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Qu’est-ce qui définit la photo « documentaire » d’aujourd’hui? Qu’est-ce qui la distingue de la photo, disons « artistique » ? La couleur, jadis bannie, tient le haut du pavé. Dans les deux cas. De même, la numérisation que, il y a vingt ans encore, les photographes qui « se respectaient » rejetaient vigoureusement, est devenue la règle. À tel point que le fond d’un portrait par exemple, peut être entièrement « fabriquée » à l’aide de l’ordinateur. La ligne de partage entre « documentation » et « art » est devenue floue.
La photo ci-contre, oeuvre de Ruud Van Empel (1958), qui se dit « artiste » plutôt que « photographe » , a été entièrement mise en scène. La petite fille a été photographiée d’un côté, la « forêt » où elle semble se trouver, de l’autre – encore peut-on se demander si le décor a été photographié d’un seul coup. Van Empel utilise souvent de nombreuses images pour les réunir en une seule, à l’aide de l’ordinateur. Une telle composition. écriti-il sur son site, peut prendre jusqu’à trois mois…
(Photo : Ruud Van Empel, Unrtitled, 2004)
Le Rijksmuseum n’a commencé que relativement récemment à collectionner des photos, mais ces derniers temps, la collection s’est élargie considérablement., grâce aux conservateurs du département photos, Mattie Boom et Hans Rooseboom. À présent, la collection du Rijksmuseum comprend plus de 160.000 photos, du XIXe au XXIe siècle, et dans tous les domaines: art, journalisme, mode, sport… Les efforts – et leurs résultats ! – de Rooseboom et Boom n’ont pas manqué d’être remarqués par leur pairs, qui leur ont accordé récemment un prix prestigieux, l’AIPAD Award 2023. Ce prix est attribué une fois l’an par l’Association of International Photography Art Dealers (AIPAD) à des conservateurs qui se sont distingués dans leur domaine. C’est en quelque sorte un prix d’excellence (voir la vidéo dans la section anglaise).
Depuis 1975, le Rijksmuseum demande tous les ans à un photographe de faire un « Document Nederland », une série documentaire sur un aspect de la vie aux Pays-Bas. La série est ensuite exposée au musée. Parmi les photographes exposés aujourd’hui, plusieurs ont fait une telle série de photos, dont Han Singels (les jeunes, 1985) et Henk Wildschut (covid-19, 2021).
Entre 2006 et 2016, le photographe néerlandais Henk Wildschut (1967) a passé pas mal de temps à Calais à photographier le campement sauvage – « la Jungle » – des chercheurs d’asile désireux de gagner l’Angleterre. Il a, plus ou moins, partagé leur vie. En 2015, la police française a démoli le camp, autorisant sa reconstruction à un endroit moins accessible, à un endroit plus facile à surveiller. De nouveau, Henk Wildschut a pris des photos, généralement sans qu’un être humain soit visible, et en tout cas, jamais reconnaissable. Les photos ont été exposées plusieurs fois, Wildschut en a fait aussi un livre (« Ville de Calais », qui a eu le Prix du Livre Arles 2017). Le photographe raconte son « aventure » de « la Jungle » (en anglais) ici .
(Photo ci-contre : Henk Wildschut, Calais, 2010. Don de l’auteur au Rijksmuseum d’Amsterdam. Pas un seul être humain n’apparaît dans cette série documentaire de Henk Wildschut. Pourtant, elle dit bien ce qu’elle veut dire et ne manque pas de clarté. L’enregistrement ci-dessous a été fait (en anglais) par le magazine McGuffin pour un podcast sur le thème de « l’évier » (The Sink). Dans ce cadre, Henk Wildschut a choisi de parler d’un bol lavé par un réfugié et photographié par lui


Han Singels, Erwin Olaf, Michael Wolf, Ruud van Empel, Viviane Sassen, et les autres – tous, d’une certaine manière, mettent en scène ce qu’ils photographient – ne serait-ce qu’en alignant personnages et objets, ou en choisissant un angle particulier. Même ici, dans la photo de Martin Roemers, c’est le cas, puisque ce bunker en béton semble flotter sur les ondes, que dis-je, sur une mer si lisse qu’elle paraît se confondre avec le ciel
( Ci-contre : Martin Roemers, Bunker soviétique abandonné, Mer Baltique, 2002-2009.)
Entre 2012 et 2014, Vivane Sassen (1972), dont une grande rétrosprective s’ouvrira à la Maison Européenne de la Photographie à Paris, a fait une série de photos à Pikin-Slee, un village au Surinam, l’ancienne colonie néerlandaise voisine de la Guyane française. Pikin-Slee est un tout petit village où vivent surtout des descendants de ceux qu’on appelait les « Marrons », d’anciens esclaves échappés des plantations des colons néerlandais.
Pikin-Slee, sis au bord du fleuve Surinam, est loin de tout. On y accède par canot, et cela prend trois heures. Il n’y a ni routes, ni eau courante ni électricité (en donc pas d’internet), et pourtant Vivane Sassen y a photographié aussi certains objets très sophistiqués (comme des lunettes Gucci), à côté (par exemple) d’ustensiles extrêmement « primitifs » .
( Viviane Sassen Almando-Fuchsia, 2013. Plus d’informations sur cette série documentaire sur le site de la photographe )

