C’est curieux: alors qu’il n’a fait que traverser la France et que son seul paysage ‘français’ soit une vue de Lyon, peint longtemps après son passage dans cette contrée, ce peintre néerlandais du XVIIe siècle semble avoir la cote auprès des musées et des collectionneurs français. Et pourtant, dès que l’armée de Louis XIV s’est approchée de sa ville d’Amersfoort dans l’année fatidique 1672, il a fui vers le nord avec toute sa famille.

L’affiche de l’exposition
Qui? Eh bien, Matthias Withoos (1627 – 1703) , sa femme et leurs huit enfants. Une exposition dans la belle vieille ville d’Amersfoort montre bon nombre de ses œuvres, dont certains proviennent du musée de Dunkerque et de celui de La Fère. De plus, quatre de ses enfants – dont une fille, Alida, sont devenus peintres à leur tour. C’est même Alida qui semble avoir eu la carrière (et la vie) la plus longue, en se spécialisant dans les peintures de fleurs et d’insectes, à une époque qui voyait naître les sciences de la nature.

A notre époque, Hans Withoos, artiste lui aussi, s’est inspiré à son tour de l’œuvre de ses lointains ancêtres et la combinaison de ses œuvres avec celles, justement, de Matthias et de ses enfants, donne une exposition qui donne à voir et à penser.
Comme beaucoup d’artistes du 17e et 18e siècle, Matthias Withoos est parti en Italie sitôt sa formation terminée (chez Jacob van Campen, pas le premier venu – peintre et architecte, il était le bâtisseur de l’hôtel de ville d’Amsterdam, devenu Palais Royal sous Louis Bonaparte). Matthias était passé par Lyon et Marseille, où il a pris un bateau pour Rome.

Vue sur Rome, par Matthias Withoos
Et à Rome, c’était la belle vie… Mais aussi une vie où un grand nombre d’artistes, venus de toute l’Europe, s’inspiraient mutuellement. Withoos, comme ses confrères (et quelques consoeurs), s’est donné à cœur joie. Ses paysages se sont sans nul doute inspirés de Rome et de ses environs. Mais on trouve chez lui aussi autre chose, et en particulier des symboles chrétiens – dont, souvent, on a oublié de nos jours la signification: certaines plantes, certaines fleurs, certaines couleurs. Tout, chez Matthias Withoos, est pénétré de la foi chrétienne. Ce qui ne l’a pas empêché d’ailleurs de mener la belle vie à Rome.

Rentré au Pays-Bas, Matthias s’est d’abord réinstallé à Amersfoort, pour s’enfuir avec toute la famille en 1672, lors de l’approche des troupes de Louis XIV, dans leur guerre éclair contre les Pays-Bas. C’est à Hoorn (à l’époque un port important donnant sur le Zuiderzee), que les Withoos se sont installés ensuite.
Hans, notre contemporain
Plusieurs siècles plus tard, un artiste peintre et photographe du nom de Hans Withoos (né en 1962) découvre l’œuvre de son ancêtre, s’en imprègne et s’en inspire. Et cela donne des tableaux narratifs très intéressantes – où l’on pourrait trouver toute une symbolique aussi, nourrie non de la foi chrétienne comme chez Matthias, mais plutôt d’idéalisme humaniste et, peut-être, pacifiste – en tout cas pacifique. Et onirique. C’est ainsi qu’on voit par exemple un paysage avec des guerriers (et des guerrières), mais ils se battent pour un idéal. On voit des hommes, des femmes, et beaucoup d’enfants evoluant dans des paysages de rêve, avec la légèreté correspondante.


Ces photos – ou plutôt ces tableaux, il mélange plusieurs techniques – sont des mises en scène minutieuses, avec de multiples détails empruntés à Matthias (et certains à Alida et à Pieter, sa fille et son fils). On retrouve ces détails jusque dans les tissus des robes portées par les modèles – tissus que Hans a spécialement fait fabriquer. Les robes elles-mêmes sont exposées aussi d’ailleurs, et on peut constater qu’au toucher elles font aussi ‘féeriques’ que dans les photos.

C’est une œuvre très originale, et le rapprochement de ces trois générations de Withoos – avec quelque trois siècles d’écart – est fascinante. Comme est interessante la comparaison entre Matthias et ses contemporains d’une part, et d’autre part avec son élève Caspar Wittel, devenu célèbre en Italie sous le nom de Gaspare de Vitelli.

Hans Withoos, Faire des vagues de lait
Jusqu’au 8 mai 2022 Museum Flehite Westsingel 50
3811 BC Amersfoort (à une vingtaine de minutes à pied depuis la gare)
Tel.: +31 (0)33-247 11 00 museumflehite.nl
[…] ! L’une de des peintres, Alida Withoos, s’est déjà retrouvée dans un autre de mes blogs. Alida (1661 ou 1662 – 1730), qui a appris le métier de son père Matthias, s’est […]
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Chère Mme. Wesselius, chère Jacqueline,
Merci pour cet avis. J’ai eu le plaisir de vous faire visiter l’exposition.
Cordialement, Albert Boersma
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Merci à vous!
Jacqueline
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