Ces femmes en kimono

Des modèles de peintre et leurs vies…
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Le peintre George Hendrik Breitner, très célèbre aux Pays-Bas (et dont quelques tableaux se trouvent quand même dans des collections françaises) a travaillé aussi à Paris, comme tous ses contemporains artistes qui se respectaient. À Paris, Breitner a peint, certes, mais il a aussi, et peut-être surtout, fait des photos – car il était également un des pionniers de la photographie. Il photographiait ses modèles, mais aussi la rue. tout ce qui s’y passait, et tous ceux qui passaient dans la rue. À Paris comme à Amsterdam. Bon nombre de ses tableaux sont à présent exposées au musée Singer Laren, joli petit musée entouré de verdure, non loin d’Amsterdam.



Quant aux tableaux de « la belle en kimono » , je vous en avais parlé dans ce blog, il y a quelques années, lors de l’exposition au Rijksmuseum de la série (presque) complète de 14 toiles (2016). Fascinante, cette exposition. Je me souviens que j’ai eu du mal à m’en détacher. Ces femmes, ces jeunes filles plutôt, paraissent si jeunes, si fragiles, vulnérables même – et elles l’étaient.

japonaiseries

Pourquoi des femmes en kimono ? À la fin de XIXe siècle, le monde occidental se gavait de « japonaiseries » . Tous ceux qui pouvaient se le permettre – à commencer par le monde artististique – se précipitaient sur les estampes japonaises.
« La grande vague de Kanagawa » de Hokusai (ci-contre), était une grande source d’inspiration pour des artistes comme Monet, Degas, Pisarro, Van Gogh, et tant d’autres, jusqu’à Debussy qui s’en serait inspiré pour « La Mer ». Quant à Breitner, il s’est procuré quelques kimonos et s’est mis au travail.


« La jeune fille en kimono », exposition au Rijksmuseum (2016) réunissant pour la première (et, jusqu’à présent, unique) fois tous les tableaux de Breitner sur le thème « kimono ». Dans la plupart des tableaux, c’est la cadette, Geesje, qu’on voit. Mais l’aînée, Anna, a aussi posé pour ces tableaux.

Ci-contre : « La boucle d’oreille » (1892); Geesje en kimono bleu. On voit au fond le carrelage qui recouvrait à l’origine une partie de l’atelier de Breitner.

origines

La famille Kwak était originaire de la banlieue Nord d’Amsterdam, la « Zaanstreek », où la rivière Zaan se jette dans l’ancienne Zuiderzee (IJsselmeer, à présent). Son embouchure forme le port de Zaandam (« barrage de la Zaan » ). C’est une région – peinte, entre autres, par Claude Monet – en partie agricole (avec un marché de bestiaux) et en partie industrielle (bois, cacao). Certains coins sont très pittoresques, même de nos jours.


Les parents, Jan et Willemptje Kwak, qui ont déménagé à Amsterdam au cours des années 1880, sont d’un milieu ouvrier, le père étant marinier. Ils ont cinq enfants : un garçon, Arend, et quatre filles, dont Anna est l’aînée. Les autres se nomment Geesje, Niesje et Aafje, la petite dernière.

Comment le peintre et les jeunes filles se sont-ils rencontrés ? Breitner se baladait beaucoup en ville, prenant tout et tout le monde en photo. Eh oui, il était aussi un pionnier de la photographie, en particulier la photographie de rue. Et lorsqu’il rencontrait une femme dont le physique correspondait à celui qu’il cherchait, il l’abordait, tout simplement.

Ci-contre : Anna dans la cour de Breitner.

Pour les soeurs Kwak, la pose procurait un revenu supplémentaire, qui était certainement le bienvenu. Bien qu’il soit tout sauf mirobolant, c’était toujours mieux payé que leurs emplois de repasseuse et de bonne à tout faire. D’autant que ces emplois pouvaient s’arrêter saisonnièrement, par exemple lorsque la famille qui les employait partait en villégiature. Anna et Geesje ont travaillé pour Breitner pendant deux ans, de 1893 à 1895, date à laquelle elles ont émigré en Afrique du Sud. On les retrouve dans une quinzuine de tableaux au moins, et dans un nombre bien plus grand de photos.