Plus d’images dans la section anglaise
Informations pratiques
New Horizons, Rijksmuseum, Museumstraat 1, Amsterdam. Jusqu’au 3 septembre 2023. Tous les jours 9.00 h – 17.00 h. Tickets adultes € 22,50, gratuit jusqu’à 18 ans ou avec (entre autres) la Museumkaart, I Amsterdam Citycard ou Vriendenkaart.
Attention : L’exposition photo n’est pas très facile à trouver, parce qu’elle n’est pas marquée ; elle se trouve dans l’aile Philips (am gauche de l’entrée), et vous passerez devant (derrière les voûtes en face de l’escalier) en vous rendant à l’exposition/ la manifestation temporaire à l’étage et qui s’appelle Missie Meesterwerk (Mission Chef d’oeuvre). Celle-ci vaut bien le coup aussi, d’ailleurs, surtout avec des enfants, qui s’amuseront bien!
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English summary
New Horizons in Photograpy
In 1961, the American photographer Robert Frank said: “Black and white are the colors of photography.” And that had been the case for decades, and would remain so for more decades for both art photos and for photojournalism and documentary photos. And then… things started to change…
These days, colour is the norm for most photographers, whatever kind of photography they practise. And so is digital photography. Abhorred at its beginnings by most photographers who respected their trade. LIikewise, the differences between « art » and « documentary photography » have become less marked. To document certain situations, photographers often do, in a way, stage their subject, if only by choosing their point of view – or by choosing what to show and what not.
Michael Wolf, born in Munich, Germany, but raised in several other countries, including the USA, worked a long time in China and in Hong Kong, first on a contract with Stern, then as an independent photographer. He is fascinated by the density and geometry of architecture, particularly in Hong Kong. He calls this architecture twodimensional, and when you look at his photos, you sometimes have to look twice before recognizing the shapes as highrise buildings. Michael Wolf won the First Prize in the World Press Photo contest twice, in 2005 and 2010, and got an honorable mention in 2011.
(Photo : Michael Wolf, Architecture of Density #119, 2009. Michael Wolf made a whole series of photos in Hong Kong. In this photo, no human is visible, yet it is full of human life. One feels immediately the crowdedness of these high rise buildings, if only because the sky isn’t visible)


From 2012 to 2014, Vivane Sassen (who will have a big exhibition at the Maison Européenne de la Photographie in Paris) made a series of documentary photos at Pikin-Slee, a village in Surinam, the former Dutch colony located between French Guyane and former British Guyana, North of Brazil. Pikin-Slee is a tiny, remote village populated mainly by descendants of so-called « Marrons« , former slaves who managed to escape from the Dutch plantations.
There are no roads leading to Pikin-Slee, located on the banks of the Surinam River. You get there by boat, and it takes 3 hours. There is no electricity (so no internet) or tap water. But there is at least one person wearing Gucci sunglasses. Vivane Sassen photographed it all, « primitive » utensils as well as unexpected « luxury ». .
( Viviane Sassen Almando-Fuchsia, 2013. More ‘information on this documentary photo series on the photographer’s site.
Han Singels‘ (1942) photographs of cows remind us of landscapes painted by either 17th-century Paulus Potter or Aelbert Cuyp, of by 19th-century Willem or Jacob Maris or Willem Roelofs, for instance. These cows are part of the series called « Polders » (a polder is reclaimed land) shown at the photo museum Huis Marseille. In the past, Singels worked mainly as a photojournalist, covering a wide range of subjects. He was also one of the photographers commissioned by the Rijksmuseum to document a particular aspect of life in The Netherlands (Youngsters, 1983-1984).
(Photo: Han Singels, Polder_Zevenhoven_2004. Singel’s series of cows « Polders » was the object of an exhibition in Huis Marseille, museum dedicated to photography)

More images in French section
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Practical information
New Horizons, Rijksmuseum, Museumstraat 1, Amsterdam. Until 3 septembre 2023. Every day 9.00 am – 05.00 pm. Tickets adults € 22,50, free under 18 years or with (among others) the Museumkaart, I Amsterdam Citycard or Vriendenkaart.
Attention : The photo exhibition is not too easy to find. It is in the Philips wing (left of the entrance), and you’ll find it on your way (behind the archway facing the staircase) when you go to the temporary exhibition/ manifestation upstairs called Missie Meesterwerk (Mission Masterpiece), which, by the way, si very much worth a visit too, especially with kids.
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[…] en scène. J’en ai déjà parlé il y a quelques mois, à propos d’une exposition au Rijksmuseum d’Amsterdam, intitulée justement « Nouveaux réalismes ». À la PAN, j’ai retrouvé […]
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Très intéressant ♥️
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