Un trio super à Voorlinden

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Alex KatzMaarten BaasRogier Roeters

Qu’est-ce qu’ils ont en commun, ces trois-là – à part leur talent, et le fait que leurs œuvres sont exposées au même musée, dans des espaces adjacents ? Le Newyorkais Alex Katz a 96 ans, les deux néerlandais , quadragénaires, à peine la moitié. Katz peint, Baas fait des installations, Roeters des dessins et des textes. À eux trois, une triple raison (si ça existe) de visiter, une fois de plus, Voorlinden – dont le jardin, soit dit en passant, est plus beau que jamais.

Alex Katz

On la voit dès l’entrée, et même avant : cette sculpture appelée Park Avenue Departure, un don de l’artiste au musée. Elke est typique de l’œuvre du Newyorkais Alex Katz (né en 1927) , telle que la définit Barbara Bos, commissaire à l’exposition : simple en apparence, fort complexe dès qu’on y regarde d’un peu plus près.

(Ci-contre : © Alex Katz, Park Avenue Departure, 2019, c/o Pictoright Amsterdam 2023 ; coll. Voorlinden. Photo Jacqueline Wesselius)

A 96 ans, Alex Katz peint encore tous les jours. Dans nombre de tableaux, on retrouve le visage de sa femme, Ada, sa muse depuis toujours.
Ses tableaux, simples au premier abord, sont en fait très complexes, très réfléchis, et plus on les regarde, plus on aperçoit de détails. Et plus on se rend compte que la simplicité apparente cache une préparation très minutieuse.

© Alex Katz, Blue Umbrella 2, 1972, c/o Pictoright Amsterdam 2023 -Collection privée, New York. À droite / en bas : Détail. Photo Jacqueline Wesselius.)

Regardez ce tableau en apparence presque monochrome. Mais comme chez Mark Rothko, à qui Katz me fait penser parfois, il y a en fait beaucoup de couleurs, beaucoup de nuances et de détails. Il faut prendre son temps pour les déceler. Les oeuvres d’art en général, et ceux de Rothko ou de Katz en particulier, ne se découvrent pas en un clin oeil. Ils ont besoin qu’on leur accorde du temps.

© Alex Katz c/o Pictoright Amsterdam. Photo Jacqueline Wesselius.


L’oeuvre d’Alex Katz s’inscrit tout d’abord dans la mouvance du pop art des années 1960, dont il est un des précurseurs et, pourrait-on dire, compagnons de route. Ceci dit, ce n’est pas du pop art à proprement parler, bien que Katz utilise la technique des bill boards, des panneaux publicitaires, dont ses tableaux ont aussi le format. On dirait que le motif a été fait d’un trait ; mais non, Alex Katz commence par des esquisses, il prépare ses tableaux très rigoureusement, et il les exécute selon un processus très complexe, très réfléchi.

© Alex Katz, Black Hat 2, 2010, c/o Pictoright Amsterdam 2023. The ALBERTINA Museum, Vienna – The Batliner Collection.



Mais revenons à l’exposition présente à Voorlinden. Regardez ce détail d’un tableau récent. Quelques lignes, quelques formes sur un fond gris qui, une fois de plus, est beaucoup moins uniforme qu’au premier coup d’oeil. Et voyez comme les tiges, et les feuilles dansent. Alex Katz s’est toujours laissé inspirer par la danse, à commencer par celle représenté par Degas, par le ballet en général, et aussi par ce qu’il voit au cinéma, à la télévision.

(Détail. Photo Jacqueline Wesselius.)

Est-ce parce que ses grands tableaux ont l’apparente simplicité de panneaux publicitaires ? Ou parce que son art ressemble au pop art ? Toujours est-il que les grands musées ont attendu plusieurs décennies avant d’accorder à Alex Katz la place et l’honneur qu’il méritait. Les choses ont bien changé. Par exemple, le Solomon Guggenheim à New York a montré cette « Réunion »(« Gathering ») l’hiver dernier (2022-2023), alors que le Guggenheim à Bilbao a eu une grande exposition Katz en 2015-2016.

Encore de la danse. Les branches semblent bouger, les feuilles s’envolent avec le vent d’automne… Les tableaux sont d’autant plus vivants au musée Voorlinden qu’ils sont éclairés par la lumière du jour, Et ce tableau, immense comme la plupart des autres, est comme une forêt où les feuilles cuivrées se poursuivent en caracolant.