Le vapeur Greek qui a transporté les deux soeurs de Southampton au Cap de Bonne Espérance

afrique du sud

En 1895, Geesje et une soeur cadette, Niesje, partent pour l’Afrique du Sud, vraisemblablement pour devenir bonnes à tout faire au service d’une famille de Pretoria d’origine néerlandaise. Les bonnes néerlandaises étaient très demandées, et certains employeurs avançaient même le prix de la traversée, qui coûtait une fortune pour des jeunes filles comme Geesje et Niesje. Est-ce qu’e cela a été le cas’un futur employeur a payé pour les soeurs ? On ne le sait pas, les documents du navire ne le révèlent pas, et à l’autre bout, dans la toute jeune république du Transvaal, dont Pretoria était la capitale, l’administration était encore très lacunaire. Ce n’est que de loin en loin qu’on retrouve la trace des deux soeurs.

Une trace très claire, c’est la photo ci-contre, faite par un photographe renommé, Joseph Munro, Écossais d’origine. Munro s’était établi à Pretoria. Il était le voisin d’un épicier, qui peut avoir été l’employeur des deux soeurs. En tout cas, elles connaissaient bien l’épicier et sa famille, comme le prouvent certains documents.

Il est clair que les soeurs ont posé de bonne grâce : Geesje (qui a ici 21 ans) au premier plan, Niesje (19 ans) au second. Voici deux jeunes femmes élégantes, habillées avec soin selon la dernière mode, et à l’aise devant la caméra. Des bonnes à tout faire ? Ben voyons…

C’est lors d’une grande exposition à l’occasion du jubilée de la reine Victoria d’Angleterre que la photo a été exposée à Pretoria – et elle a été primée. Entre parenthèses, la capitale du Transvaal n’était guère avare de ses honneurs ; elle fêtait aussi bien le couronnement de la reine Wilhelmine des Pays-Bas… Quant à la photo, ayant été vue par des milliers de personnes, elle est devenue célèbre. Des années plus tard, la gazette de Pretoria y faisait encore référence.

Au bout de quelque temps, il s’est avéré que Geesje était atteinte de tuberculose, maladie endémique parmi les classes populaires à cette époque. Si elle n’était pas déjà malade avant le départ, elle a pu être contaminée à bord du vapeur Greek sur lequel les soeurs ont fait la traversée, tellement les passagers étaient les uns sur les autres. Le climat sud-africain était censé être propice à guérir cette maladie, mais il n’a pas pu sauver Geesje, qui finit par succomber à la tuberculose à l’âge de 22 ans.

Niesje est seule et très triste. Mais elle trouve une âme soeur, son compatriote Cornelis Swierstra, fils d’épiciers d’Amsterdam, qui avait également émigré en Afrique du Sud. Cornelis a a pu faire des études universitaires : il est biologiste, plus précisément entomologiste, comme son oncle, directeur du zoo d’Amsterdam.

L’Afrique du Sud, plus précisément le Transvaal des Boers, cherchait activement des hommes instruits, surtout des techniciens. Dans ce cadre, il y avait à Pretoria deux frères de peintres qui devriendraient célèbres : Cornelis Van Gogh (le plus jeune de la fratrie) et Willem Frederik Mondriaan, tous deux au service de la compagnie de chemin de fer « sud-africaine néerlandaise ».
Quant à Cornelis Swierstra, il était conservateur au Musée d’État de Pretoria, qui comprenait un important département d’histoire naturelle. Niesje et Cornelis se marieront en 1901. Leur première enfant, Joukje, naîtra à l’automne. Pour l’instant, tout va bien pour eux.

exposition

La même année, 1901, deux ans après la mort de Geesje, son visage deviendra célèbre à Amsterdam. Après des années de galère, Breitner connaît enfin le succès. Il a une grande exposition à la galerie Arti et Amicitiae à Amsterdam, où il montre, entre autres, sept de ses « dames en kimono » . Oui, c’est ainsi que la critique les décrit. Finies les descriptions de modèles comme « femmes de moeurs légères », finies les remarques sur les « mains d’ouvrières » qui manqueraient d’élégance… Au contraire, on loue la délicatesse, la beauté de ces êtres au parfum oriental…

Ci-contre : George Hendrik Breitner au milieu de sa grande exposition à Arti et Amicitiae. Dans l’angle, deux des sept « dames en kimono ».

