
Comme tous les ans à pareille époque, je guette les premiers signes d’un printemps précoce. Ah, il y a des crocus, des jonquilles qui commencent à montrer timidement le bout du nez. Et avec un tout petit peu d’imagination, mon œil scrutateur découvre des mini-bourgeons sur le marronnier devant ma fenêtre.

Mais je n’ignore pas que le temps reste incertain en cette fin d’hiver, qu’après les tempêtes dévastateurs de la mi-février, il peut y en avoir d’autres, sans exclure les giboulées. Pire, l’orage – si l’on veut – qui vient d’éclater à l’est est d’un autre ordre et n’augure de rien de bon.

Alors, il faut chercher ailleurs pour se remettre d’aplomb, car ça ne sert à rien de se laisser abattre. Er cet » ailleurs « , pour moi, c’est l’art, quel qu’il soit. Un objet de beauté – pour citer John Keats – » est une joie pour toujours « . Ça me requinque à coup sûr. Pas vous ?

Alors, pour vous requinquer – aux Pays-Bas, s’entend – allez au musée d’art moderne Voorlinden (à côté de La Haye, à Wassenaar). » Art is The Antidote » s’appelle l’exposition qui y est ouverte fin janvier.


Ils en savent quelque chose, les gens de ce musée, d’avoir le moral à zéro. Pour fêter le cinquième anniversaire de leur musée, ils avaient prévu de faire les choses en grand. On a organisé une grande et belle exposition Picasso-Giacometti. Les deux géants étaient amis depuis leurs jeunes années et ce, durant plusieurs décennies. Jusqu’à la rupture, hélas. Mais tout au long des années où ils étaient proches, ils partageaient les mêmes inspirations, et ne pouvaient manquer de s’influencer mutuellement. L’exposition le montrait bien.


Hélas, à peine l’exposition ouverte, qu’il fallait fermer les portes : confinement ! Et à la réouverture, il restait peu de temps pour voir cette exposition – et elle était prise d’assaut.


Oui, il y avait de quoi faire une grosse déprime. Mais au lieu de se laisser abattre, Suzanne Swarts et ses collaborateurs se sont battus. Après tout, » l’art est l’antidote » par excellence pour combattre les idées noires. Et c’est justement le titre et l’objet d’une nouvelle exposition, que cette équipe a organisée à partir de la collection du musée lui-même. Ils ont demandé à l’artiste anglais ‘ Bob and Roberta Snith » de créer un tableau tonique qui sert également d’affiche à la manifestation – et qui s’intitule, de toute évidence, » Art is The Antidote « .

Et ça marche! Vous ne quitterez pas cette exposition sans un grand sourire aux lèvres, je vous le promets. Chacune des salles vous réservera une surprise, et elles seront toutes différentes, mais également joyeuses. Les photos que je vous montre ici vous en donnent un avant-goût.

En prime, Voorlinden présente depuis la mi-février une autre exposition, de l’artiste suisse Beat (prononcez Bé-atte) Zoderer. Lui, c’est un constructeur. Il construit des structures à partir de matériaux tout à fait » ordinaires « , d’usage quotidien et qu’on trouvera dans la plupart des papeteries.

Avec ces données simples, Zoderer sait nous étonner – et contribuer à nous remonter le moral.
Il y a bien d’autres perles à voir ici, bien sûr, et si vous avez assez vu à l’intérieur, allez donc vous promener dans le merveilleux jardin. Il jouxte les dunes. Vous passerez facilement une journée ici…
Musée Voorlinden, Buurtweg 90, 2244 AG Wassenaar. http://www.voorlinden.nl. Par les transports publics vous pouvez accéder au musée par les bus 43 et 44 (arrêt Wittenbergweg), qui relient le musée à la Gare Centrale de La Haye (gare routière, en haut). Mais attention : il faut être bon marcheur. Depuis l’arrêt du bus, il y a bien une vingtaine de minutes de marche. Le chemin est fléché depuis le carrefour un peu en arrière de l’arrêt de bus.