(Détail. Photo Jacqueline Wesselius)

  • Alex Katz, Yellow Flags, 2011, c/o Pictoright Amsterdam 2023 olieverf op linnen | oil on linen 213,36 x 609,60 cm Collection of the artist photo: © 2011 Paul Takeuchi
Jusqu’au 10 octobre 2023. catalogue

Maarten Baas

Maarten Baas, Pendules de grand-père (Grandfathers Clocks) ; à gauche, Le Père, 2019. Ã droite, Le Fils, 2022.
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Maarten Baas (1978) est surtout connu pour ses horloges et pendules, dont les aiguilles, souvent, sont avancées par des mains qu’on voit vaguement, comme à travers une vitre dépolie, et qui semblent détachées du corps. Elles font avancer l’aiguille d’une minute en effaçant la précédente. Et ainsi de suite. Une fois qu’on commence à observer ce mouvement, on est comme happé par le spectacle, et on a le plus grand mal à s’en détacher.
Peut-être avez-vous déjà vu l’horloge de Maarten Baas à l’aéroport Schiphol, ou celle au Rijksmuseum (à l’entrée de l’aile Philips, dans le couloir qui mène vers les expositions temporaires) . Chaque fois que je passe devant celle-dci, je ne peux mëmpêcher de m’arrêter un moment.
Un autre de ses thèmes préférés : les chaises – des chaises « impossibles », par exemple avec un dossier qui s’élève jusqu’au plafond, comme une échelle. Elles paraissent fragiles, inutilisables – mais on peut s’y assoir sans problème.

(Ci-contre : une salle au musée Voorlinden. À droite au fond, avec casquette : Maarten Baas.)

Les chaises-échelles de Maarten Baas. Photo Jacqueline Wesselius.
Une des horloges « humaines » de Maarten Baas, avec l’échelle et la porte par laquelle « l’homme derrière le cadran » pourrait y accéder…
Photo Jacqueline Wesselius
Un autre genre d’ « horloge humaine ». En fait, ce sont vraiment des humains – des acteurs – qui font avancer les aiguilles, ou qui les dessinent. Ces « performances » filmées forment la base pour la pendule ou l’horloge « humaine ». Dans d’autres cas, ce sont les enfants qui dessinent une pendule avec ses aiguilles.

Cette « cascade » d’images fait suite à la pièce précédente, qui s’appelle « I think » (« Je pense »), Dans cette pièce, les murs sont tapissés de vidéos de personnes (personnages politiques, acteurs, personnes de tout venant) qui, justement, prononcent cette phrase : « I think…»
Le son et les images de tous ces « je pense » nous envahissent, nous enrobent en quelque sorte, et se transforment ensuite en cascade…
Apothéose d’un « voyage » fascinant à travers la temps et l’espace.

(Ci-contre : « Cascade », installation de Maarten Baas à Voorlinden. Photo Jacqueline Wesselius.)

Jusqu’au 24 septembre 2023. Artist Talk par Maarten Baas le samedi 12 août.

Rogier Roeters

Rogier Roeters (1980) est un obsédé. Et un hyperactif. Il a l’obsession du dessin comme de l’écriture. Il faut qu’il s’exprime, huit heures par jour et tous les jours. Il se met à son art comme d’autres vont au bureau. Et il travaille sans cesse. Texte, dessin, les deux? Il ne le sait pas à l’avance. Mais ce qu’il sait, c’est que ça va venir. Et toujours sur du papier, toujours au même format, A4. Des centaines de ces de ces feuilles tapissent à présent une pièce du musée Voorlinden.

Une partie des dessins et des textes est autobiographique, mais pas tout. En plus de ses A4, Roger Roeters reproduit certains de ses thèmes sur des T-shirts ou autres articles de « merchandising » : la génération des 20-30 ans en raffole. Et lui, voir les gens acheter et porter ses produits le réjouit manifestement : « Voir quelqu’un porter le tricot que tu as créé, c’est le pied. » Et Suzanne Swarts, la directrice du musée, d’ajouter avec un sourire : « Il veut avoir tout en main, tout maîtriser. » Roger Roeters rit. Et presque pour démontrer combien elle a raison, il raconte, en montrant une vitrine contenant aussi des piles de dessins non sélectionnées dans l’exposition : « J’ai ajouté des effets de lumière à certains dessins, j’en ai même utilisés certains pour monter un petit film… »
Et on le sent reparti vers de nouvelles idées, de nouveaux horizons.

