Il y a tant et tant de choses…

Tant de choses à voir, tant de choses à faire aux Pays-Bas… on ne sait plus où donner de la tête. Ni où courir. Il vous faut tout ce qu’il vous reste de vacances de Pâques, plus le pont du 1er mai, plus le weekend de l’Ascension, plus la Pentecôte pour en venir à bout. Et encore… Donc, des choix sévères s’imposent, selon vos goûts (ou selon le bon vouloir des cheminots grévistes…).

Certes, à Amsterdam, il faut voir, au Rijksmuseum les portraits en pied, grandeur nature de la ‘haute’, réunis sous le titre de High Society, comme il faut voir Vincent van Gogh & le Japon chez le voisin. Mais ça vaut le coup aussi de traverser la rivière Amstel pour courir à l’Hermitage, afin de voir encore les Maîtres hollandais (Dutch Masters from the Hermitage) tant qu’ils ne seront pas retournés à Saint-Petersbourg (fin mai). Et tant que vous y êtes, passez par le couloir où se trouve l’installation #+32.00¹ Hot-bain marie drop-in de Saskia Noor van Imhoff. L’œuvre, multi-interprétable et tournant tout autour de la perennité et son contraire, a été couronnée par l’ABN AMRO Art Award. Saskia Noor van Imhoff, c’est un nom à retenir. Toujours originale, toujours très réfléchie, elle finira au sommet, retenez mes paroles… Mais ce musée présente encore plein d’autres trésors (comme l’Outsider Art Museum, qui met toujours de bonne humeur, ou la Galerie des Portraits du Siècle d’Or), et vous ne pouvez vous refuser le Panorama d’Amsterdam, qui vous fait survoler l’histoire de la ville en 9 minutes).

Continuons notre course. À deux pas de l’Hermitage, le Quartier culturel juif (JCK ou JCQ), avec, au musée d’histoire juive (JHM), les superbes photos de Maria Austria. Tout près, le Musée de l’holocauste présente « L’art du souvenir » (Kunst om niet te vergeten ; Art to remember), exposition petite mais fort belle et impressionnante.

Revenons sur nos pas, mais restons au centre de la ville. L’Amsterdam Museum, toujours pétillant et multiforme, est un des rares (comme le Rijksmuseum) à proposer des audioguides en français. La nouvelle exposition temporaire raconte les 50 ans d’existence du « temple du pop » Paradiso. Cela vous dit ou cela ne vous dit pas (l’expo est bien faite, soit dit entre parenthèses, et rend bien l’atmosphère bigarrée de la fameuse salle de concert), mais qu’à cela ne tienne. Il y a d’autres options. Celle, par exemple, d’aller reconnaître l’ADN d’Amsterdam (Amsterdam DNA) en 45 minutes (disponible en français) ou découvrez le Petit orphelinat ‑ car dans les locaux du musée s’est tenu un orphelinat pendant quatre siècles. L’audioguide n’est disponible qu’en anglais en en néerlandais, le texte imprimé également en français. Voici déjà les explications pour les parents.

Mais pourquoi rester à Amsterdam ? Il y a beaucoup de monde, alors, réfugions-nous dans un endroit plus calme comme La Haye, ville au bord de la mer en plus. Là aussi, nous pourrions y passer des journées entières. D’abord au Gemeentemuseum (par le bus 24 à partir de la Gare Centrale, Den Haag Centraal) où deux expositions viennent de commencer, en bas celle du peintre flamand Jean Brusselmans, malheureusement peu connu hors de son pays natal) et, à l’étage, une grande expo du peintre allemand Max Liebermann, chez qui on retrouvera le fameux orphelinat d’Amsterdam transformé plus tard en musée.

Liebermann, qu’on pourrait dire impressionniste et romantique, était aussi un grand collectionneur ‑ et il n’avait pas froid aux yeux. Il s’installa à Paris au moment de la guerre franco-allemande de 1870-71… Fallait le faire, en tant qu’allemand, et juif avec ça, ce qui ne rendait pas les choses plus faciles vu l’ambiance de l’époque (pensez à l’affaire Dreyfus qui a éclaté quelques années plus tard). Grâce à Monet et aux autres peintres qui s’étaient réfugiés aux Pays-Bas du temps de la Commune, il découvrit aussi ce pays-là. Touché par les petites orphelines d’Amsterdam, il voulut les peindre, et seul parmi ses confrères, il réussit à se faire admettre à l’orphelinat. Tous les autres se faisaient envoyer promener, on leur donnait un costume, quitte à eux d’en revêtir un modèle de leur choix. Mais Liebermann, qui n’était plus de première jeunesse et avait des relations, inspirait confiance. Et c’est à lui que nous devons quelques belles impressions de l’orphelinat, comme de touchants portraits de jeunes orphelines. Mais son œuvre dépasse, de loin, ces tableaux de genre. Il a peint beaucoup de paysages, des scènes rurales, des bords de mer, souvent idylliques, toujours intéressantes. Et quand vous aurez pris un peu de repos autour d’une tasse de thé (avec vue sur les œuvres de Brusselmans), allez toujours jeter un coup d’œil sur The Female Touch. Ce n’est pas tous les jours qu’on réunit des œuvres de femmes peintres ‑ parmi lesquelles la formidable Paula Modersohn-Becker, à qui justement un autre musée, le Rijksmuseum Twenthe, consacre une grande exposition depuis peu….

