Féminisme et « Temps modernes », par Liliane Kandel
LE MONDE DES LIVRES | 10.01.08
Eh oui, on se souvient, surtout ces jours-ci. Cent ans elle aurait eus avant-hier, la ‘petite’ Simone. C’est cela qui m’a toujours étonnée: qu’elle soit si petite, si menue. Qu’elle ait la voix si haut perchée – et les ongles petits, vernis rouge. Mais surtout: qu’elle ait si peu des allures de vedette. Elle était étonnammant accessible, aimable, à la limite de la timidité. Peut-être nous considérait-elle comme des ‘petites pestes’, comme l’écrit Liliane, elle ne le montrait pas. Elle bravait nos discussions interminables, nos disputes fumeuses, à plus d’un titre. Elle ne disait pas grand’chose, elle écoutait. Et elle nous soutenait. Comme cette nuit où nous occupions un foyer pour jeunes mères célibataires. J’ai oublié les raisons de cette occupation, peut-être même ne l’a-t-on jamais su. Mais qu’on ait raison ou qu’on ait tort, elle était là, Simone. Voilà l’important.
Et elle était humaine, avec ses défauts et ses faiblesses. La dernière image que je garde d’elle, c’est celle d’une petite souris éperdue de douleur, recroquevillée sur sa chaise au cimetière Montparnasse. Quelle solitude, au mileu de cette foule venue pour rendre hommage autant à elle qu’au compagnon qu’elle venait de perdre. C’était une très, très grande petite dame.