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Elle était une artiste visionnaire. Elle mélangeait les genres allègrement, faisait de la sculpture avec des matières « molles », du chanvre, de la corde, du jute, à tel point qu’on a dû inventer un mot nouveau pour les désigner : ses oeuvres, ce sont des « abakans ». Bref, Magdalena Abakanowicz (1930-2017) a inventé un langage artistique tout nouveau.
Ci-contre : Détail de « Bois-le-Duc », installation géante (1971) créée par Magdalena Abakanowicz pour le Conseil Général de la Province Brabant du Nord.
Ses objets, ses « abakans », de surcroît, sont immenses. Et imparfaites – l’imperfection avait plus d’effet, disait-elle. Ses sculptures, souvent dans les teintes grises-beiges-brunes, les couleurs de la terre – avec de temps en temps un accent fortement coloré, rouge, orange… ou bleu nuit – ses oeuvres, donc, sentent la terre aussi, l’argile, le jute, la corde.
Qu’elle suive un chemin bien à elle, ne voulait pas dire qu’Abakanowicz n’eût pas de modèle. Un de ses exemples était la sculptrice Alina Szapocznikow, d’origine polonaise comme Abakanowicz, mais juive et survivante de la Shoah (1926-1973) . Szapocznikow, qui finit par s’installer en France, plaçait le corps féminin au centre de son travail, souvent à partir de moulages de son propre corps (lèvres, seins) – se référant ainsi tour à tour à la Shoah, au traitement du corps féminin, et à son cancer du sein (Le Centre Pompidou lui a consacré une grande exposition en 2103).

Quant à Magdalena Abakanowicz, née dans une famille aristocratique et propriétaire terrienne, elle a vu sa maison parentale envahie par des troupes nazies qui non seulement s’y sont installées sans demander l’avis des propriétaires, mais dont, de plus, une balle a mutilé sa mère en lui coupant le bras. C’est la petite Magdalena qui l’a soignée – et elle a continué de soigner des blessés jusqu’à la fin de la guerre. Ce sont des impressions que l’on n’oublie pas. Après la guerre – quand l’armée allemande a été remplacée par l’armée soviétique et les nazis par les communistes, et quand toute la fortune et les terres de ses parents ont été confisquées – elle fait l’École des Beaux-Arts à Varsovie. Elle fait des petits métiers pour survivre.

Le succès est venu assez vite, en Pologne comme à l’étranger (surtout à partir de sa participation à la Biennale internationale de la tapisserie à Lausanne, en 1962), ce qui lui a permis de voyager, à elle et à son mari, l’ingénieur Jan Kosmowski. Elle ne se contente pas d’ailleurs de voyager pour l’art – bien que tous les grands musées – du Centre Pompidou au MOMA en passant par la Tate Gallery – lui aient consacré des expositions. Elle assiste également aux séances du Club de Rome, et elle rend visite à certains peuples indigènes. Bref, elle réfléchit au devenir du monde, et à son passé…

Faisons un grand saut vers le présent. Deux musées néerlandais lui consacrent une exposition importante, qui va se terminer dans quelques semaines. Courez-y – puisque vous êtes en vacances ! Cette exposition montre que les oeuvres – comme l’artiste elle-même – appartiennent aux plus grands, au sens propre comme au sens figuré. Ces oeuvres parfois géantes sont surtout des « abakans », mais Abakanowicz ne s’est pas limitée à elles. À partir des années 1980, elle a commencé à faire des sculptures qui montrent surtout le corps humain sous certaines formes. Oh, ce n’est pas toujours très explicite, mais le corps humain est là. Et comme chez Szapocznikow, on y sent parfois une sourde menace, comme si elle voulait dire : « Attention, le malheur, la guerre peut-être, va nous tomber dessus . » Ce qui n’empêche que d’autre oeuvres, en revanche, peuvent avoir une certaine légèreté, un certain optimisme, de l’humour.

Le mieux, c’est d’aller voir par vous-mêmes. L’exposition se tient donc dans deux musées, relativement proches l’un de l’autre, le Musée du Textile ou Textielmuseum (Tilburg) et le Noordbrabants Museum (‘s Hertogenbosch, ou Bois-le-Duc). Et en prime, il y a un troisième endroit, également à Bois-le-Duc, le siège du Conseil Général (« Provinciehuis »), où une de ses oeuvres (gigantesque !), et appelée « Bois-le-Duc » (1971), est exposée en permanence (mais accessible au public seulement le mercredi).