Egalement à La Haye, le musée de la Collection Mesdag. Hendrik-Willem et Stientje Mesdag, étaient tous deux des peintres remarquables, dans le style de l’Ecole de La Haye (impressionnisme néerlandais), mais aussi des collectionneurs fervents – des œuvres de leurs contemporains surtout (Ecole de Barbizon !), mais aussi d’objets plus exotiques, comme les « japonaiseries » dont on se régalait, depuis le milieu du XIXe siècle, on se régalait, à La Haye comme à Paris. A présent, en collaboration avec le musée Van Gogh, la Collection Mesdag présente, dans une très jolie petite exposition, une bonne partie de sa  (grande !) collection d’estampes et de céramique japonais ‑  et son influence sur les artistes néerlandais. A voir, tout comme son pendant, Van Gogh & le Japon au Musée Van Gogh à Amsterdam.

Je passerai à vol d’oiseau sur le reste, j’y reviendrai plus longuement, parce cela en vaut la peine. Le Mauritshuis, toujours à La Haye (encore un très beau musée, spécialisé dans le XVIIe siècle) présente plusieurs œuvres de Jan Steen, peintre hollandais par excellence.

Quant au musée Voorlinden, consacré à l’art moderne, j’ai déjà eu l’occasion de vous dire tout le bien que j’en pense. Là, au printemps, le superbe jardin qui l’entoure est au plus beau, et en plus, vous pouvez y voir encore l’œuvre de l’Américain Martin Puryear, vraiment intéressante – parmi tant et tant d’autres choses (également intéressante pour les enfants, d’ailleurs).

Le printemps est également une bonne saison d’entreprendre le voyage de Gorssel, village de l’Est du pays, dans une région fort belle. Le musée More, qui y a élu domicile, se consacre à l’art dit réaliste et, en ce moment, plus particulièrement à l’œuvre de quatre artistes néerlandais, qu’il compare et met en parallèle, sous le titre De serene blik (le regard serein). Ce sont  Floris Verster, Jan Mankes, Dick Ket et Henk Helmantel. Et c’est vrai que ces quatre, si différents qu’ils soient, ont cette sérénité en commun. Très, très beau (jusqu’au 13 mai, précipitez-vous) !

De toutes façons, il est étonnant de constater la richesse des musées de province aux Pays-Bas. J’ai déjà mentionné le Rijksmuseum Twenthe et sa belle exposition sur Paula Modersohn-Becker. La collection propre du musée vaut le coup aussi (grâce aux barons du textile…).

Le musée Teylers à Haarlem (à un quart d’heure de train d’Amsterdam ou de Leyde), voilà encore un musée basée sur la collection d’un particulier, Monsieur Pieter Teyler, oui, un honnête homme du XVIIIe siècle qui partageait l’engouement de son temps pour les sciences et les techniques, et a ouvert a son cabinet de curiosités au public en 1784, créant par là le premier musée des Pays-Bas. De nos jours, le musée se dédie à l’art autant qu’à la science, ce qui mène à des rencontres intéressantes entre les deux domaines. Actuellement, le musée présente une exposition sur les monstres imaginaires – pensez Terrible Homme des neiges, « Nessie », le monstre de Loch Ness, et tant d’autres. Parfois, l’imagination se base sur des données réelles, parfois une blague est à l’origine du « monstre » imaginé, comme le chamois de Bavière censé pondre des œufs…

Knud Baade, Scene de l’ère des Sagas norvégiennes, 1850 (Groningen).

Pour les musées de Groningen, Assen, Emden, Tilburg (qui présente en ce moment une belle expo de photos), je vous renvoie à certains de mes blogs antérieurs.

Bref, que vous soyez amateurs d’art ou d’autre chose, qu’il fasse beau ou qu’il pleuve, vous n’avez pas à vous ennuyer durant les vacances de  Pâques et les ponts de mai…

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