Pour cinq de ces tableaux, c’est Geesje qui avait été le modèle, dans les deux autres, on voit Anna. Est-ce que les parents ont pu voir l’exposition ? En avaient-ils les moyens, ont-ils été invités ? Savaient-ils seulement que leurs filles avaient été modèles ? Encore une fois, on ne le sait pas…

scientifique

Entretemps, en Afrique du Sud, la guerre des Boers a éclaté. Pour des raisons culturelles et historiques, les Néerlandais soutenaient les Boers en masse (Breitner a même participé à une exposition de soutien aux Boers). Quant les Anglais sortent de cette guerre en vainqueurs, les Néerlandais vivant en Afrique du Sud deviennent des citoyens de second rang. Ainsi, Cornelis, le mari de Niesje, scientifique respecté, et devenu entretemps directeur du zoo de Pretoria (qui dépendait du musée), a dû démissionner de ses fonctions officielles, tout en continuant à les remplir officieusement. Il finira quand même par faire une belle carrière – et par faire prospérer le zoo.

À cette même époque, la soeur cadette de Niesje, Aafje, arrive également en Afrique du Sud. Mais malade, elle aussi, elle repart au bout de quatre mois, pour mourir dans sa ville natale, agée de 22 ans comme son aînée Geesje.


« Qu’aurait éte Rembrandt sans Saskia et Hendrikje, Picasso
sans Dora Maar, Francoise Gilot, Jacqueline Roque et toutes les autres, Van Gogh sans Sien, Breitner sans Geesje Kwak, Pollock sans Lee Krasner?
»


Niesje et Cornelis, eux, sont restés en Afrique du Sud, où ils ont vécu heureux – jusqu’au jour où Niesje, elle aussi, est tombée malade de ce qu’on appelait à l’époque la « phtisie », qu’elle a pu contracter lors d’un voyage à Amsterdam en 1902. À 32 ans, mère de deux enfants, Joukje et Cornelis jr – qui n’a guère eu le temps de la connaître – Niesje a succombé à son tour.

Niesje n’était pas seulement mère de famille, d’ailleurs. Elle participait activement aux recherches de son mari, en particulier au travail de terrain – ce qui n’était pas de tout repos, vu la chaleur et les dangers que formaient entre autres les bêtes sauvages. Niesje a même découvert un papillon jusque-là inconnu, le Herpaenia eriphia nyassae Lanz. Ainsi, Niesje Swierstra née Kwak a eu droit à une entrée dans les annales du musée d’histoire naturelle de Pretoria. Pas mal pour une femme qui n’a eu que trois ans d’école.
Leur petite-fille Jeanette Allcorn-Coetzer a été retrouvée par l’autrice de ce petit livre, et elle, ainsi que plusieurs des arrière-petits-enfants, ont pu éclairer la vie de leur aïeule, et procurer des photos – dont la photo primée de Joseph Munro .

Niesje (filet à papillons à la main) sur le terrain, avec des collègues de son mari, dont Reino Leendertz (a gauche), une des rares femmes botanistes (1905). La petite Joukje. qui accompagnait souvent ses parents dans leurs expéditions, paraît tout à fait à l’aise ici. Photo donné par l’arrière-petit-fils de Niesje, Alan Brooke.

Photo de Geesje, retrouvée par hasard en 1961. À partir de ce moment-là, le modèle a un visage (on ne sait pas encore qu’il y a deux modèles), et les théories et spéculations concernant sa vie et sa relation avec le peintre flambent. Le critique néerlandais Jan Bart Klaster écrit dans son journal, Het Parool : « Qu’aurait éte Rembrandt sans Saskia et Hendrikje, Picasso sans Dora Maar, Francoise Gilot, Jacqueline Roque et toutes les autres, Van Gogh sans Sien, Breitner sans Geesje Kwak, Pollock
sans Lee Krasner? »

