Magdalena Abakanowicz, une artiste immense

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©Photo JW

Ses objets, ses « abakans », de surcroît, sont immenses. Et imparfaites – l’imperfection avait plus d’effet, disait-elle. Ses sculptures, souvent dans les teintes grises-beiges-brunes, les couleurs de la terre – avec de temps en temps un accent fortement coloré, rouge, orange… ou bleu nuit – ses oeuvres, donc, sentent la terre aussi, l’argile, le jute, la corde.

Qu’elle suive un chemin bien à elle, ne voulait pas dire qu’Abakanowicz n’eût pas de modèle. Un de ses exemples était la sculptrice Alina Szapocznikow, d’origine polonaise comme Abakanowicz, mais juive et survivante de la Shoah (1926-1973) . Szapocznikow, qui finit par s’installer en France, plaçait le corps féminin au centre de son travail, souvent à partir de moulages de son propre corps (lèvres, seins) – se référant ainsi tour à tour à la Shoah, au traitement du corps féminin, et à son cancer du sein (Le Centre Pompidou lui a consacré une grande exposition en 2103).

Sculptures d’Abakanowicz au musée du textile. ©Photo JW

Quant à Magdalena Abakanowicz, née dans une famille aristocratique et propriétaire terrienne, elle a vu sa maison parentale envahie par des troupes nazies qui non seulement s’y sont installées sans demander l’avis des propriétaires, mais dont, de plus, une balle a mutilé sa mère en lui coupant le bras. C’est la petite Magdalena qui l’a soignée – et elle a continué de soigner des blessés jusqu’à la fin de la guerre. Ce sont des impressions que l’on n’oublie pas. Après la guerre – quand l’armée allemande a été remplacée par l’armée soviétique et les nazis par les communistes, et quand toute la fortune et les terres de ses parents ont été confisquées – elle fait l’École des Beaux-Arts à Varsovie. Elle fait des petits métiers pour survivre.

Photo de salle dans le Noordbrabants Museum. ©Photo Jan-Kees Steenman.

Le succès est venu assez vite, en Pologne comme à l’étranger (surtout à partir de sa participation à la Biennale internationale de la tapisserie à Lausanne, en 1962), ce qui lui a permis de voyager, à elle et à son mari, l’ingénieur Jan Kosmowski. Elle ne se contente pas d’ailleurs de voyager pour l’art – bien que tous les grands musées – du Centre Pompidou au MOMA en passant par la Tate Gallery – lui aient consacré des expositions. Elle assiste également aux séances du Club de Rome, et elle rend visite à certains peuples indigènes. Bref, elle réfléchit au devenir du monde, et à son passé…

©Photo Marek Holzman

Faisons un grand saut vers le présent. Deux musées néerlandais lui consacrent une exposition importante, qui va se terminer dans quelques semaines. Courez-y – puisque vous êtes en vacances ! Cette exposition montre que les oeuvres – comme l’artiste elle-même – appartiennent aux plus grands, au sens propre comme au sens figuré. Ces oeuvres parfois géantes sont surtout des « abakans », mais Abakanowicz ne s’est pas limitée à elles. À partir des années 1980, elle a commencé à faire des sculptures qui montrent surtout le corps humain sous certaines formes. Oh, ce n’est pas toujours très explicite, mais le corps humain est là. Et comme chez Szapocznikow, on y sent parfois une sourde menace, comme si elle voulait dire : « Attention, le malheur, la guerre peut-être, va nous tomber dessus . » Ce qui n’empêche que d’autre oeuvres, en revanche, peuvent avoir une certaine légèreté, un certain optimisme, de l’humour.

« Bois-le-Duc » (en français dans le texte) , au siège du Conseil Général (« Provinciehuis ») à ‘s Hertogenbosch (Bois-le-Duc). Cette oeuvre d’art est là en permanence, mais n’est accessible au public que le mercredi. ©Photo JW

Le mieux, c’est d’aller voir par vous-mêmes. L’exposition se tient donc dans deux musées, relativement proches l’un de l’autre, le Musée du Textile ou Textielmuseum (Tilburg) et le Noordbrabants Museum (‘s Hertogenbosch, ou Bois-le-Duc). Et en prime, il y a un troisième endroit, également à Bois-le-Duc, le siège du Conseil Général (« Provinciehuis »), où une de ses oeuvres (gigantesque !), et appelée « Bois-le-Duc » (1971), est exposée en permanence (mais accessible au public seulement le mercredi).

« Backs ». On sent une sourde menace dans cette oeuvre, qui, moi, me fait autant penser à des pierres tombales qu’à des êtres humains courbant le dos… C’est fait avec du jute trempé dans la résine. ©Photo JW
Informations pratiques
NOW WE ARE EARTH. ©Photo Anja Beutler.

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English summary

Magdalena Abakanowicz, giant artist

Practical information

One of the « Abakans » at the Textielmuseum. ©Photo Josefina Eikenaar

Magdalena Abakanowicz (1930-2017) not only made giant art works; as an artist, she was a giant herself. Born in Poland, where she lived all her life – although she traveled around the world – she is perhaps best known for her « abakans » – for want of another, existing word. These are « sculptures » made from preferably rough textiles – hemp, jute, rope – which you can’t call tapestries, because these textile shapes are not hung on the wall; they more or less stand alone, like giant sculptures indeed.

Although you may not have heard her name before, her work is part of the collections of all the big museums for modern art – from the Centre Pompidou to the Tate Gallery or MOMA.

This summer, Abakanowicz’s work is shown in two Dutch museums, the Textielmuseum in Tilburg, and the Noordbrabants Museum in ‘s Hertogenbosch, also called Den Bosch. The exhibition has been there for a while. It will end on the 24th of August, so you’d better make haste. Also in ‘s Hertogenbosch, in the Provinciehuis (House of the Province Noord-Brabant) the biggest work Abakanowicz ever made (1971) is on permanent display – but visible for the public only on Wednesdays.

This is an important show. The Textielmuseum – as it name implies – shows mainly her textile works, and that of some other artists inspired by Abakanowicz. Textile works are also on show in the Noordbrabants Museum, but there the accent is more on her other sculptures – of which textile is still an element, but not as obvious as in her « abakans ».

As a child, Magdalena Abakanowicz saw at very close range what the nazi’s did. After WWII, the nazi’s were replaced by the communists. Maybe that influenced her view of the world and of humanity, which doesn’t seem too optimistic, to put it mildly. In her work, danger seems to loom large, her human – and as humans, incomplete – figures  often are bending over, like in a storm ; but some sculptures could be taken also for (symbols of) gravestones. Her colours, too, are mostly greys and browns – although there may be some red, orange, gold – or dark blue.

Another ‘abakan’ in the Provinciehuis

Practical information

The « Art Bus », here in front of the Textielmuseum, Tilburg.

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