L’art contemporain, ça ne vous dit rien? Et l’art moderne? Mwah? Alors, entrez au Stedelijk Museum, le musée municipal d’art moderne d’Amsterdam….
Euh… Comment?!

Eh bien oui, vous avez bien lu. Le Stedelijk a fait peau neuve. Oh, depuis sa réouverture en 2012, après une fort longue rénovation, il s’en est fait des choses. Il y a eu de grandes expositions temporaires. Je cite de mémoire : Malévitch, Matisse, Ed van der Elsken (l’exposition, qui s’est ensuite tenue au Jeu de Paume à Paris, a été proclamé « exposition photographique de l’année » par le quotidien britannique The Guardian), Tinguely, L’École d’Amsterdam, et j’en passe. C’est surtout le dynamique directeur artistique Beatrix Ruf, nommée en 2014, qui, grâce à ses compétences et son enthousiasme, a rendu au musée à la fois sa fonction d’avant-garde et sa vitalité – et sa popularité auprès des jeunes.
Pourtant la collection permanente – qui va du XIXe au XXIe siècle et qui comprend, outre des oeuvres d’art, une grande collection d’arts appliqués, design industriel, photos, poterie, verrerie – cette collection-là était restée un peu à l’écart, confinée dans le vieux bâtiment, à l’arrière, tandis que les expositions temporaires, « le bruit et la fureur » qui attiraient du monde, se passaient dans le bâtiment neuf, sur le devant de la scène. La présentation « Stedelijk Base » change tout cela. Elle a été développée par les architectes Rem Koolhaas et Federico Martelli (en collaboration avec Tata Steel Nederland) selon la conception de Beatrix Ruf, malheureusement démissionnaire. Mais dans ce « Stedelijk Base », elle brille toujours, fût-ce de façon « posthume ».
Quand on y entre, tout d’abord on ne sait pas où donner de la tête. Ira-t-on à droite, ou plutôt à gauche ? Peu importe. Cette présentation combine la chronologie et les différents mouvements artistiques, l’art et les arts décoratifs, la peinture comme la sculpture et la photo comme l’art vidéo, les influences, les associations, les effets de l’histoire sur l’art.
Si l’on monte à la loggia, le regard peut embrasser à la fois Van Gogh, Malevich, des meubles début XXe siècle, Max Beckman, Charley Toorop, Karel Appel, Barrett Newman, et ‑ tiens ! ‑ González, et j’en passe.
Beatrix Ruf: « L’usage largement répandu de l’Internet nous a fourni une nouvelle manière de recueillir de l’information: on surfe, on voit des tas d’images d’un seul coup, on les connecte et on les combine. Tout cela se retrouve dans Stedelijk Base: dans un concept fantastique créé par OMA (le cabinet d’architecte de Rem Koolhaas, JW), on peut se déplacer librement à travers l’espace, voir des combinaisons étonnantes et faire ses propres connections. »
Ce qui est nouveau pour le Stedelijk, c’est le mélange de disciplines et de techniques – les arts visuels sont mélangés aux arts décoratifs. Ruf: « Je vois la collection comme un tout – chaque oeuvre a été produit à un moment précis. En plaçant les différentes disciplines côte à côte, on apprend plus sur une période donnée et cela nous permet de voir de nouvelles connections.»
En effet: on de promène, on découvre, on reconnaît, on associe, on admire. Oui, ça fait un peu fouillis, au début, je comprends que certains associent cette présentation à une foire de l’art. Mais quelle richesse ! Et quel bonheur de s’y promener ! Et pour vous, lecteurs, qui ne pouvez vous y rendre : vous pouvez tout voir en ligne… Quelle chance, non ?