californie, nous voilà…

Quant à Anna, l’aînée, sa destinée était fort différente. Elle aussi, elle quitte son pays natal, pas seule, mais avec son mari, Jan Wolthuis. Non en direction de l’Afrique du Sud, mais vers la Californie. Ils s’y retrouvent, non seulement au milieu de décombres, à la suite d’un tremblement de terre, mais en plus dans la ruée vers l’or. Après une première période plutôt faste, les Wolthuis ont connu des problèmes financiers, sans doute à la suite de problèmes de santé de Jan. Mais ils ont pu les surmonter, et ont fini par redevenir – et rester – relativment aisés. De ce point devue-là, du moins, Anna et Jan se sont bien débrouillés.

Ci-contre: Anna et sa petite soeur Aafje, la cadette des quatre enfants, ici agées de 22 et 13 ans.

« Je voulais toujours qu’Antonia soit une fille pour moi,
et à présent, elle l’est. »

Malheureusement, sur un autre plan, cela allait nettement moins bien. Anna avait une relation difficile avec sa fille adoptive. Issu d’un milieu ouvrier, n’ayant eu que trois ans d’école primaire – comme ses soeurs – Anna ne comprenait ni le caractère, ni les aspirations de « Willy ». Celle-ci, sauvage, rebelle, plus instruite mais têtue comme sa mère, douée pour la musique, voulait continuer ses études. Les parents lui avaient déjà acheté un piano, et lui avaient payé des leçons de musique – ce qui avait dû leur coûter une fortune – mais pour eux, cela s’arrêtait là. Après ses études secondaires, « Willy » devait gagner sa vie, contribuer aux frais de la famille, et basta. Les querelles entre la mère et la fille (le père fuyait la maison dans ces cas-là) ont pris une telle ampleur qu’Anna, un jour, a fini par la chasser « Willy » de chez elle, quitte à l’implorer de revenir…

harmonie…?

Mais Antonia – elle avait repris son nom de naissance – ne l’entendait pas de cette oreille. Elle s est inscrite à l’université de Berkeley, payant ses études en jouant du piano dans des hotels ou en donnant des leçons. Antonia a consacré sa vie à la musique, comme elle l’entendait. Elle a même fini chef d’orchestre, première femme dans ce rôle-là. Deux livres lui ont été consacrés, ainsi que deux films – un documentaire, « Antonia : A Portrait of The Woman » (1974, voir ci-dessous) et un film de fiction, « De dirigent » (« La cheffe d’orchestre ») (2018), sous la direction de Maria Peters, qui a également écrit un livre.

Ci-contre : Jan Wolthuis et Antonia, lors d’un d’un concert de celle-ci dans la ville où elle a grandi. Photo parue dans L’Oakland Tribune, le 29 septembre 1937. © 2020 Newspapers.com

Les relations entre Anna et Antonia/Willy ont d’ailleurs fini par se rétablir. Les parents adoptifs assistaient à ses concerts quand ils le pouvaient, et Anna a même, en 1929, entrepris le voyage de Berlin quand Antonia s’est produite là-bas. Antonia, dans une interview reproduite dans le documentaire, reconnaît implicitement qu’elle était difficile à vivre, étant « extrêmement nerveuse, extrêmement emotive, extrêmement intense ». Anna, de son côté, a décrit l’éloignement entre elle et sa fille adoptive comme « le plus grand chagrin de ma vie «. Elle ajoute : « Maintenant, les choses ont changé. (…) Je voulais toujours qu'[Antonia] soit une fille pour moi, et à présent, elle l’est. »



Le documentaire, « Antonia: A Portrait of the Woman » (2022 Restoration), dirigé par Judy Collins et Jill Godmilow (1974) .

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Informations pratiques

Le LIVRE (en néerlandais):

Jenny Reynaerts : Geesje en Anna. De wereld van Breitners beroemde modellen. Rijksmuseum, 200 pages, ISBN 978-94-6208-852-8, €25. En vente à la boutique du Rijksmuseum et dans les bonnes librairies.



Avis aux éditeurs et aux musées : ce livre est si intéressant qu’il vaut d’être traduit.
À bon entendeur, salut !