JUSQU’AU 24 SEPTEMBRE 2023.

Plus d’images dans la section anglaise

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Informations pratiques


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English summary

Alex KatzMaarten BaasRogier Rogers

Three artists, two generations. One American, two Dutchmen. Alex Katz (1927), Maarten Baas (1978) and Rogier Roeters (1980). All three very different, and all three interesting. Katz the Painter (with P majuscule), Baas as author of installations, and Roeters with his drawings and texts on paper.

Alex Katz, decades of art and wisdom

Alex Katz, who turns 96 in 2023, and still « as busy as a bee on a fat woman » (Dashiell Hammett) is the author of big, even huge canvases in his characteristic style that reminds us of PopArt – although he never actually belonged to that school.
Shown here: Left : © Alex Katz, Reflection 4, 2008, Private collection.
Right: © Alex Katz, Chance,

c/o Pictoright
Amsterdam 2023.

His wife, Ada, was Alex Katz’ muse, all those years. He made scores of paintings using her as a model. This painting may seem simple, but look at the details, notice the functionality and precision of every stroke. In that sense, you could compare it to a cartoon – and I say this with great respect. Less is more.
Shown here: Alex Katz, Blue Umbrella 2, 1972, c/o Pictoright  Amsterdam 2023 – Private Collection, New York

Often, Katz gets his inspiration from television or film. Likewise, he loves to paint dancers and dances, be it dancing people or dancing branches and leaves. Or just undulating lines.

Shown here: © Alex Katz, Scott and John, 1966, c/o Pictoright
Amsterdam 2023. Museum Frieder Burda, Baden-Baden

Though well into his nineties, Alex Katz still paints every day. Maybe that’s what keeps him young. And he hasn’t lost an ounce of his talent or his technical abilities, quite the opposite. Katz’ art is alive more than ever.

The rooms in Voorlinden have the benefit of daylight. That literally puts Katz’ canvases – like the dancers shown here – in another light than they may be in their New York setting.
Shown here : © Alex Katz, Private Domain, 1969, c/o Pictoright
Amsterdam 2023.
Collection Thaddaeus Ropac, London · Paris ·
Salzburg · Seoul
Photo: Antoine van Kaam



Maarten Baas

Though still young (born 1978), Maarten Baas is already quite famous in his own cquite ountry. He is particularly well known own for his clocks (there is one at Schiphol airport and another one in the Rijksmuseum). But chairs are another one of his « specialties ». Special chairs of course. Even rather peculiar. But you can still sit on them…

(Shown here: Maarten Baas (right) at Voorlinden with his chairs. Photo Jacqueline Wesselius.

Maarten Baas’ clocks often have a « Father Clock »in the background – a human figure, or a human hand, filmed while patiently moving the hands of the clock, and then integrated in the installation. Thanks to these films-in-the background Baas’ clocks have both a human and a mysterious aspect. I have seen his clock in the Rijksmuseum dozens of times, and yet, I have to stop and watch each time I come across it.
In some cases, actors were actually filmed « around the clock ». For other clocks, Maarten Baas used children’s drawings, or more abstract images. Each one is single , different, and fascinating.

Two rooms contain quite different installations (Photo: see French section). One has its walls filled with screens showing people saying (whispering, shouting,,,) « I think ». The next one show a cascade, a « waterfall » of these images, tumbling one over another.. …

Shown here: Maarten Baas, Waterfall-installation. Photo Karoliina-Redsven


Rogier Roeters

It’s only one room, but the four walls are completely filled wit leaves of paper, all filled with the cartoonlike drawings and texts Rogier Roeters produces incessantly and obsessively – and with humor, although the texts are in Dutch, so difficult to appreciate. One of them says « Invariably, the sun comes up each day. » Never mind the language, the whole room is more or less like a « Gesamtkunstwerk », a piece of art in itself.

More images: see French secrion.

Practical information

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