Srebrenica, rappelez-vous…

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Sto Te Nema 2020; Photo Paul Lowe.
Les victimes du 11 juillet 1995 à Srebrenica, dans l’exposition de La Haye. Photo JW

Tous les ans, le 11 juillet, une commémoration se tient dans une commune limitrophe de Srebrenica, Potocari, là où sont enterrés les 8.372 hommes bosniaques massacrés, et où se trouve le mémorial. Depuis 2006, une autre commémoration – mobile, celle-là – a également lieu, à différents endroits dans le monde.

À droite, la plasticienne Aida Šehović, en conversation avec la commissaire à l’exposition, Yasmijn Jarram, devant les stèles aux 923 fildžani, formant le « monument mobile » pour les morts de Srebrenica.

C’est une artiste bosniaque, la sculptrice Aida Šehović, qui en a pris l’initiative. Sous le titre « ŠTO TE NEMA » (« Où es-tu ? »), elle a créé un « monument mobile », ayant rassemblé des tasses à café que remplissent les spectateurs/participants – sans boire le café bien entendu, puisqu’il est destiné aux absents.. .

D’ailleurs, ce ne sont pas n’importe quelles tasses : ce sont des fildžani, ces tasses en porcelaine, sans anse, dans lesquelles les Bosniaques boivent leur café – ensemble, selon un rituel bien établi. Prendre le café, c’est un rituel collectif.

En 2006, lors de la première manifestation, à Srebrenica même, Aida Šehović et ses amies avaient réussi à réunir 923 tasses, toutes provenant de familles bosniaques. « On aurait pu les acheter neuves » , explique-t-elle lors du vernissage de presse à La Haye. « Mais cela n’aurait eu aucune signification. Il fallait qu’elles proviennent des familles concernées. »

Les 923 tasses « historiques » au KM21 à La Haye

Petit à petit, elle a rassemblé plus de 9ooo tasses, une pour chacune des  8.372 victimes du 11 juillet 1995, et un millier pour les autres victimes.

Depuis ce premier jour, ces cérémonies, ou séances du « monument mobile » ont eu lieu dans une quinzaine de villes à travers le monde : de New York à Istanboul, de Toronto à Genève… Cette année, à l’occasion du trentième anniversaire du massacre, des expositions se tiennent à différents endroits en Europe (en vrac: La Haye, Munich, Graz, Sarajevo…).

J’ai vu celle de La Haye (au KM21, annexe du Kunstmuseum), qui a été faite en collaboration avec l’architecte Arna Mačkić, spécialisée à la fois dans la présentation des expositions et les monuments « qui n’effacent pas le passé ». Le résultat est impressionnant.
Outre ces tasses (les premières 923), en équilibre sur des stèles qui rappellent des monuments funéraires, il y a les photos des victimes, ainsi que celles des familles. D’autres photos montrent les « monuments mobiles » de ces années passées. C’est sobre, et c’est émouvant, et plus que ça. Peut-être est-ce la sobriété, la simplicité même de cette exposition qui fait sentir toute l’horreur de ce crime contre l’humanité.

La douzième commémoration ; STO TE NEMA à Chicago. Photo

Et en même temps, on réalise – malheureusement – que ce massacre, ce génocide n’était point le dernier. Quand donc l’homme cessera-t-il d’être un loup pour l’homme?

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Voir aussi la video en bas de la section anglaise.


English summary

Practical information

Remember Srebrenica !

The steles with 923 fildžani or bosnian coffee cups as seen in the exhibition in The Hague

Remember July 11th, 1995 in Srebrenica (Bosnia)? That day, 8372 muslim men and boys were killed by the Serbian-Bosnian army, led by the infamous general Ratko Mladic.
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The men had tried to save their lives by entering the UN-enclave, but were turned away, unlike the women and girls, who did find a shelter there. To the discharge of the few hundred Dutch soldiers that manned the enclave, we can say that they were badly armed, had no clear mandate, and as a result were not up to Mladic’s army. Still, rightly or wrongly, the UN-forces in Bosnia, and in particular this UN-unit as well as the Dutch government were blamed for letting this massacre happen. A few years ago, the Dutch government made official apologies to the muslim population of Srebrenica.

Mladic, as well as other responsable men on the Serbian side – like Radovan Karadzic, the Serbian-Bosnian president, or Slobodan Milosevic, president of the Serbian republic – ended all up by being caught and convicted by theInternational Tribunal for the Former Yugoslavia, and they all got life sentences.

Each year, on the 11th of July, a commemoration is held in Potocari, on the outskirts of Srebrenica, where the men were buried in a mass grave.

For some 20 years now, another, movable ceremony takes place as well – sometimes here, then there, all over the world, from Chicago to Geneva, from New York to Istanbul. That is STO TE NEMA (« Where are you? »). During that ceremony, over 9000 fildžani or Bosnian coffee cups (given by the families, not new ones) are filled with coffee. One cup for each victim, the 8372 killed on the 11th of July and the others. No one drinks this coffee – the cups are for those who are gone.

It is an initiative of Aida Šehović, a Bosnian sculptor, who also works in the US. It took her years to assemble the 9000 cups. She started the first ceremony with only 923 cups – those same cups now on show in The Hague (Netherlands). This exhibition, which also comprises photos of the victims, and images of the earlier « STO TE NEMA ? » ceremonies, came about in collaboration with the Bosnian-Dutch architect Arna Mačkić. The 923 coffee cups are shown on as many steles – and as such, they remind us of the tombstones on war graves. Very impressive.

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What happened in Srebrenica

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