Également en néerlandais : Podcast In het Rijksmuseum, épisode dans lequel Jenny Reynaerts discute avec la journaliste Janine Abbring de son dernier livre, ainsi que de sa recherche sur la vie des modèles Geesje et Anna Kwak. 

JENNY REYNAERTS est conservatrice sénior au Rijksmuseum. Elle a été commissaire de plusieurs expositions, entre autres de Breitner: Meisje in kimono (Rijksmuseum, 2016). Reynaerts dirige aussi le projet « Les femmes du Rijksmuseum ». qui s’efforce de promouvoir les oeuvres faites par des femmes, ou représentant des femmes.

Une EXPOSITION TEMPORAIRE des oeuvres de Breitner (jusqu’au 8 September 2024) – comportant certains des tableaux « en kimono », est actuellement en cours au musée Singer Laren, un petit musée charmant pas loin d’Amsterdam (accessible par les transports publics, mais plus facilement en voiture). Museum Singer Laren, Oude Drift 1, 1251 BS Laren, T +31 (0)35 5393939, museum@singerlaren.nl . Du mardi au dimanche 10.00 – 17.00. La réservation d’un créneau horaire est obligatoire.

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English summary

The Girl in Kimono

Practical information

Geesje’s and Anna’s story

Trailer of the fascinating « Kimono » exhibition in the Rijksmuseum (2016) about which I wrote a blog.

japanese art

The « Women in kimono« , by the Dutch painter George Hendrik Breitner (1857 – 1923)  are famous. In the 2016 exhibition (Rijksmuseum, Amsterdam), 14 of them were reunited.
Breitner painted them at the height of the fascination, in Western Europe, for Japan and Japanese art. Everyone who could possibly afford it, collected Japanese prints. Van Gogh, Monet, Degas, all those artists did it, even a composer like Debussy, and let themselves inspire by their Japanese counterparts, like Hokusai and his famous « Big Wave of Kanagawa » (detail).

So it is not so surprising that someone like Breitner ordered a few kimonos and had his model dress in them. Or rather, his models, for there were two of them, two sisters, Anna and Geesje Kwak, who posed in kimono. Geesje, the youngest of the two – she was only 16 when she started working for Breitner, while Anna was 18 – is the one we see most often.

How did the painter meet these girls? It’s pretty simple: Breitner was also a keen photographer, one of the pioneers of street photography, and he walked a lot in the streets of Amsterdam, taking photographs wherever he could . And when he saw a woman who corresponded to the type of model he was looking for, he just asked them to pose for him. The fee- however small – must have been welcome for these girls, who earned very little, as a maid (Geesje) or an ironer (Anna).


« What would Rembrandt have been without Saskia and Hendrikje, Picasso without Dora Maar, Francoise Gilot, Jacqueline Roque and all the others, Van Gogh without Sien, Breitner without Geesje Kwak, Pollock without Lee Krasner?« 


Although Anna was the one Breitner met in the first place (« Miss Kwak », according to his diary) , it is her sister who used to pose more often for the painter. This had partly to do with Anna’s repeated illnesses, tuberculosis and syphilis, both endemic among the working classes of those days, due to both promiscuity and lack of information – not counting the impossibility, at the time, to cure these diseases. One could contain them, and that was it. Anna was fortunate enough to have her tuberculosis taken care of at an early stage, and she miraculously got rid of it. That seldom was the case.

  • "Dam at Night", 2nd version ; the woman dressed as a maid is probably Geesje.

The sisters sat for Breitner for two years, from 1893 to 1895. Their identity remained unknown until 1961, almost seven decades later, when a photograph of Geesje Kwak was discovered, as well as her name and Anna’s. It led to a lot of speculations at first – and to this remark by the art critic Jan Bart Klaster, who wrote in his newspaper, Het Parool : « What would Rembrandt have been without Saskia and Hendrikje, Picasso without Dora Maar, Francoise Gilot, Jacqueline Roque and all the others, Van Gogh without Sien, Breitner without Geesje Kwak, Pollock without Lee Krasner?« 

Indeed… Although Breitner’s fiancée (and later, wife) Marie Jordan also sat for him (she may even have been his model before they were in a relationship), after the sisters’ departure, he mainly painted what he encountered on the streets, and thus documented the changes his town underwent.

to the end of the world

Where did the sisters go, in 1895 ? Well, to the end of the world – or, more precisely, to different ends. Geesje and a younger sister, Niesje (there were four of them, and one brother) travelled to South-Africa, more precisely to Pretoria, capital of the new republic of Transvaal. As to Anna, she married a young man named Jan Wolthuis, a baker. The couple adopted a little girl (Anna’s illness had rendered her sterile), Antonia Louisa Brico, and early in the 20th century, the young family set off to California, where they settled in Oakland, just across the San Francisco Bay. But that is another story.

