Au Rijksmuseum (1) : Catwalk

Le modèle Ymre Stiekema portant la robe de mariée la plus large qui soit  (1759)  et photographié par Erwin Olaf
Le modèle Ymre Stiekema photographié par Erwin Olaf

Deux belles expositions ont ouvert leurs portes en même temps au Rijksmuseum (Amsterdam). Une est consacrée au peintre amsterdamois Breitner (qui mérite d’être plus connu dans le monde – j’y reviendrai très bientôt). L’autre, plus inattendue dans ce lieu, a pour titre « Catwalk » – c’est-à-dire le podium sur lequel a lieu un défilé de mode. C’est une grande exposition, étendue sur six salles, éblouissante.

 

La mode dans un musée d’art et d’histoire


La mode dans un musée dédié à l’art ancien et à l’histoire  – et qui est en quelque sorte l’équivalent néerlandais du Louvre? Eh oui – il s’agit principalement de mode du temps passé, depuis le XVIIe siècle jusqu’aux années soixante. La collection du Rijksmuseum – qui comprend quelque 10.000 pièces – n’est pas la plus grande collection de mode des Pays-Bas (celle-là se trouve incontestablement au Gemeentemuseum de La Haye) mais elle est la plus ancienne (commencée en 1870) et tout de même assez impressionnante quant au volume.

A la différence de la collection de La Haye, les pièces composant celle d’Amsterdam ont toutes un lien avec les Pays-Bas : soit qu’elles étaient confectionnées dans des ateliers néerlandais (souvent d’après des modèles parisiens), soit qu’elles étaient portées par des néerlandaises – généralement aisées et/ou appartenant à de vieilles familles. Certaines d’entre elles ont conservé les vêtements de génération en génération, pour finalement en faire don au Rijksmuseum.

Du caleçon de 1625 à la robe de 1965…

La robe « Mondrian » (1965) d'Yves Saint-Laurent; Photo Carola van Wijk
La robe « Mondrian » (1965) d’Yves Saint-Laurent; Photo Carola van Wijk

Le vêtement le plus moderne de la collection du Rijksmuseum est la robe ‘Mondrian’, créée par Yves Saint-Laurent en 1965. Le plus ancien (1625) n’est pas un article qu’on associerait volontiers avec la mode (pas en ces temps-là, en tout cas), et qui normalement n’aurait pas été conservé, loin s’en faut. Il s’agit d’un caleçon porté par Henri Casimir I, Comte de Nassau Dietz et Stadhouder (gouverneur) de la Frise. Henri Casimir (1612 – 1640) mourut au champ de bataille, tout comme son père Ernst Casimir huit ans plus tôt. Les vêtements qu’ils portaient ce jour-là – dont certains transpercés de balles – étaient conservés par sa famille par piété.

Leur parent éloigné Guillaume III d’Orange Nassau (1650 – 1702), Stadhouder de la République des Pays-Bas Unis, devint roi d’Angleterre quand sa femme, Marie Stuart, fille de Jacques Ier d’Ecosse et héritière des trois trônes, devint reine. Douze ans après, il se fractura la clavicule en tombant de cheval. On lui fit une veste spéciale qu’il pouvait mettre sans bouger le bras ou l’épaule. La veste, elle, fait partie de l’exposition d’aujourd’hui, mais elle ne l’a pas empêché d’attraper une pneumonie qui lui fut fatale…

 

C’est le photographe Erwin Olaf qui a mis en forme l’exposition autour de différents thèmes. Une des salles montre comment la mode a évolué d’un style très contraignant (jupes ultra-larges ou au contraire très serrées, manches restreignant les mouvement des bras) vers des modèles plus souples, procurant au contraire une grande liberté de mouvement.
Une autre salle présente les modèles comme un défilé de mode. Les spectateurs, assis sur des chaises dorées comme chez les couturiers, voient les vêtements de différentes époques littéralement défiler devant leurs yeux. C’est fascinant.

Rijksmuseum: Catwalk. Tous les jours de 9 heures à 17 heures, jusqu’au 16 mai.

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