Elections

Alors, aujourd’hui (enfin, hier, puisqu’il est minuit passé) on a voté. C’etaient les élections municipales et – dans une ville comme Amsterdam, compartimentée un max – on a voté aussi pour le ‘conseil d’arrondissement’. Le tout, par voie électronique, eh oui, ce fut une première, tout au moins pour cette ville. Alors que nous sommes – paraît-il – l’un des pays où l’on trouve le plus grand nombre d’ordinateurs et d’internautes.

Je laisse au correspondant du Monde le soin de rapporter les grandes lignes (voir son reportage du 6 mars). Moi, je donne dans le micro.

Difficile de se décider pour un parti. Je sais pour qui je ne veux pas voter – ni pour la droite, ni pour l’extrême-gauche, à laquelle je trouve toujours des relents staliniens, ou plutôt maoistes. Mais au centre-gauche, il y toujours un certain nombre de partis. Et au niveau ultra-local, c’est encore différent.

Le conseil municipal d’Amsterdam sortant, c’est une drôle de coalition: ça va des travaillistes (le plus grand parti) aux chrétiens-démocrates, en passant par les libéraux. Job Cohen, le bourgmestre travailliste, a fait du bon boulot à mes yeux. Il a  réussi à ‘rassembler les parties’ (ce sont ses mots), entendez: il a empêché que ça ne s’envenime (trop) entre Amsterdamois ‘de souche’ et ‘les autres’, surtout les musulmans d’origine marocaine. Et ça, après le meurtre de Théo Van Gogh, ce n’était pas une sinécure, quoi qu’on en dise. Mais enfin, le bourgmestre, lui, il est nommé, pas élu. Je ne peux pas voter pour lui. Ses adjoints, eux, sont éligibles de nouveau – et parmi ceux-là, il y en a un qui s’est particulièrement distingué: Ahmed Aboutaleb, chargé des affaires sociales et lui aussi, maître du ‘rassemblement’. J’étais sceptique quand il a pris son poste; je le voyais comme un type assez sectaire, assez ‘politiquement correct’. Il nous a tous soufflés par son courage et son bon sens. Alors, j’ai voté pour lui et tant pis pour toutes les erreurs que ce conseil municipal a pu faire par ailleurs.

Au niveau local-local, c’est une autre histoire. Ici, dans le quartier relativement huppé que j’habite (bien que non loin du ‘Diamantbuurt’ de mauvaise réputation), le parti travailliste ne représente pas grand’chose. La coalition au pouvoir dans ce tout petit bout de ville, c’est les libéraux plus ceux qui défendent les ‘intérêts du quartier’. Et les ‘intérêts du quartier’, parlons-en. Qui sont sur la liste? Le libraire d’en face, plus (le fils de) mon marchand de légumes,  le vendeur de jeans et ‘notre’ restaurateur Chinois, bref, tous les commerçants du coin.

Je les connais, c’est l’esprit village, quoi. Avantage: on peut leur demander des comptes. Inconvénient: ils ont tous des commerces, comment vont-ils trouver le temps de diriger ce quartier? Eh bien, je suis passée chez les uns et les autres, je leur ai posé la question. Lim, ‘notre’ Chinois, s’est défendu en disant qu’ "on" lui avait demandé de se mettre sur la liste, puisqu’ "on" – le libraire et sa cour – se réunissait toujours chez lui. Il ne pouvait pas refuser, quoi. Clientèle oblige. Mais comme il ne veut surtout pas être élu, il s’est fait mettre tout en bas de la liste. Puisqu’il n’a pas le temps de faire de la politique! Le vendeur de jeans: même topo. Denis, le marchand de légumes (fils) se disait "curieux": il brûlait de savoir comment "ça" se passait. Alors, lui aussi s’est inscrit. Et s’il est élu? Que va devenir le commerce? Comment ses parents vont-ils se débrouiller sans lui? Mystère.
Quant au libraire, depuis belle lurette  il se comporte comme s’il était déjà le bourgmestre du quartier – que dis-je, de la ville ! Sûr, il sait remuer les gens et obtenir des résultats – c’est lui qui s’est démené pour faire placer la statuette d’Anne Frank. Je l’admire pour cela. Mais – on l’aura compris – je ne l’aime guère. Suffissant, imbu de sa personne – sauf ces derniers jours: jamais auparavant il ne m’a fait des courbettes en me donnant du Madame par-ci, Madame par-là…  Comment allez-vous, Madame? Et patati et patala… Ceci dit, on peut être antipathique et bon conseiller municipal – mais le problème est surtout que je n’ai aucune confiance dans le type qui dirige la liste, et qui est au pouvoir depuis un bout de temps. Cette équipe a fait trop de trous dans le budget et dans les trottoirs pour que je vote encore pour elle. Basta. Alors, au niveau local-local, j’ai voté pour l’opposition: les ‘Verts de gauche’. Et on verra bien…

C’est tout de même amusant de penser que, à deux pas du quartier mal famé qu’est devenu le Diamantbuurt – là où le correspondant du Monde a choisi de situer son reportage du 7 mars – les questions de sécurité ne jouent pas du tout, mais alors pas du tout… Ici, on se plaint d’un jardin public massacré, d’un rond-point refait en dépit du bon sens… Ici, la violence, on ne connaît pas (heureusement)…

Et les résultats de ces élections? Eh bien les gagnants (globalement) sont les travaillistes ainsi que le petit parti d’origine maoiste qui se nomme Parti Socialiste. C’etait presque couru d’avance – car ce vote était, de toute évidence, aussi un vote contre la coalition au pouvoir à La Haye, composé de chrétiens-démocrates et de libéraux. Pour le reste… consultez votre journal préféré!

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