance man. I did everything : photographer, film director, I made the collages. Making a collage was very complicated, it might take up to six weeks. Now, with Photoshop, it takes an afternoon… « 

Are you still friends with the musicians whose album covers you created, one of my colleagues asks? Aubrey Powell doesn’t hesitate a second. « With all of them. They all treated us with great respect, regarded us as part of the team. » And even nowadays, he only has to give them a call, and here they come. The chemistry, he says, is still there.

The chemistry is also in these eight rooms, one for each group. « This is my youth », I tell the young people who work at the museum. They nod, taking in my age, more or less the same as Powell’s. And then they add: « This music, we too listen to it, you know. »

The Art of Hipgnosis. Groninger Museum, Groningen (in front of the train station), Netherlands (by train, at 2 hours from Amsterdam; quite close to the German border). In the same museum: exhibitions about Gianni Versace, and porcelain from the Nymphenburg factory.

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