First, the South-African branch of the Kwak family. There are few traces of their first years there. Why did they go there, and how did they pay for their passage? We don’t know – though it is largely through Niesje’s South-African descendants (who later emigrated to Australia…) that Jenny Reynaerts, curator at the Rijksmuseum, who participated in the organisation of the 2016 « kimono » exhibition, found out what there is to find out about their lives. She wrote a wonderful little book about it and that is what enables me to tell you about these extraordinary women.

Extraordinary, indeed, as you will see. Among the few traces from those early years in Pretoria – years marked by the Boers War and, subsequently, the victory of the English – is a photograph. It shows the two sisters, both beautiful, youthful, elegant, dressed after the latest fashion – and so similar, almost lookalikes.

The photo was made by a renowned photographer, Joseph Munro, originally from Aberdeen, Scotland. His neighbour in Pretoria was a grocer who was an acquaintance of the Kwak sisters – he may have been their employer. Probably it was through him that the photographer knew the sisters, who were happy to pose for him. The photo was shown at an exhibition in Pretoria, an important event organised in honour of Queen Victoria’s jubilee. Munro’s photo received an award, and became famous. Years later, it was still mentioned in the local newspaper.

But happiness did not last. Geesje fell ill with tuberculosis, which she may have caught while still in Amsterdam, or else on the crowded ship that brought the sisters to South-Africa. Niesje brought her to the local hospital, but she couldn’t be saved. Geesje died in 1899, 22 years old.

meanwhile…

Breitner amid his paintings, at Arti et Amicitiae. In the corner and behind him, right, a few of the « kimono » paintings.

Two years later, the painter George Hendrik Breitner had his great breakthrough, with a big exhibition in the famous gallery Arti et Amicitiae in Amsterdam. Among the hundred or so paintings exposed, there were seven « ladies in kimono« . Yes, the critics described the models as « ladies », and not – like they did before – as women of little virtue; they praised the women’s elegance, whereas earlier these critics insisted on the coarseness of the models’ features… And besides, all but one of the « kimono » paintings were sold beforehand.

That same year, Niesje married Cornelis Swierstra, also from Amsterdam. His parents were grocers, relatively well off, and allowed him to go to university. He became a biologist, more precisely an entomologist, like his uncle, who was the director of the zoo in Amsterdam. In Pretoria, Cornelis, too, would eventually become a zoo director, after being a curator in the natural history museum to which the zoo belonged. The couple seemed to have been happy. At the end of 1901, Niesje gave birth to a daughter, Joukje, and in 1902, she travelled to Amsterdam to show her baby to parents and in-laws. Back in Pretoria, she worked with her husband, participating in his field research, but she also became a scientist in her own right, and she discovered a butterfly that was named after her. Not bad for someone whose formal education consists of three years in primary school…
Several years after Joukje was born, Niesje and Cornelis also had a son. But this Cornelis jr hardly got to know his mother. Like Geesje and their youngest sister Aafje, Niesje, too, at 32 years, fell a victim to this terrible disease, tuberculosis. Her tomb is still visible in the old churchyard in Pretoria.

  • Niesje, butterfly net in hand, busy with field work. Her daughter Joukje sits next to her. Left, Reino Leendertz, one of the very few women botanists, curator at the State Museum like Niesje's husband.

