Art Amsterdam : quelques grands, des découvertes, tendance crise

Der Zaun Armando, Niki de Saint Phalle, Corneille, Marlene Dumas – voilà quelques-uns des grands noms représentés à la 25e foire d’Art moderne d’Amsterdam. Cent-vingt galeries y ont présenté des ‘solos’ (ou peut-être faudrait-il dire ‘soli’) pour célébrer ce 25e anniversaire.

De ceux-là, c’était surtout Armando qui attirait l’oeil. On dirait presque que son œuvre formait le centre de la foire, d’autant plus qu’à côté du ‘solo’ de la galerie Willy Schoots), trois autres galeries présentaient ses œuvres. Peut-être parce que son atelier a brûlé l’année dernière et que le feu a détruit bon nombre de ses toiles ? Personne ne s’est plaint, d’ailleurs, de son omniprésence, du moins cela m’étonnerait : les œuvres exposées étaient toutes intéressantes, certaines magnifiques. C’est en particulier Der Zaun (la clôture) qui m’a plu. C’est une toile lumineuse (bien que essentiellement en noir et blanc) qui retient le regard et l’attire vers un horizon mystérieux. Autre favori : Fuss, pied héneaurme, puissant et en même temps fragile : il paraissait s’ébrécher doucement à partir de l’extrémité.Fuss

A côté de ces grands de l’art contemporain (et à côté, aussi, des ‘valeurs sûres’, telles Gerrit Benner , Marc Mulders, Klaas Gubbels , pour ne nommer que les néerlandais, représentés le plus fortement dans cette catégorie), beaucoup d’inconnus, bien sûr. Là, deux remarques s’imposent : pour commencer, l’art abstrait est définitivement mort, du moins bien endormi (à quelques heureuses exceptions près, comme le Portugais Pedro Calapez). Le réalisme triomphe – ou le surréalisme. La photographie – jointe ou non à d’autres techniques – y joue un rôle primordial. Les nouvelles acquisitions du Stedelijk Museum (Musée Municipal d’Art Moderne) consistent même uniquement de photos !

Groupe TroisD’autre part, ‘la Crise’ a dû frapper les artistes, tant il y avait de figures déformées, d’images sinistres, de bizarrerie morose. Une nouvelle tendance ? Pourvu qu’elle ne dure pas ! Beaucoup de poupées, d’images d’enfants, d’animaux de compagnie ou apparemment en peluche – mais tous avec un côté dérangée : des lapins jumeaux siamois ; un chat mort, pattes en l’air, dans un environnement par ailleurs ‘idyllique’ ; beaucoup d’enfants nus, à la limite du pornographique parfois ; des poupées déformées ou à l’expression torturées. Oui, ‘torturé’ était un mot qui me venait à l’esprit souvent.

Une autre tendance semblait se développer parallèlement : celle du style art nouveau ; ‘art renouveau’ conviendrait peut-être mieux. Il manquait l’ombelle, mais la libellule, la tulipe cent fois élargie, le tableau (ou le vase !) composé de fleurs ou de feuilles étroitement imbriquées étaient fort prisés. Même Marc Mulders , dont j’apprécie pourtant l’œuvre, s’y adonne. Certaines de ces œuvres florales (d’artistes moins doués que Mulders) réussissaient même à avoir un côté sinistre : bravo !

Café schnaps Espérons que la fin de ‘la Crise’ signifiera aussi la fin de ces tendances-là. Et je suis heureuse de constater que tous les jeunes artistes n’y ont pas cédé. Certains ont osé suivre leur propre voie, tout seuls. Telle Andrea Bender, jeune Allemande qui a travaillé une année à Vienne – et cela se voit dans son Café Schnaps,  qui représente un café typiquement viennois, à ceci près que c’est une représentation tout ironique. Bender me fait penser, de loin, à George Grosz, en moins grinçant, plus humoristique. Décidément, une découverte  !

Autre découverte, dans un registre fort différent : Ma Hui, Chinoise vivant aux Pays-Bas, qui a  ‘travaillé’ des photos de Chine en soulignant certains éléments, ou en y apposant une étoile rouge ou une clef, quelque chose de tout simple qui transforme quand même une photo, accentue une certaine atmosphère. Tout n’est pas génial chez elle : parfois, son procédé paraît un peu facile. Mais dans d’autres cas, ça ‘marche’.

Je voudrais mentionner aussi le jeune Suisse Mathias Schmied. En fait, ce qu’il fait, est très simple aussi : il coupe du papier… mais il le coupe avec une infinie patience, et beaucoup d’humour. Ainsi, il prend une couverture du Playboy, en découpe la moitié en lamelles et plie ensuite cette moitié à former une sorte de ‘rideau’ devant le reste de l’image. C’est simple et étonnant en même temps. Ou il découpe des ‘fenêtres’ dans des couvertures de livres, pour faire apparaître des bouts de phrases. Profond ? Non certes. Amusant ? Oh oui ! Et au fond, pourquoi l’art n’amuserait-il pas (aussi) ?

Art Amsterdam, édition 2009, du 13 au 17 mai, Amsterdam RAI.

 Marc Mulders, tapis

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