Informations pratiques
L’exposition au Noordbrabants Museum est ouverte jusqu’au 24 août, celle du Textielmuseum a été prolongée jusqu’au 21 septembre 2025.
Donc, les expositions se tiennent à trois endroits, et dans deux villes différentes, Tilburg (Textielmuseum) et Bois-le-Duc (‘s Hertogenbosch, Noordbrabants Museum et Provinciehuis ou Conseil Général). Le mercredi (seul jour où l’oeuvre « Bois-le-Duc » est accessible au public, un car (« kunstbus », ou « car de l’art ») relie les trois endroits pendant la période de vacances. Tickets et réservations pour le bus: hnbm.nl/kunstbus . Des billets d’entrée combinés peuvent s’acheter en ligne.
Adresses: Textielmuseum : Goirkestraat 96, 5046 GN Tilburg ; Noordbrabants Museum : Verwersstraat 41, 5211 HT ‘s-Hertogenbosch ; Provinciehuis : Brabantlaan 1, 5216 TV ‘s-Hertogenbosch. Le 15 août (qui n’est pas férié dans ce pays), vous pouvez y suivre un tour guidé entre 10h et 12h.
Vous trouverez toutes les informations (y compris une carte google maps) sur le site : Magdalena Abakanowicz | Exhibition Brabant.
La Danse par Nicole Beutler
Les 13, 14 en 15 août 2025, au cours du Festival de Théâtre Boulevard, la chorégraphe Nicole Beutler présentera deux fois par jour la danse ARE WE EARTHLINGS. Cette performance « éco-futuriste » représente la recherche d’un nouvel équilibre avec tout ce qui vit. C’est aussi une déclaration d’amour à la Terre, et une vision pleine d’espoir pour le futur de l’humanité. La représentation aura lieu dans la cour du Noordbrabants museum.

Plus d’images dans la section anglaise
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English summary
Magdalena Abakanowicz, giant artist

Magdalena Abakanowicz (1930-2017) not only made giant art works; as an artist, she was a giant herself. Born in Poland, where she lived all her life – although she traveled around the world – she is perhaps best known for her « abakans » – for want of another, existing word. These are « sculptures » made from preferably rough textiles – hemp, jute, rope – which you can’t call tapestries, because these textile shapes are not hung on the wall; they more or less stand alone, like giant sculptures indeed.
Although you may not have heard her name before, her work is part of the collections of all the big museums for modern art – from the Centre Pompidou to the Tate Gallery or MOMA.
This summer, Abakanowicz’s work is shown in two Dutch museums, the Textielmuseum in Tilburg, and the Noordbrabants Museum in ‘s Hertogenbosch, also called Den Bosch. The exhibition has been there for a while. It will end on the 24th of August, so you’d better make haste. Also in ‘s Hertogenbosch, in the Provinciehuis (House of the Province Noord-Brabant) the biggest work Abakanowicz ever made (1971) is on permanent display – but visible for the public only on Wednesdays.
This is an important show. The Textielmuseum – as it name implies – shows mainly her textile works, and that of some other artists inspired by Abakanowicz. Textile works are also on show in the Noordbrabants Museum, but there the accent is more on her other sculptures – of which textile is still an element, but not as obvious as in her « abakans ».
As a child, Magdalena Abakanowicz saw at very close range what the nazi’s did. After WWII, the nazi’s were replaced by the communists. Maybe that influenced her view of the world and of humanity, which doesn’t seem too optimistic, to put it mildly. In her work, danger seems to loom large, her human – and as humans, incomplete – figures often are bending over, like in a storm ; but some sculptures could be taken also for (symbols of) gravestones. Her colours, too, are mostly greys and browns – although there may be some red, orange, gold – or dark blue.

Practical information
The exhibition in the Noordbrabants Museum is open till 24 August 2025, the one in the Textielmuseum has been prolonged till 21 September 2025.
As said, the exhibitions are spread over two cities and three different places : Tilburg (Textielmuseum) and ´s Hertogenbosch or Den Bosch (Noordbrabants Museum et Provinciehuis or Province Government’s House). On Wednesdays in August (the only day when « Bois-le-Duc » is visible for the public, a bus (« kunstbus« , or « art bus ») can bring you each of the three spots. Tickets and reservations for the bus: hnbm.nl/kunstbus . Combined tickets can be bought online.
Adresses: Textielmuseum : Goirkestraat 96, 5046 GN Tilburg ; Noordbrabants Museum : Verwersstraat 41, 5211 HT ‘s-Hertogenbosch ; Provinciehuis : Brabantlaan 1, 5216 TV ‘s-Hertogenbosch. On Thursday, 15 August (which is not a holiday in this country), there are guided tours through the Provinciehuis, from 10 am to 12 noon.
You will find all necessary informations (including a google map) here : Magdalena Abakanowicz | Exhibition Brabant.

Nicole Beutler dances
On 13, 14 en 15 August 2025, during the Theaterfestival Boulevard, choreographer Nicole Beutler will show twice a day her creation ARE WE EARTHLINGS. This « eco-futurist » performance represents the search for a new way of living, in harmony with everything alive. It also exoresses love for the Earth, and a hopeful vision for the future of humanity. The show will take place in the Noordbrabants museum‘s yard.
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