Anna in what was to be called The Red Kimono (1896), Stedelijk Museum, Amsterdam. Geesje also posed for this painting, but when she fell ill, Anna took over.When it was first shown, some critics were shocked by the « lascivious » attitude of the model; but at the 1901 exhibition, it was one of the favourites of the public.

life in california

So there was only one sister left, the other model, Anna. Shortly after the turn of the century, she and her husband Jan decide to leave the Low Countries, like her younger sisters, and like Jan’s brother and sister-in-law. Their first choice is Australia. Then, they change their minds and opt for California. San Francisco has been hit by a terrible earthquake, and California needs hands to help rebuild the city and its surroundings. Jan is certain to find work. Early 1907, Jan crosses the Atlantic – and the United States. Shortly afterwards, Anna and little Antonia – their adopted daughter, rebaptised Wilhelmina, Willy for short – follow. Upon their arrival in San Francisco, they see rubble everywhere, even in the suburbs. And many, many newcomers like themselves – all of them in search of work and fortune…

Jan and Anna Wolthuis with their adopted daughter, Antonia, rebaptised Wilhelmina, Willy for short. As an adult, Antonia would use her birth name again.

Jan finds work as a baker, they settle in Oakland, just across the bay from San Francisco, and they stay there, apart from a few years in another little town, Saint Helena, where they buy a house which, after a while, they have to sell again. Financially, their fortune has its ups and downs, but all in all, they don’t do too badly.

shame and scandal in the family… and fame

As to the harmony in the family, it’s another story. Anna – who, like her sisters, hardly had any formal education – doesn’t understand her adopted daughter, who is smart, eager to learn, who has a talent for music – and a strong will of her own, just like her mother. The two clash, time and time again, and although the parents buy a piano for Antonia/Willy, they don’t understand why she wants to go to university, instead of starting to earn money. Anna gets so upset she throws her daughter out of the house – though she regrets it right away, imploring her to come back. Which the girl doesn’t. She is admitted at Berkeley university, where she studies music, and earns a living by playing the piano in hotels. She changes her name back to Antonia Brico – and becomes the first woman conductor ever. Two books were written about her, and two films tell the story of her life: a documentary (1974), « Antonia: A Portrait of The Woman » , made by Judy Collins and Jill Godmilow, and a film in which the roles are played by actors, « De dirigent » (« The Conductor », 2018) , directed by Maria Peters, also the author of a book about Antonia Brico.

Antonia: A Portrait of the Woman (2022 Restoration), documentary by Judy Collins and Jill Godmilow (1974) .

Once she became a conductor, Antonia reconciled herself with Anna. Her adoptive parents went to her concerts whenever they could, and in 1929, Anna even traveled to Berlin when Antonia conducted there. In the documentary, Antonia admits, ‘I was of course highly nervous, highly emotional, highly intense. And this woman didn’t understand this highly charged, sensitive child. » Anna, on her side, would later write: « It has always been the great sorrow of my life that there was this terrible estrangement between Willy and me. She always got me so mad I didn’t know what to do. But now things are different between us. Willy is more human. I always wanted her to be a daughter to me and now she is. »

Practical information

The BOOK (in Dutch):

Jenny Reynaerts : Geesje en Anna. De wereld van Breitners beroemde modellen. Rijksmuseum, 200 pages, ISBN 978-94-6208-852-8, €25.
For sale in the Rijksmuseum Shop and in good bookshops.

Note to publishers and museums : this book is so interesting, it is worth to be translated!

Also in Dutch : Podcast In het Rijksmuseum, episode in which Jenny Reynaerts talks to journalist Janine Abbring about her last book, as well as about her research into the lives of the models Geesje en Anna Kwak. 

Jenny Reynaerts is senior curator at the Rijksmuseum. She curated several exhibitions, among which Breitner: Meisje in kimono (Rijksmuseum, 2016). Reynaerts also leads the project « Women of the Rijksmuseum », that aims at promoting the works made by women – or portraying them.

A temporary exhibition of Breitner’s work (until 8 September 2024) – with some of the « kimono » paintings, is presently being held in Singer Laren, a small but exquisite museum not far from Amsterdam (accessible by public transport, though easier to reach by car). Museum Singer Laren, Oude Drift 1, 1251 BS Laren, T +31 (0)35 5393939, museum@singerlaren.nl . Tuesdays – Sundays 10.00 – 17.00. Reservation of a time slot is compulsory.

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