
Il y a de grandes expositions, impressionnantes, et souvent annoncées à grand renfort de publicité, et il y en a de petites, intimes, modestes, presque trop discrètes. Mais qui n’en valent pas moins le coup. Je n’en mentionnerai que deux : celle intitulé « La gloire du livre Juif » – au Musée d’histoire juive ou JHM – qui montre quelques rares et très beaux spécimens de livres anciens et dont je parlerai ailleurs.

Et puis celle des photos de Martin Gerlach (1848 – 1918) au Rijksmuseum. Elle est largement dominée par deux autres expositions dans ce même Rijksmuseum prestigieux – celles de deux artistes du XVIIe siècle, Hercules Segers – source d’inspiration pour de nombreux peintres venus après lui – et le peintre animalier Frans Post. Elles sont fort intéressantes l’une et l’autre, j’y reviendrai.
Mais n’empêche, cette petite exposition de photos, dans une salle qu’on dépasse facilement sans la voir, en face de la boutique qui vend des objets avec des motifs empruntés à Segers et à Post, et à côté d’une petite cafèt’ sympa, elle vaut d’être vue, elle aussi. Il faudrait peut-être un panneau à l’entrée pour attirer l’attention, d’autant que le visiteur, s’il vient de voir les deux ‘grandes’ expositions à l’étage, est peut-être fatigué et se dit qu’il a vu assez d’art pour la journée. Eh bien, surmontez votre lassitude (ou prenez un bon café pour vous requinquer), et jetez quand même un coup d’œil dans cette salle cachée derrière les arches qui forment l’entrée.
Les résultats – il y a quatre-vingt-dix planches exposées – sont fascinants. Une fois qu’on commence à les regarder en détail, on est pris. Et vous savez quoi ? C’est un peu au hasard qu’on doit la découverte de cette collection, que le conservateur du département photographie, Hans Rooseboom, a déniché dans une petite librairie parisienne, sis 1, rue de Fleurus (6e). Jadis (en 2002), elle s’appelait « Ici aussi », actuellement c’est la Librairie Juliette Drouet. C’est en fouinant dans les livres anciens de cette librairie que Rooseboom tomba sur cette perle, un cahier composé de 90 feuillets détachés, intitulé « Festons und Decorative Gruppen (1897-1898) ». Quatorze ans après, les planches ornent quatre murs du Rijksmuseum. A juste titre.
« Masters of Photography. Martin Gerlach » – jusqu’au 8 janvier 2017 dans la Salle Photo (Fotozaal) du Rijksmuseum (Aile Philips, RC, en face de la petite boutique).